Spider-Man du pire au meilleur
Sony

The Amazing Spider-Man revient sur TMC. Un film mal-aimé de la franchise ? Pas chez Première !

Fin 2021, pour patienter jusqu'à la sortie en salles de No Way Home, la rédaction avait classé les précédentes adaptations cinématographiques. Surprise : le premier épisode rediffusé ce soir avec Andrew Garfield et Emma Stone y figure en bonne place.

 

9) The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d'un héros, de Marc Webb (2014)

Une belle accumulation de gâchis. Comment résumer un tel film autrement ? Le premier Spider-Man avec Andrew Garfield jetait des bases sympathiques. Sa suite fera tout pour les dynamiter en empilant les erreurs de production. Prenez une tonne de super-méchants ajoutés n'importe comment, soit sans jamais les développer pour une suite éventuelle (mention spéciale au caméo Felicity Jones), soit en les traitant de manière ultra bouffonne (Electro, le Goblin, le Rhino...). Ajoutez une scène d'intro hors de propos et clairement pompée sur The Dark Knight Rises. Plus une musique composée par un Hans Zimmer en pleine hubris qui assemble un "super-groupe" avec Pharrell Williams et Johnny Marr et compose des "tubes" chantés par Alicia Keys et Kendrick Lamar... Non, rien ne fait sens, et rien ne va. Boursouflé plutôt que démesuré, Le Destin d'un héros parvient (et c'est un vrai miracle) à être un peu regardable, si on l'envisage comme une BD mineure et gentiment fun du Tisseur. Sauf qu'il ne s'agit pas d'une BD, mais d'un blockbuster qui aurait coûté près de 300 millions de dollars, qui ne parvient pas à offrir une vraie histoire et témoigne d'une absence de direction totale. Et qui ressemble en fin de compte au rejeton mutant - et pas vraiment viable - d'un système de production hors de contrôle. Comment disait Alan Moore, déjà ? "Au moins, quand j'écris une mauvaise BD, elle n'aura pas coûté le budget annuel d'un pays en voie de développement". Pas faux.


Déjà 587 millions $ au Box-office : le démarrage historique de Spider-Man : No Way Home

8) Spider-Man 3, de Sam Raimi (2007)

Longtemps considéré comme le pire film Spider-Man, ce troisième opus réalisé par Sam Raimi souffre de multiples défauts, qui ressortent particulièrement après deux épisodes si bien ficelés. Trop long, trop manichéen, trop de méchants, trop d'effets numériques, un trop gros budget... Spider-Man 3 est le film de trop, même pour son créateur, Raimi ne s'étant pas caché de sa déception, incapable de s'entendre avec Sony pour tourner le blockbuster qu'il avait en tête. Il a reconnu avoir raté son coup, et l'on ne peut s'empêcher de fantasmer ce qu'aurait pu être ce Spider-Man s'il l'avait filmé comme prévu, avec Ben Kingsley en Vautour mais sans Venom. A force d'accepter de nombreux compromis, le cinéaste n'y croit plus - tout comme Tobey Maguire, d'ailleurs, plus irritant qu'émouvant dans cette suite. Si quelques belles idées surnagent (la triste histoire de L'homme-Sable, Spidey demandant au Bouffon Vert de faire équipe avec lui pour sauver Mary-Jane malgré toutes leurs rancoeurs), l'ensemble se noie dans la surenchère. C'est d'ailleurs frappant que la scène la plus célèbre du film soit devenue "culte" à force d'être moquée : quand Peter Parker, assombri par le symbiote extra-terrestre qui créera Venom, se met à danser sur du James Brown en pleine rue, les spectateurs rient, mais plus avec lui. Contre lui. C'est bien tout le problème de cette suite, devenue la risée des fans, alors que Raimi avait jusqu'ici si bien réussi à transposer la richesse des comics à l'écran.



7) Spider-Man : Far From Home, de Jon Watts (2019)

Premier film post Endgame du Marvel Cinematic Universe et épisode pivot de la nouvelle trilogie de Tom Holland, Far From Home porte beaucoup de responsabilités sur ses épaules. Mais il ne restera pas comme un des Spider-Man les plus mémorables. En voyage scolaire sur le vieux continent, Peter Parker fait le deuil de Tony Stark, qui lui a laissé un nouveau joujou high tech en guise de cadeau posthume, et deux babysitter pour s’occuper de lui (Happy et Nick Fury). En pleine crise d’adolescence, le Tisseur croit se trouver un grand frère en la personne de Mysterio (impeccable Jake Gyllenhaal), mais ses apparences de sauveur cachent (très mal) un vilain pas très original qui s’avérera être un rejeton de Stark Industries, comme Le Mandarin/Guy Pearce dans Iron Man 3. Malgré tout, Far From Home reste un divertissement sympathique, dont on retient qu’il introduit l’idée des multivers (Mysterio fait croire qu’il vient de la Terre-833) et de teaser la suite des aventures de Spidey avec la scène post-générique nous montrant la révélation de sa véritable identité par J. Jonah Jameson du Daily Bugle. Un épisode de transition qui a tout de même dépassé le milliard de dollars de recette dans le monde, préparant le terrain pour le succès phénoménal de No Way Home



6) Spider-Man : Homecoming, de Jon Watts (2017)

Coucou, le revoilou. En sommeil depuis l’échec public et critique de The Amazing Spider-Man 2, le Tisseur se refait la cerise en grand écart entre Sony et Marvel Studios. Tom Holland - 21 ans au moment de la sortie - enfile le costume pour de bon après une petite apparition dans Captain America: Civil War. Un Spidey qui ne s’embarrasse pas d’origin story (enfin !) et doit se construire dans un monde déjà bien blindé de super-héros, dont la figure paternelle d’Iron Man. Un sujet potentiellement passionnant mais jamais tout à fait traité, Jon Watts préférant poser les bases d’un Peter Parker moderne. Gentiment anecdotique, le film a tout de même pour lui de s’inscrire dans le MCU sans chercher à courir après les comics. La vraie attraction de Homecoming, c’est le Vautour, le retour de Michael Keaton en majesté dans un film de super-héros (même s’il avait déjà joué avec son passé dans Birdman). On retiendra surtout cette scène d’une tension dingue où il dépose Peter au bal de promo et comprend qu’il est Spider-Man : vous ne regarderez jamais plus votre beau-père de la même façon.



5) Spider-Man : No Way Home, de Jon Watts (2021)

Curieux mélange : à la fois conclusion de la trilogie de Tom Holland et porte ouverte au multivers, No Way Home est un grand trip nostalgique qui invite les films du passé (ceux de Sam Raimi et Marc Webb) pour questionner l’identité du Spider-Man du MCU. Méthode commerciale imparable - les vieux fans de Spidey comme les nouveaux achèteront leur ticket - et idée surexcitante. Mais le film peine à tenir ses objectifs : si Jon Watts signe quelques jolies séquences (la course-poursuite avec Strange, la baston sur l’autoroute avec le Docteur Octopus), il plombe l’affaire avec un troisième acte interminable et se voit incapable de mettre en scène quelques comeback qui devraient être un sommet d’émotion. Si l’ensemble est à l’évidence ultra distrayant, difficile de ne pas renifler le concept un peu gâché. Lot de consolation : Zendaya prend enfin la place qu’elle mérite dans cette histoire.


Le patron du MCU confirme la mise en chantier d'un Spider-Man 4

4) The Amazing Spider-Man, de Mark Webb (2012)

Face au fiasco de Spider-Man 3, Sony préfère rebooter la saga plutôt que de redonner carte blanche à Sam Raimi pour finir son histoire. Spider-Man 4 ne verra donc pas le jour, remplacé par cette nouvelle version, inégale mais attachante. Misant davantage sur le couple Peter Parker/Gwen Stacy, à présent incarnés par Andrew Garfield et Emma Stone, dont l'alchimie est indéniable, ce reboot est avant tout une bonne comédie romantique. La productrice Amy Pascal n'est pas allée chercher le réalisateur de (500) Jours ensemble pour rien ! Les séquences d'action atteignent rarement l'originalité des précédents opus, mais le film essaye de se démarquer en proposant de nouvelles choses : pas de MJ, Peter crée lui-même ses lanceurs de toiles, il envoie des vannes qui font mouche, affronte un méchant inédit avec le Lézard (même si le personnage du Dr Connors était présent dans Spider-Man 3...) La trilogie de Raimi reste cependant une inspiration forte et The Amazing Spider-Man se sent obligé, par exemple, de raconter une nouvelle fois la mort de l'oncle Ben. Mais son principal point faible fut de frustrer le public en ouvrant plein de pistes sans les développer... Si le positif prend finalement le dessus, c'est surtout grâce à la performance de Garfield et à la réécriture maligne du héros. Son nouveau Peter Parker s'avère particulièrement touchant, conscient de ses responsabilités et capable de faire ressortir le meilleur des gens qui l'entourent. Le sauvetage d'un petit garçon à qui il propose de mettre le masque de Spider-Man pour qu'il lui donne de la force est par exemple très réussi, tout comme la scène où les travailleurs de New York s'unissent pour aligner les grues et lui faciliter le passage dans la ville.



3) Spider-Man, de Sam Raimi (2002)

Vingt-cinq ans après l'adaptation télévisuelle des 70's (en pleine vague Wonder Woman et L'Incroyable Hulk) et la toute première incarnation de l'homme-araignée en chair et en os par un certain Nicholas Hammond, Sami Raimi remet à la mode les super-héros avec brio. Dans la foulée des essais réussis de Blade et X-Men, le réalisateur d'Evil Dead s'attaque à l'une des licences Marvel les plus emblématiques. Le MCU n'est même pas encore envisagé, mais Tobey Maguire et Kirsten Dunst font la démonstration du potentiel infini d'un héros comme Spider-Man, paralysé à Hollywood depuis des années par une bataille juridique sans fin autour des droits et après un projet porté par James Cameron qui n'aura finalement jamais pu aboutir. Avec un casting parfait, son vilain génial (Willem Dafoe en Bouffon vert), des répliques cultes ("un grand pouvoir...") et des scènes désormais gravées dans les annales du cinéma - ce baiser à l'envers du héros et sa belle - ce premier film de la trilogie Raimi a rencontré un succès mondial historique (plus de 800 millions de dollars au box-office, un exploit rare à l'époque), posant, sans aucun doute, les premières bases de ce que deviendra la pieuvre Marvel quelques années plus tard.



2) Spider-Man 2, de Sam Raimi (2004)

À l'instar d'un Terminator 2, c'est l'une des rares suites encore plus réussies que le premier opus ! Et pourtant, tout a failli capoter quand Tobey Maguire, souffrant de problèmes de dos, hésite sérieusement à rempiler. « Ooooh, my back... », s'exclame ainsi Peter Parker après avoir sauté du toit d'un immeuble, en clin d'oeil à son interprète endolori. La production met 200 millions de dollars sur la table et Spider-Man 2 devient l'une des productions les plus chères de l'histoire hollywoodienne. De l'argent bien investi, tant le résultat est à couper le souffle. Raimi se surpasse et fait encore plus fort que la première fois, filmant des séquences devenues iconiques du genre, comme celle où l'homme-araignée donne tout pour arrêter un métro lancé à toute allure. Il faut dire que pour faire un grand héros, il faut un grand vilain. Et en la matière, Alfred Molina s'avère phénoménal, monstrueux Docteur Octopus, à la fois imbattable Nemesis et attachant scientifique brisé par la vie. En bonus, Sam Raimi et son scénariste Alvin Sargent réussissent à sortir Peter du lycée avec maestria. Il n'est plus ce simple ado torturé, mais un jeune homme tout à fait ancré dans le réel, qui se heurte aux difficultés et à la tragédie romantique de son amour impossible avec Mary-Jane. Toutes les pièces du puzzle s'emboîtent à merveille et font de Spider-Man 2 un grand film de super-héros, certainement l'un des tous meilleurs, encore à l'heure actuelle.



1) Spider-Man : New Generation, de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman (2018)

Tobey Maguire, Andrew Garfield, Tom Holland. Les trois incarnations cinématographique de Spider-Man ont chacune leurs qualités... et leurs défauts. Mais aucune ne synthétise aussi bien l’esprit des comics que Spider-Man : New Generation (Into the Spider-Verse en VO). Adapter un personnage de BD en animation, ça peut sembler logique. Et pourtant, ça n’avait jamais été fait au cinéma dans une production à gros budget. Ecrit par Phil Lord et Chris Miller, New Generation est d’autant plus innovant qu’il introduit pour la première fois sur grand écran Miles Morales, l’itération afro-latino du Tisseur apparue dans les comics en 2011, tout en affichant un style visuel jamais vu avec sa 3D animée au grain délicieusement vintage (qui lui vaudra d'ailleurs l'Oscar du Meilleur film d'animation). Il est aussi le premier film de super-héros à jouer à fond la carte des mondes parallèles, en faisant cohabiter pas moins de huit versions différentes de Spidey. Le tout en moins de 2h de temps et sans que le spectateur s’y perde. Un exploit fondateur, qui va bénéficier d’une double suite (Spider-Man Across The Spider-Verse) et a ouvert la boite de Pandore du multivers. Sans ce film, Marvel aurait-il osé mettre cette thématique au coeur de Spider-Man : No Way Home ?


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