Jour de fête, le premier film de Jacques Tati, est à l’honneur ce soir de "Place au cinéma" sur France 5, présenté par Dominique Besnehard. Voici trois raisons de revoir le film ou de le découvrir !
Un facteur qui a du style
Bien avant Dany Boon, Jacques Tati a inventé le facteur à vélo. C’est pendant la deuxième guerre mondiale que Jacques Tati, de son vrai nom Tatischeff, qui gagnait jusqu’alors sa vie comme comique de cabaret et comme acteur, envisage de coucher sur le papier une histoire burlesque. Avec Henri Marquet, il écrit et réalise le court métrage L’école des facteurs. C’est là qu’apparait pour la première fois la silhouette guindée du facteur à képi qu’il interprète aussi. L’histoire : une équipée de facteurs s’entraîne pour délivrer le courrier de plus en plus vite. Il le tourne sitôt la guerre terminée. L’univers de Jour de fête est déjà là, comme en témoigne la présence de la scène du vélo accroché à la barrière d’un passage à niveau, qu’il reprendra dans son premier long métrage. Jacques Tati vient de créer un personnage burlesque inédit en France. Sorte de croisement entre Charlot et Buster Keaton, François le facteur plait au public. Plus tard, Rowan Atkinson s’en inspirera pour créer Mr Bean. Le film de 15 minutes obtient un beau succès et fut même récompensé par le Prix Max Linder.
Un village inspirant
Il reprend donc son personnage et l’étoffe en le faisant évoluer au cœur d’une fête foraine. Avec toujours aussi peu de dialogues - une révolution au pays des hommes de lettres et des mots d’esprit-, Jacques Tati impose un cinéma comique et sociologique très en avance sur son temps. En mai 1947, il pose ses caméras dans un petit village de l’Indre, Sainte-Sévère-Sur-Indre, et décide de tourner en couleur. Le film sortira en noir et blanc car les coûts inhérents au titrage des copies couleur étaient alors prohibitifs.
Le film réconcilie néanmoins ruraux et citadins en montrant les effets saugrenus de la modernisation dans une petite communauté. Aujourd’hui encore, les habitants de Sainte-Sévère-Sur-Indre perpétuent la mémoire collective du film et le racontent dans un parcours muséal original aux visiteurs de passage dans La maison de Jour de fête.
Des scènes d’anthologie
Regarder Jour de fête c’est avoir l’assurance d’enchaîner les tubes. Sur une musique entraînante signée Jean Yatove, on voit Jacques Tati dévaler les routes cabossées. Il croise une course cycliste qu’il tente de dépasser avant de se faire bloquer par une plaque de goudron. Il tente de sonner la cloche de l’église et se retrouve cinq mètres au-dessus du sol. Il intègre un manège de chevaux de bois, toujours avec sa bicyclette. Et enfin, il combat un bourdon dans une séquence d’une virtuosité extraordinaire. Beaucoup de cinéastes, comme David Lynch et Terry Gilliam, saluent aujourd’hui l’influence de Tati sur leur cinéma.
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