Ted Sarandos fait le bilan de Netflix France
Netflix

En 2020, Netflix comptait 6,7 millions d'abonnés dans l'Hexagone. A présent, il y en a plus de 10 millions.

En ce mois de juillet, Ted Sarandos fait le bilan de Netflix France dans les pages du JDD. Le co-CEO de la plateforme de streaming en a profité pour faire le point sur son nombre d'abonnés, évoquant au passage la participation du studio dans la production française de films et de séries, les changements de la chronologie des médias ou l'arrêt progressif du partage de compte.

La barre des 10 millions d'abonnés est passée
La dernière fois que Netflix avait communiqué des chiffres précis en France, c'était en 2020, quand la plateforme comptait 6,7 millions d'abonnés. Un nombre important qui a encore gonflé pour franchir la barre des 10 millions cette année. "Un foyer représentant cinq comptes, le nombre d’abonnés est donc encore plus élevé", précise Sarandos, qui évoque aussi la perte globale de clients au premier trimestre, qui a évidemment touché la France. Pour la première fois depuis 2011, Netflix a annoncé une perte de 200 000 abonnés dans le monde, puis d'1 million supplémentaire il y a quelques jours. Une baisse importante que l'homme d'affaire impute en partie à la hausse des tarifs de la plateforme. "Chaque client se pose la question de la valeur d’un abonnement par rapport à son coût", commente-t-il avant de confirmer le licenciement de 400 employés en ce début d'année, soit 3% des effectifs de Netflix dans le monde. "Nous nous adaptons au ralentissement de la croissance par rapport aux projections, reconnaît-il. Sans limiter les dépenses en production de contenus : elles atteindront 17 Md€ en 2022."

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Le partage de compte va coûter plus cher
Depuis quelques mois, les dirigeants de Netflix ont annoncé mettre en place des démarches afin de réduire le partage de comptes, ou de faire payer davantage l'abonné principal qui prête une partie de ses écrans à ses proches ne vivant pas avec lui. "Nous testons un nouveau système de facturation pour des profils supplémentaires ne vivant pas sous le même toit, explique Ted Sarandos. Environ 100 millions de personnes nous regardent sans payer. Les clients qui partagent leurs mots de passe avec d’autres devront payer un peu plus cher pour continuer à le faire. Ce sera progressif."

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La chronologie des médias critiquée
Autre sujet important abordé au cours de l'interview : la nouvelle chronologie des médias, signée en début d'année par les services de streaming et de VOD en France, ainsi que les chaînes de télévision. Si la fenêtre de diffusion a été réduite de plusieurs mois (15 vs 36 pour Netflix, alors que les autres plateformes doivent patienter deux mois de plus pour diffuser un film après sa sortie au cinéma), ce n'est pas assez pour le patron du studio, qui considère que "La France fait figure d’exception dans le monde, mais ce modèle n’est pas soutenable. Je pense que le délai approprié est de quelques semaines et non de quelques mois. Il faut s’adapter aux attentes des consommateurs." 

Un investissement dans le cinéma et les séries françaises renforcé
Le contrat de diffusion signé dans le cadre de la mise en place de la nouvelle chronologie des médias comprenait aussi le reversement d'une partie des recettes de Netflix dans la production de films et de séries. Ted Sarandos a ainsi accepté d'investir 200 millions d'euros par an dans la création française, dont 40 millions dans des films indépendants. Il cite d'ailleurs les succès de la série Lupin ou des films Sans répit et Loin du périph comme des exemples de la capacité de Netflix à faire briller la culture française à l'international. Il précise aussi que, comme dans d'autres pays du monde, va être mis en place prochainement en France un incubateur réunissant "des scénaristes expérimentés et des talents en devenir" sous la supervision de Neal Baer (Urgences, New York police judiciaire). "En 2021, nous avions une trentaine d’apprentis en France sur nos productions", ajoute-t-il.

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Plus de VOD, moins de TV
Enfin, Ted Sarandos a profité de ce bilan pour confirmer qu'un service de VOD serait mis en place de façon mondiale dès la fin de l'année. "Cela complexifiera notre modèle, mais nous permettra d’élargir notre audience", précise-t-il avant de revenir sur une autre spécificité de Netflix, qui refuse de se positionner sur le marché des droits sportifs. Contrairement à Amazon ou d'autres services de streaming, elle ne compte pas diffuser de matchs de foot ou de tennis. "Nous y avons longtemps réfléchi mais je ne pense pas que nous devrions imiter les télévisions, justifie-t-il. Compte tenu de l’explosion du montant de ces droits, ce n’est pas dans notre intérêt." Il ajoute que la plateforme continuera cependant à produire des documentaires sur le sport dans la veine de Drive to Survive (Formula 1). Une série devrait ainsi être bientôt produite sur le Tour de France.

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