Le brillant réalisateur de 300 et Watchmen vient de sortir son diptyque Rebel Moon, sur Netflix. Deux nouveaux opus qui viennent compléter une filmographie unique, à la fois étrange, diverse, mais aussi inégale.
Rebel Moon : Partie 2 - L'Entailleuse (2024)
Moins réussie encore que le premier volet (ci-dessous), cette suite de la saga cosmique Netflix est placée sous le signe du maniérisme mal fagoté, du virilisme béat et de la fascination primaire pour la terre simple et belle. Le reste n’est qu’une énorme scène de baston (une heure de métrage sur deux) entrecoupée de quelques flashbacks répétitifs. Bref, un space opera usant et sans vision.
Rebel Moon : Partie 1 – Enfant du feu (2023)
On ne peut pas reprocher à Snyder de s'adresser avec malice à la partie la plus geek de notre cerveau. En revanche, on peut lui reprocher d'avoir raté son Star Wars made in Netflix. Pas très inspiré, le cinéaste rejoue la carte de la rebelle qui veut protéger une paisible planète agricole du joug d’un empire intergalactique. Amusant ? Même pas. Tout est trop nanar, trop mal écrit, trop mal joué... sans être « trop » à l'arrivée. Parce que Rebel Moon n'est tout simplement pas assez dingo pour s'extirper de la masse. Le comble, c'est que même l’aspect visuel, censé être le point fort du réalisateur, paraît sérieusement étriqué. Du coup, à part une cool bande de guerriers galactiques réunis par Sofia Boutella, qui dégage un vieux charme de séries télé cabossées, il n'y a pas grand chose à sauver.
9) Sucker Punch (2011)
Au mieux, on peut y voir un traité féministe tristement mal ficelé. Au pire, un nanar machiste hypocrite. Surfant sur la hype de ses hits précédents, Snyder pousse au maximum le curseur visuel du côté de la pop acidulée, dans ce qui ressemble à l'arrivée à un simili-manga bancal, à l'intrigue balourde, servant de cadre à un enchaînement de combats sublimement chorégraphiés, mais au sous-texte difficilement perceptible.
8) Army of the Dead (2021)
Une série Z maquillée en blockbuster, bourrée de défauts mais authentiquement cool. Malgré son décor clinquant à Las Vegas, on est moins dans un Ocean’s Eleven chez les morts-vivants, que dans une ambiance Land of the Dead (de Romero) mixée à la sauce Fast & Furious. Un mélange pas franchement recommandé par les autorités sanitaires, mais qui donne vie à une fête foraine joyeusement décérébrée, prête à tout sacrifier sur l’autel du fun.
7) Batman v Superman : L'Aube de la Justice - Ultimate Edition (2016)
Un peu comme pour Justice League quelques années plus tard (voir ci-dessous), la sortie en vidéo d'une "ultimate edition" de Batman v Superman a offert une seconde vie à un film mal aimé, qui ne démérite pourtant pas. Une version rallongée qui apporte plus de sens que son montage original. L'affrontement du Dark Knight et du Man of Steel s'avère aussi épique qu'espéré, avec une petite touche de folie sombre bienvenue, qui donne un soupçon d'âme à ce gros blockbuster un peu balourd.
6) Man of Steel (2013)
Intelligemment rythmé par une structure en flashbacks, le film raconte les origines et la formation de Kal-El alias Clark Kent alias Superman. Le visage d'Henry Cavill, doté d'un physique impressionnant, est idéalement taillé pour le rôle. De prime abord, Snyder s'écrase face au réalisme frontal du producteur Christopher Nolan, et on peut voir dans cette "origin story" un nouveau Batman Begins, avec d'ailleurs les mêmes David S. Goyer au scénario et Hans Zimmer à la musique. Mais le réalisateur fait aussi de ce Man of Steel un énorme film d'action à l'efficacité technique bluffante.
5) Le Royaume de Ga'Hoole - La légende des gardiens (2010)
Vous aviez oublié que ce film existait ? Alors qu'il vient de frapper un grand coup avec Watchmen, le cinéaste brutal et sanglant se lance dans la grande aventure animée, portée par de gentilles chouettes guerrières et des hiboux parlants, tout droits sortis d'un conte pour enfants. Le scénario est assez basique, mais Snyder y infuse son sens impressionnant de la mise en scène dans des scènes de combats ahurissantes, des ralentis monstrueux et un une gamme de couleurs étincelantes. Et la scène finale - extrêmement violente - remet les pendules à l'heure pour les fans du réalisateur.
4) Zack Snyder's Justice League (2021)
Merci HBO Max ! Pour booster sa plateforme, Warner Bros. a fait un gros chèque et offert au cinéaste de faire son propre montage du film de super-héros, celui qu'il avait dû quitter quelques années auparavant suite à un drame personnel. Le résultat n'est pas parfait, mais il est dantesque. Totalement démesuré. Plus de 4 heures en compagnie de Bruce Wayne et sa bande, dans une épopée héroïque, en 4:3, aux combats d'une proportion biblique. Tout ça est un peu fou, et quand on voit l'indicible navet que Joss Whedon a osé sortir en salles 4 ans plus tôt, on a envie de crier au génie.
3) 300 (2006)
Le film de la confirmation, celui qui a défini le style Snyder, avec sa mise en scène de comics, son esthétique sanglante, une ambiance résolument graphique, qui en met plein les mirettes. Son adaptation de la BD de Frank Miller et Lynn Varley est tellement fidèle qu'on dirait que les pages ont juste été déposées sur l'écran noir. Sa reconstitution de la célèbre bataille des Thermopyles, qui opposa le roi grec Leonidas à l'armée Perse, est un objet pop qui a marqué son époque. A la fois une performance visuelle et un conte épique, qui ne s'embarrasse pas de subtilités scénaristiques, pour se concentrer à 100% sur le plaisir brut et brutal.
2) L'armée des morts (2004)
Le remake du Zombies de George A. Romero (1978) était audacieux. Casse-gueule même. Mais le scénario de James Gunn a pris cette adaptation par le bon bout et Snyder a su créer un solide mélange d'action et d'horreur, qui délaisse sans scrupule le sous-texte de l'original et sa critique cinglante de société de consommation. Pour Snyder, ce centre commercial n'est rien qu'un centre commercial, un endroit fun pour buter des zombies. Le cinéaste ne joue plus sur les contrastes mais s'applique à donner un aspect purement jouissif à chaque plan, créer de la tension, maximiser l'intensité dramatique, saturer les effets. Nerveux, rythmé, son film s'adapte à son époque, tout en captant au passage le souvenir de Romero. Un tour de force.
1) Watchmen : Les Gardiens (2009)
Dans le genre casse-gueule, il fallait oser s'en prendre à la mythique BD d'Alan Moore. Si Damon Lindelof a opté pour une approche très personnelle, dans une sorte de suite surprenante en format série pour HBO (2019), Snyder avait lui choisi de faire une adaptation pure et dure. Un peu comme ce qu'il avait avec 300. Et là encore, il y a de quoi être bluffé par la beauté esthétique de l'oeuvre. Mais pas seulement. Le Watchmen de Snyder est avant tout un long métrage passionnant. Le cinéaste a su conserver l’essence de la BD, tout en y mettant sa patte, quitte à pervertir le message d'Alan Moore, en changeant la fin pour l'ajuster à ses propres idées politiques. Dérangeant ? Probablement. Clivant ? Certainement. Mais une vraie claque de cinéma, indubitablement !
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