Winona Ryder et Jeffrey Jones dans Beetlejuice (1988)
Landmark Media/Alamy/Abaca

C'est Tim Burton qui a eu l'idée de le faire (presque) disparaître, mais la raison est plus sombre que l’on croit.

On pourrait croire qu’il est vraiment mort. Dans Beetlejuice Beetlejuice, on apprend au début du film le décès brutal de Charlie Deetz, le papa de Lydia (Winona Ryder), au cours d’une séquence animée en stop motion où le pauvre Charlie survit à un crash aérien avant de se faire croquer par un requin… Et de passer tout le film dans l’au-delà, sous la forme d’un cadavre sans tête ni torse, à moitié dévoré, dont les paroles jaillissent de ses organes sanguinolents. Un personnage secondaire sous forme de running gag -et donc, comme Jeffrey Jones n’apparaît pas à l’écran sauf sous la forme d’une photo datant de 1988, on pourrait croire que l’acteur nous a bel et bien quittés.

Beetlejuice Beetlejuice : le train fantôme de Tim Burton tient ses promesses [critique]

Ce n’est pas le cas : Jeffrey Jones est tout à fait vivant. L’acteur de 77 ans est connu pour ses rôles dans La Folle journée de Ferris Bueller (il était génial en proviseur dépassé) ou Amadeus, s’est senti suffisamment proche de l’univers de Tim Burton après le Beetlejuice original pour être apparu dans Ed Wood et Sleepy Hollow. Mais, en 2002, Jeffrey Jones s’est fait arrêter pour avoir forcé deux ans plus tôt un garçon de 14 ans à poser nu pour des photographies. Condamné à cinq ans de mise à l’épreuve pour possession d’images pédopornographiques, il est inscrit depuis dans le fichier des auteurs d’infraction sexuelle en Californie.

Ce qui a presque mis un terme à sa carrière : depuis, Jones n’a tourné que dans quatre films (la comédie de golf Who's Your Caddy?, le nanar de tremblement de terre 10.0 Earthquake), mais il a toutefois pu tourner dans les trois saisons de la série Deadwood (2004-2006) où il incarnait le journaliste Albert Merrick. Rôle qu’il a repris dans le téléfilm dérivé de la série, sorti en 2019. Une carrière qui n'est pas totalement morte : plutôt mort-vivante, en somme.

Jeffrey Jones dans Sleepy Hollow (1999)
Capture d'écran/Mandalay/Paramount

Aucun acteur n’est d’ailleurs crédité au générique de Beetlejuice Beetlejuice dans le rôle de la voix de Charlie "sans-tête" (rappelons que Jones échappait de peu à la mort par décapitation dans Sleepy Hollow, mais il mourait quand même). Alfred Gough, l’un des scénaristes de la suite, a révélé à Entertainment Weekly que c’est Tim Burton lui-même qui leur a donné l’idée du crash aérien : "la façon dont meurt Charlie dans la séquence animée est le cauchemar de Tim. C’est comme ça qu’il nous l’a proposée : "mon cauchemar, c’est d’être à bord d'un avion qui s’écrase, de survivre, de frôler la noyade, et puis un requin me bouffe", a déclaré Gough. "On s’est dit que c’était génial, et voilà comment on l’a fait mourir ainsi." Gough ajoute que la mort de Charlie a été décidée depuis le début, pour que le film puisse se focaliser sur les trois femmes Deetz (Catherine O’Hara, Ryder, et Jenna Ortega) et la façon dont les liens familiaux craquent sous la pression du deuil. Même celui d’un personnage de fiction, même celui d’un interprète qui a tué sa carrière.