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Les audiences de la série médicale ont repris du poil de la bête, grâce à une série de plus en plus féminisée, qui séduit les jeunes téléspectatrices américaines.

L'heure du bilan arrive doucement pour la saison 12 de Grey's Anatomy, qui se terminera le 19 mai prochain. Mais avant de faire un check-up complet du show, on peut déjà tirer une première conclusion essentielle : la série se porte bien. Mieux même, que les saisons précédentes, si l'on en croit les audiences détaillées, analysées minutieusement par ABC.

Avec la mort de Derek Shepherd (Patrick Dempsey), en avril 2015, certains prédisaient déjà la fin programmée de Grey's Anatomy. Il n'en est rien. "Le décès de McDreamy (Derek) a entraîné beaucoup de nostalgie" confie Lisa Heimann, vice-présidente de la section "recherche multi-plateforme" du Network, en partageant les résultats de son étude avec le magazine Variety.  "Il y a eu dans la foulée une sorte de combinaison entre l'arrivée de nouveaux téléspectateurs (qui ont regardé en ligne), et peut-être certains anciens qui avaient arrêté de regarder et qui sont revenus".

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Ce qui offre surtout un gros coup de boost aux chiffres de Grey's Anatomy, cette année, ce sont les téléspectatrices. Les jeunes femmes de 18 à 35 ans, pour être précis. Alors que la plupart était encore au collège ou au lycée quand la série a commencé, elles forment aujourd'hui le noyau dur de l'audience. Tous shows US confondus, Grey's Anatomy se classe carrément aujourd'hui au deuxième rang sur cette tranche spécifique, derrière le phénomène Empire.

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Ainsi, selon les chiffres Nielsen, la série médicale souffre ( le jeudi soir) d'une baisse d'audience live nettement plus faible que ses concurrentes. Mais le plus fort, c'est que ses audiences progressent étonnamment à J+35 ! Le pôle ABC Research (avec Videobiquity) a étudié de près les chiffres du mois de mars, et constate qu'en comptant les nouvelles pratiques de visionnages (DVR playback, videos à la demande et autres services de streaming), les chiffres sont impressionnants : +6% sur la cible prioritaire des 18-49 ans, + 13% sur le 18-34 ans et +11% sur les femmes de 18 à 34 ans, par rapport à l'an dernier.

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Pour une vieille série comme Grey's Anatomy, de telles courbes sont inespérées. De quoi faire jubiler Ellen Pompeo sur les plateaux télé, soulagée de voir que le show ne s'est pas effondré sans Patrick Dempsey... Alors comment expliquer un tel regain de forme ? Le départ de Derek a certainement été un facteur clé, mais il a aussi mis en colère de nombreux fans, qui ont abandonné le drama dans la foulée. Pour bien comprendre, il faut donc regarder plus en profondeur : cette année, la série médicale a fondamentalement changé son essence, en se féminisant totalement.

Bien sûr, Grey's Anatomy a toujours été une série plutôt féminine, à destination d'un public féminin. Mais Shonda Rhimes a clairement opté pour un virage à la Sex and the City, lors de la saison 12. Cela a pris forme dès la fin de la saison 11, avec la mise en place du nouveau décor : une colocation entre trois sœurs qui se connaissent à peine et qui décident de se serrer les coudes, face aux difficultés de la vie. On assiste ainsi, depuis l'automne, à des séquences étonnantes, assez rares dans le Grey's Anatomy original (époque Cristina & Co). Des saynètes sans tabou, que ne renieraient certainement pas Carrie, Samantha et leurs copines :


 


Au passage, Shonda Rhimes, féministe engagée, qui se bat depuis longtemps pour accroître la place des femmes à Hollywood, a aussi décidé de donner tout pouvoir à ses personnages féminins, au Grey Sloan Memorial de Seattle. Elles sont aujourd'hui chefs du service de cardiologie, de neurologie, d'orthopédie, de la pédiatrie, de la chirurgie générale... Et Bailey est même devenue la chef des chefs !


Les personnages masculins ont, eux, été relégués au second plan. Ils sont désormais les amis, les amants, et leurs histoires peinent franchement à exister sans les femmes. A l'image d'Alex (Justin Chambers), qui s'est transformé curieusement en "Cristina bis" ces derniers mois (et qui a perdu au passage une bonne partie de sa personnalité).



Rhimes et les scénaristes de Grey's Anatomy ont donc adopté une posture claire et assumée, en donnant un nouveau visage au vieux soap médical. Meredith, Maggie, Amelia, Bailey, Arizona et April ont les clés du camion et sont maintenant les seules héroïnes du show, des femmes fortes auxquelles les téléspectatrices américaines sont de plus en plus nombreuses à s’identifier. Un pari audacieux, mais payant à l’aune de ces solides chiffres d'audience. Alors que la série semblait se diriger doucement vers une fin annoncée, Grey's Anatomy pourrait avoir trouvé le moyen de s'offrir une nouvelle vie.