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Yukiko Sode explore la place des femmes dans la société nippone d’aujourd’hui. Une belle réussite

La présence des réalisatrices dans l’histoire - passée et présente - du cinéma japonais est quasi nulle. On découvrait récemment, sidérés, l’œuvre brève mais isolée de Kinuyo Tanaka (six merveilles réalisées entre 1953 et 1962). Plus proche de nous, le nom Naomi Kawase est, on le devine, un arbre qui ne cache pas grand-chose. L’arrivée de Yukiko Sode, 39 ans, avec ce magnifique Aristocrats dont c’est déjà le troisième long-métrage, est un évènement en soi. Le film adapté d’un roman de Mariko Yamauchi, ausculte justement la place des femmes dans la société nippone, prisonnières selon leur classe sociale d’un schéma de vie déterminée

On suit ici l’itinéraire d’Hanako (Mugi Kadowaki), 30 ans et toujours célibataire, soit une aberration quand on est comme elle issue de la haute bourgeoisie tokyoïte. Alors Hanoko cherche et trouve un homme bien, qui lui ressemble un peu. Reste à faire ses preuves auprès d’une belle famille qui le temps d’une cérémonie d’une rigidité exemplaire place déjà des barrières entre les deux amants. Au centre du jeu, il y a aussi la provinciale Miki (Kiko Mizuhara), une jeune femme à priori plus libre puisque d’une classe moins élevée. Elle-aussi devra faire ses preuves. Loin de schématiser les choses, le scénario sonde avec une finesse les failles des personnages et traque leur possible émancipation. Il démontre aussi que c’est ensemble, main dans la main, que les femmes pourront surmonter un indécrottable patriarcat.

Avec une douceur et une grâce dingue, Sode fait se croiser tous ces personnages dans un Tokyo cloisonné de l’intérieur où chacun(e) cherche sa place et surtout une épaule pour affronter un réel dépourvu de perspectives.

De Yukiko Sode. Avec : Mugi Kadowaki, Kiko Mizuhara, Kengo Kora... Durée : 2h05. Sortie le 30 mars 2022