Ovni(s) saison 2
Canal +

La jubilatoire comédie de science-fiction hexagonale continue à faire joyeusement se télescoper les références culturelles pour approfondir la quête existentielle de héros toujours plus déphasés et attachants.

Belle surprise sérielle de l’année 2021, Ovni(s) avait fait montre en première saison d’une tonalité savoureuse et d’une patte visuelle étincelante, faites de références fantastiques superbement digérées. On y suivait les déboires de Didier Mathure (Melvil Poupaud), ingénieur spatial contrarié et père de famille dépassé, qui se trouvait muté à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé dans les ovnis, le Gepan. Tentant de donner, dans la France de 1978, des explications scientifiques à de prétendues apparitions de soucoupes volantes en compagnie d’une équipe de pieds nickelés au coeur tendre, Mathure abandonnait peu à peu ses certitudes cartésiennes. 

La saison 2, qui revient pile un an après - à partir de ce lundi soir sur Canal + en prime time - réunit la même équipe artistique : les créateurs Clémence Dargent et Martin Douaire dirigent l’écriture – avec Maxime Berthemy – et la réalisation des douze épisodes de 30 minutes est à nouveau assurée par Antony Cordier (Gaspard va au mariage). L’intrigue reprend un an plus tard, en 1979: Didier Mathure croit désormais dur comme fer aux ovnis, après en avoir aperçu un à la fin de la saison 1 sous influence du LSD. Aux côtés de Véra (Daphné Patakia), il sillonne la France à la recherche de phénomènes surnaturels et semble plus déconnecté que jamais de ses enfants et de son ancienne compagne, Élise (Géraldine Pailhas), devenue directrice du Cnes (le Centre national d’études spatiales). Alors qu’un mystérieux événement survient dans une centrale nucléaire, Didier renoue vite avec ses anciens collègues du Gepan, comme Marcel (Michel Vuillermoz) ou Rémy (Quentin Dolmaire). Ensemble, ils essaient d’établir le contact avec une intelligence venue d’ailleurs, surveillés de près par une nouvelle arrivante, Claire Carmignac (Alice Taglioni), qui gère la communication du ministère du Développement et de l’Énergie.



Sous l’angle assumé de la comédie, la série réussit toujours à faire surgir la fantaisie la plus décalée dans l’ambiance guindée de la France de Giscard, plongée en pleine crise du pétrole. Guidés notamment par une obsession pour la barbe à papa géante, qui situe cette saison quelque part entre S.O.S. Fantômes et une aventure de Spirou et Fantasio, les personnages ont autant de mal à vivre une vie sentimentale épanouie qu’à garder les pieds dans le réel. La quête de sens de ces individus désemparés se fait encore plus précise qu’en saison 1 et bénéficie pleinement de la forme hybride et bigarrée de cette épatante dramédie. 

Aux références comme Rencontres du troisième type ou Abyss qui rythmaient la première saison succèdent ici des allusions au Superman de Richard Donner (sorti en France début 1979) et un goût pour les musiques mélancoliques ; la mélodie du Diable par la queue (comédie de Philippe de Broca qu’adule le réalisateur Antony Cordier), signée Georges Delerue, accompagne ainsi dans l’épisode 6 une magnifique séquence en split-screen.

En jouant du conflit entre le rationnel et l’irrationnel, Ovni(s) prend une résonance très contemporaine lorsqu’il s’agit d’interroger le rôle de la science dans la société française et d’évoquer des scandales environnementaux. Cette saison aborde aussi en toile de fond la crise des boat-people venus du Sud-Est asiatique et insiste sur le sentiment d’exode personnel qui atteint chaque protagoniste. Si la série n’évite pas quelques répétitions, difficile de bouder son plaisir face à ce spectacle qui mentionne pèle-mêle Marie Curie, Bernard Kouchner, La Panthère rose, Arthur C. Clarke ou Star Wars et qui s’autorise de joyeuses et sensuelles audaces. Cosmique et céleste, cette saison 2 offre une façon rêvée de garder contact avec notre propre humanité.

La saison 2 d'Ovni(s) est diffusée sur Canal + à partir du 21 février, à raison de 3 épisodes par soirée, et est disponible en intégralité sur MyCanal.