Affiches Films à l'affiche 27 décembre 2023
Le Pacte/ Wild Bunch Distribution/ Tandem

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
L'INNOCENCE ★★★★☆

De Hirokazu Kore- eda

L’essentiel

Un gamin au comportement bizarre, un prof louche, une mère qui se fait du souci… Hirokazu Kore-eda raconte les mystères de l’enfance comme un suspense policier, dans un film à la structure alambiquée, mais qui finit par bouleverser.

Le nouveau Kore- eda est construit autour d’un récit gigogne « à la Rashomon » qui multiplie les points de vue pour raconter quelques jours dans la vie de deux enfants de CM2, de leurs parents et de leurs profs. Quelque chose d’intense se joue dans leurs vies, mais de tellement indicible, qu’il faudra du temps, des détours et des fausses pistes pour le comprendre. Une mère élevant seule son enfant s'inquiète de voir celui-ci adopter un comportement de plus en plus étrange : le jeune Minato rentre blessé de l'école, se jette de la voiture en marche… Est-il victime des mauvais traitements d’un prof abusif ? Ou bien harcèle-t-il Yori, l’un de ses camarades de classe ? Kore-eda empile les indices, complexifie l’affaire en créant des rimes narratives et poétiques, dans une intrigue qui tient presque du film policier, et où le spectateur lui-même est invité à chercher son chemin dans le dédale narratif. Puis, une fois que les pièces s'assemblent, L’Innocence finit par foudroyer. Car comme toujours chez le cinéaste, la délicatesse du trait n’interdit pas, loin de là, une âpreté et une amertume dans le constat sociétal.

Frédéric Foubert

 

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

MON AMI ROBOT ★★★★☆

De Pablo Berger

Des images, des sons et de la musique… et pas un seul dialogue pour raconter l’histoire d’une amitié entre un chien et un robot qu’il a commandé pour rompre avec cette solitude qui lui pesait dans le New- York des années 80. Vous ne verrez pas plus sensible, plus joyeux et plus déchirant en cette fin 2023. En suivant les (més)aventures de ce chien obligé d’abandonner son robot - mis hors circuit après avoir fait trempette dans l’océan - sur une plage qui ferme ses portes le soir- même jusqu’à l’été suivant, Berger réussit tout. La montée en puissance du lien entre les deux compères, la soudaineté de leur séparation, les stratégies cartoonesques imaginées par le chien pour pénétrer sur cette plage et en sortir son robot, le deuil forcé de leur amitié. Le tout avec une animation aussi limpide et élégante que son récit, ne cherchant jamais à cibler sur tel ou tel public, enfant ou adulte. Un tour de force.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

VERMINES ★★★☆☆

De Sébastien Vaniček

L’horreur et le social font-ils bon ménage ? Sébastien Vaniček prouve que oui avec ce premier long, centré sur une bande de jeunes nourris par la volonté d’échapper à l’enfer du quartier où ils vivent. Au centre de ce microcosme, Kaleb, petite frappe vivant grâce à la revente de baskets, s’imagine cultiver son propre jardin, comme il s’attelle à le faire à l’échelle de sa chambre où cohabitent papillons, limaces et autres insectes plus ou moins bienveillants. Lorsqu’il ramène, sans le savoir, une araignée tueuse qui se reproduit à une vitesse démesurée, un groupe de miraculés va se retrouver pour tenter d’échapper à cette menace graduelle. Sébastien Vaniček fait ici cohabiter Arachnophobie et Les Misérables, multipliant les scènes d’anthologie en mettant à profit les espaces du bâtiment, passant avec brio d’une minuscule salle de bain à des souterrains crasseux où se joue l’hallucinant climax du film.

Yohan Haddad

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DREAM SCENARIO ★★★☆☆

De Kristoffer Börgli

Nicolas Cage en cage. Ou à peu près. Son personnage - Paul Matthews, un prof sans envergure - se rend bientôt compte que tout le monde ou presque, rêve de lui. Le voilà soudain héros passif des endormis. Ce qui ne l’empêche pas de devenir « viral » sur les réseaux sociaux et d’attirer des communicants prêts à se goinfrer sur la bête. Toute cette montée en puissance kafkaïenne aboutit à mi-parcours à un inévitable renversement de valeur car l’homme se mettant en action bouleverse un ordre qui s’était justement établi sur sa passivité. Avec ce film labélisé A24 avec Ari Aster à la production et l’esprit de Charlie Kaufman qui plane entre les lignes, le norvégien Kristoffer Borgli, découvert avec Sick of Myself, continue ici de caricaturer non sans superbe notre monde égocentré et trop connecté.

Thomas Baurez

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UNE AFFAIRE D'HONNEUR ★★★☆☆

De Vincent Perez

« Tout mon espoir est dans le fer » disait Charles III duc de Bourbon. C’est un peu ce que pourrait proclamer le colonel Berchère (Vincent Perez), un homme violent, obsédé par l’honneur et prêt à dégainer son épée à la moindre occasion… Lorsqu’il entre en conflit avec Clément Lacaze (Roschdy Zem, marmoréen), un maître d’arme taciturne et lassé par la violence de l’époque, ce sont deux conceptions du monde qui vont s’affronter. Vincent Perez filme cette rivalité obsessionnelle entre deux hommes avec beaucoup d’efficacité. Si Berchère semble prisonnier de son étrange conception de l'honneur, le personnage de Lacaze raconte la lassitude des conflits, un nouveau besoin d’harmonie et d’égalité. Très influencé par Les Duellistes de Rildey Scott, Une affaire d’honneur dépoussière le film de cape et d’épée. En garde !

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

5 HECTARES ★★☆☆☆

De Emilie Deleuze

Un chercheur de haut niveau décide de quitter Paris et son quotidien confortable pour s’installer avec sa femme dans le Limousin, où il a acheté cinq hectares de terre, sans n’y avoir jamais mis les pieds. L’homme des villes confronté à la campagne… Le nouveau Emilie Deleuze (son premier depuis Peau neuve en 2016) n’étouffe guère sous l’originalité. Mais a le mérite de ne jamais enfermer ses personnages citadins comme ruraux dans des archétypes et de faire souffler ici et là – une épopée autour de l’achat d’un tracteur, en tête – un vent de folie qui, hélas n’emporte jamais ce récit bien trop en place, bien trop sage pour séduire pleinement. Dommage car avec un casting du niveau du trio central Lambert Wilson- Marina Hands et Laurent Poitrenaud comme des seconds rôles (Lionel Dray, génial en paysan dépressif et terriblement attachant), il y avait de quoi faire sortir des sentiers battus.

Thierry Cheze


Et aussi

Cette maison, de Miryam Charles

Kina & Yuk : Renard de la banquise de Guillaume Maidatchevsky

Les Segpa au ski, de Ali et Hakim Bougheraba

 

Les reprises

Assaut, de John Carpenter

Fear and desire, de Stanley Kubrick

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