Le réalisateur, habitué à ces explorations autour de l’épave, pointe du doigt le manque de sécurité à bord du Titan, qui transportait son ami de longue date Paul-Henri Nargeolet.
“C’est complètement surréaliste”. James Cameron n’arrive toujours pas à comprendre comment une telle catastrophe a pu se produire en 2023. Le sous-marin embarqué pour un voyage touristique à 4 000 mètres de profondeur autour de l’épave du Titanic a implosé. Les cinq passagers présents à bord ont tous été tués.
Entre les problèmes de communication et la révélation d’une mauvaise préparation en amont du voyage, la société en charge de l’expédition, OceanGate, est largement pointée du doigt. Pour le cinéaste, un tel accident n’a pu se produire qu’avec un énorme manque de vigilance de leur part.
“Depuis les années 60, durant lesquelles il y a eu quelques accidents, personne n’a été tué dans les submersions profondes, et on a largement progressé depuis cette époque. (...) Un certain nombre d’ingénieurs spécialisés ont même écrit des lettres à l'entreprise pour lui dire que ce qu'elle faisait était trop expérimental pour transporter des passagers", s’est-t-il indigné sur la chaîne ABC News ce jeudi.
‘Titanic’ director James Cameron on the ‘catastrophic implosion’ of Titan submersible: “I’m struck by the similarity of the Titanic disaster itself, where the captain was repeatedly warned about ice ahead of his ship and yet he steamed at full speed into an ice field." pic.twitter.com/vO8JkCXS5f
— ABC News (@ABC) June 22, 2023
Le réalisateur de Titanic a lui-même réalisé ce type d’explorations aux abords de l’épave de nombreuses fois pour la réparation de son film sorti en 1997. En 2012, il est même devenu la première personne à plonger en solitaire à bord d’un sous-marin qu’il a aidé à concevoir. “C'est le cauchemar avec lequel nous avons tous vécu depuis que nous sommes entrés dans ce domaine", a-t-il expliqué.
Pour James Cameron, cet événement représente également une tragédie personnelle. Le Titan abritait son ami de longue date : le pilote de plongée sous-marine français Paul-Henri Nargeolet, qui était lui aussi un spécialiste du paquebot, surnommé “Monsieur Titanic”.
“PH était un de mes amis. Vous savez, c’est une très petite communauté. Je connais PH depuis 25 ans, et qu’il soit mort tragiquement de cette manière est presque impossible à comprendre pour moi”, a-t-il déploré.
Bien que les gardes côtes américains aient annoncé la mort des passagers ce jeudi, le réalisateur considère que cette conclusion était assez évidente dès lundi, jour de la perte de communication avec l’engin.
"Dans l'heure qui a suivi, nous avons eu la confirmation qu'il y avait eu une forte détonation au moment où les communications avec le sous-marin ont été perdues. Une forte détonation sur l'hydrophone. Perte du transpondeur. Perte des communications. Je savais ce qui s'était passé", a-t-il affirmé dans une interview pour Reuters.
“Je suis frappé par les similitudes avec le désastre du Titanic”
Enfin, le réalisateur n’a pas pu s’empêcher de voir dans cette catastrophe des similitudes avec le naufrage du Titanic survenu en 1912 : différente époque, mais le même manquement aux mesures de sécurité, et cette même obsession pour la performance innovante.
“Le capitaine du Titanic a été prévenu plusieurs fois sur la quantité de glace présente dans l’eau cette nuit-là, et pourtant il a maintenu la vitesse maximale en pleine pénombre. Aujourd’hui, qu'un drame se produise à cause d’avertissements ignorés, à l'exact même endroit, je trouve juste ça juste ahurissant”, s’est offusqué le cinéaste.
Autre lien qui relève plutôt de la coïncidence : la femme d’un des passagers (Stockton Rush, co-fondateur d’OceanGate), n’est autre que la descendante d’un couple disparu lors du naufrage du Titanic. Wendy Rush est en effet l’arrière-arrière-petite fille d’Isidor et Ida Straus, qui sont restés sur le bateau pendant que les passagers tentaient de s’échapper. Si cela vous dit quelque chose, c’est bien normal : il s’agit du couple qui a inspiré une des scènes les plus poignantes du film de Cameron. Dans le long-métrage, on les voit s’enlacer dans leur lit alors que l’eau monte rapidement, et attendre la mort.
À bord du Titan, se trouvaient également l'homme d'affaires britannique Hamish Harding (58 ans), le Pakistanais Shahzada Dawood (48 ans), vice-président du conglomérat Engro, et son fils Suleman (19 ans).
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