Erik Messerschmidt détaille la fabrication de plusieurs scènes en CGI du nouveau thriller de David Fincher.
Lors de la diffusion de Mindhunter, les équipes chargées des VFX de la série de Netflix avaient partagé une vidéo détaillant les multiples éléments qui avaient été retouchés numériquement, des lumières à la couleur de l'herbe, en passant par les... trottoirs ! On comprenait alors à quel point David Fincher, réputé maniaque lors de ses tournages au point de faire rejouer des dizaines de fois une même prise à ses acteurs, l'était tout autant à propos de la création de ses VFX.
Fight Club, Zodiac, Millenium... Découvrez tous les secrets invisibles du cinéma de David FincherLe chef-opérateur Erik Messerschmidt, oscarisé justement en 2021 pour Mank, du même réalisateur (avec qui il a aussi collaboré sur sa série et sur Gone Girl), a retrouvé le cinéaste américain pour The Killer, et il a révélé à Variety la multitude de détails permettant à l'équipe de créer l'ambiance si particulière de ce thriller. Du choix des effets anamorphiques à ceux des caméras, il décrypte la fabrication du film porté par Michael Fassbender, extraits du making-of à l'appui.
The Killer : David Fincher remplit son contrat [critique]"David voulait explorer le thème de la subjectivité, explique-t-il en préambule. Toutes nos conversations tournaient autour du fait que ce personnage ne laissait personne envahir son espace personnel." Il analyse alors le choix des différentes caméras, de la Red Rapture ("que j'avais pu bêta-tester juste avant") utilisée par l'équipe principale aux Red Komodo, bien plus petites et pratiques pour filmer la scène d'ouverture où le tueur observe une future victime par la fenêtre d'un appartement parisien avant de la sniper. Pas moins de neuf caméras ont été utilisées lors de cette seule séquence, pour avoir ce lieu étroit sous tous les angles.
Des plans de la rue et de l'immeuble d'en face ont été mis en boîte, puis les appartements ont été recréés en numérique par dessus le véritable bâtiment. "On n'a pas trouvé d'endroit idéal, notamment parce que dans le cœur de Paris, il n'y a pas d'apparts avec de si grandes fenêtres", justifie-t-il. Celles-ci ont donc été fabriquées en CGI, à partir de scènes filmées à un autre endroit, à la bonne distance par rapport au personnage principal. Les arrières plans avec les fenêtres apparaissant autour du tueur sont un mélange de décors de la capitale transposés sur écran bleus ou à LED.
Les transitions entre les points de vue objectif et subjectif sont accentués par l'utilisation de la musique des Smiths, qui ne cesse d'être coupée en fonction de la concentration du protagoniste. Mais son état d'esprit est aussi rendu par l'image. "Quand le tueur est en confiance, sûr de lui, la caméra l'est aussi", explique-t-il à ce propos. Elle ne tremble pas, elle ne le suit pas : elle est exactement avec lui, à son rythme. "Les plans sont aussi rigides et structurés que le personnages", considère le chef-op'. Quand ça se gâte, alors la caméra se met à bouger, "elle devient à son tour confuse", détaille-t-il.
"C'était un véritable puzzle à assembler", dit-il aussi, en expliquant pourquoi ils ont choisi ces effets anamorphiques pour mieux se plonger dans l'esprit tordu du personnage principal.
The Killer digi-double visual effects sequence & breakdown. This is our first of many breakdown reels we're going to post on X for our VFX work on The Killer. pic.twitter.com/nZuWX9Tafr
— Wylie Co. VFX (@wyliecovfx) November 21, 2023
Dans cette autre vidéo partagée sur les réseaux sociaux, Erik Messerschmidt explique comment ont été créées les scènes où le tueur parcourt les rues parisienne en scooter. On découvre alors que si Michael Fassbender à bien été filmé aux commandes d'un véhicule, il n'a pas conduit dans les rues de Paris. C'est son double numérique qui a été copié collé sur des images en mouvement de la capitale !
The Killer est à voir sur Netflix. Voici sa bande-annonce :
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