Dérapages Cantona
Arte

Avec Dérapages, Ziad Doueiri, l’ex assistant caméra de Tarantino, s’est emparé pour Arte du roman Cadres noirs de Pierre Lemaitre avec dans son jeu une carte maîtresse : Éric Cantona.

En 6 épisodes, Dérapages (qui avait été sélectionnée à Séries Mania, avant son annulation) raconte comment un cadre, chômeur de longue durée (Éric Cantona, formidable, dont c’est la toute première série), est prêt à tout pour retrouver un emploi quitte à mettre en péril sa propre famille et s’abaisser à participer à un jeu de rôle humiliant.

Il ne fallait pas moins d’un roc sanguin comme Cantona pour essayer de s’opposer au Système et de ce point de vue, la série est une merveille de direction d’acteurs. Outre l’ex footballeur au coup de karaté facile qui joue là un homme aux coups de tête tout aussi sanguins, les acteurs de la série sont tous épatants et justes à l’instar d’Alex Lutz, heureusement à mille lieux de sa fade composition de la dernière saison de Baron Noir.

Sorte de Ken Loach sous testostérone, Dérapages est totalement construite autour de l’acteur Éric Cantona, de sa légende et de ses engagements politique que l’on connait, et qui donnent une géniale épaisseur à son personnage. Les réfractaire à Eric the King en seront sans doute pour leurs frais tant il porte la série, mais ce serait la réduire trop vite à son interprète principale alors qu’elle n’en demeure pas moins un véritable brûlot passionnant et sans concession sur la violence du monde du travail. Un brûlot malicieux, puisque dans l’épisode 3 s’opère un changement tout aussi radical qu’imprévisible qu’il serait sans doute un peu sadique de révéler ici même.

Disons simplement que la mécanique de Pierre Lemaître (également au scénario avec sa collaboratrice Perrine Margaine) est comme souvent impeccable et qu’elle est astucieusement servie par la réalisation Ziad Doueiri, maître dans l’art du cliffhanger. Rappelons surtout que le roman Cadres Noir est au rayon thriller, et non essai social, de toutes les bonnes librairies... 

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