Ce qu’il faut voir cette semaine.
L’ÉVENEMENT
PETIT PAYSAN ★★★★☆
De Hubert Charuel
L’essentiel
Un premier film singulier, entre drame rural et thriller mental.
Petit Paysan met en scène Pierre, jeune éleveur laitier passionnément épris de son travail et de ses vaches qu’il bichonne avec des attentions d’amoureux. Sa vie sociale est volontairement limitée, sa vie affective flirte avec le néant. Le jour où l’une de ses bêtes est frappée d’un virus venu de Belgique, son univers s’écroule. Pierre sombre… Fils et petit-fils de paysans, Hubert Charuel a rompu avec la tradition familiale en tentant (et réussissant) la Fémis. Nul ne sait ce que le monde rural a perdu mais tout le monde va pouvoir constater ce que le 7e art y a gagné : un réalisateur à l’univers original, qui puise autant dans l’héritage naturaliste français que dans le cinéma de genre américain.
Christophe Narbonne
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PREMIERE A PLUTÔT AIMÉ
WIND RIVER ★★★☆☆
De Taylor Sheridan
Sicario, Comancheria, Wind River. Les titres claquent, évidents, aussi évident que le rythme métronomique auquel on les découvre (un film par an depuis 2015), aussi évident que l’irrésistible ascension de leur auteur, Taylor Sheridan, l’un des rares scribes adulés du nouveau siècle à ne pas être issu du vivier de la télé câblée. Un type dont on guette désormais la signature avec la même avidité que les cinéphiles gourmets des 70s attendaient celle d’Alan Sharp, quand celui-ci enchaînait The Last Run, Fureur Apache et Night Moves…
Frédéric Foubert
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7 JOURS, PAS PLUS ★★★☆☆
De Hector Cabello Reyes
Un quincaillier (Benoît Poelvoorde), vieux garçon au possible, recueille sans le vouloir un Indien perdu, à la recherche de son oncle. Les deux hommes vont nouer une amitié particulière… Il y a du Pierre Salvadori dans cette comédie de contraires qui se déploie à partir d’une rencontre improbable –on pense beaucoup à Après vous. La mécanique comique est précise (parfois trop), l’émotion au rendez-vous (grâce au personnage d’Alexandra Lamy, amoureuse de Poelvoorde contre le gré de celui-ci) les personnages bien campés, rien à redire. Il manque peut-être une dimension supplémentaire à cette comédie qui privilégie l’efficacité à l’originalité.
Christophe Narbonne
LOU ET L’ÎLE AUX SIRÈNES ★★★☆☆
De Masaaki Yuasa
Un collégien taciturne déménage dans un village de pêcheurs où il sympathise avec une sirène dont il va incidemment faire une star de la chanson… Successeur de Ma vie de Courgette au palmarès du Festival d’Annecy, Lou et l’île aux sirènes a braqué les projecteurs sur Masaaki Yuasa, réalisateur inconnu en France, sinon d’une poignée d’amateurs éclairés. À première vue, ce plébiscite est étonnant car le film, au graphisme et à l’animation flash assez “simples” (on dirait du manga produit industriellement), n’obéit pas aux canons en vigueur. Il faut un temps à l’œil pour s’habituer et goûter pleinement le style si particulier de Yuasa, qui aime alterner les vignettes grotesques sur fond de pop japonaise délirante et un propos plus sérieux sur la différence et la course au vedettariat.
Christophe Narbonne
GABRIEL ET LA MONTAGNE ★★★☆☆
De Fellipe Barbosa
Le cadavre de Gabriel Buchmann git sous un rocher du Mont Mulanje, au Malawi. Comment le corps du jeune brésilien, pourtant promis à un brillant avenir dans les sciences économiques, a-t-il pu échouer là ? Ce fait divers hante Fellipe Barbosa. Avant de disparaitre tragiquement en 2009, Gabriel fut en effet l’un de ses amis d’enfance à Rio. Le film explore son mystère par le biais d’une fiction retraçant ses 70 derniers jours en Afrique (Kenya, Tanzanie, Zambie, Malawi). Inspiré des photos prises par Gabriel et nourri de témoignages des gens qui ont réellement croisé sa route, il prend la forme d’une quête semi-documentaire aux accents mythologiques. Les efforts de cet idéaliste pour décrocher un chimérique Graal nous renvoient au Grizzly Man de Werner Herzog. Avec, à la place de l’ambitieuse rencontre humain/ours géant, l’expérience d’apparence plus modeste d’un tour du monde « à la roots ». Pourquoi mettre des lunettes de soleil sur les cimes aveuglantes du Kilimandjaro, quand on veut voir le paysage « juste avec ses yeux » ? Gabriel n’écoute que son désir d’authenticité 100% bio. Et tant pis si son accoutrement local, un poil grotesque sur un « Mzungu » (« Blanc » au Kenya), amuse sa copine. Comme elle, on oscille entre rire nerveux, agacement et fascination pour le courage de ce bourgeois qui, à l’instar du héros carioca de Casa Grande, défie les cases sociales établies. Jusqu’à mettre en danger sa vie : tel Icare, le naïf backpacker en sandales Masaï finira par se brûler.
Eric Vernay
PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ
PATTICAKE$ ★★☆☆☆
De Geremy Jasper
Patricia Dombrowski, 23 ans, serveuse dans un bar miteux du New Jersay, rêve de devenir une star du rap qu’elle pratique depuis toujours. Tous les ingrédients du feel good indé sont là : l’environnement pourri (familial et social), l’héroïne volontaire au destin contrarié, le style docu crado… Geremy Jasper n’est cependant pas Curtis Hanson et son 8 Mile au féminin manque d’aspérités et d’authenticité. Danielle Macdonald a cependant de l’énergie à revendre qu’elle parvient par instants à communiquer au film.
Christophe Narbonne
PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ
HISTOIRES DE LA PLAINE ★☆☆☆☆
De Christine Seghezzi
L’intérêt de ce documentaire laisse songeur. Suite de plans fixes sur des champs de soja transgénique (qui ont remplacé l’élevage traditionnel de vaches), de villages déserts et d’habitants neurasthéniques qui se plaignent des pesticides (évidemment), Histoires de la plaine fait également résonner la voix monocorde d’une narratrice racontant des mythes locaux lointainement reliés au sujet écolo qui nous préoccupe. Soporifique.
Christophe Narbonne
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