Avez-vous vraiment envie de vivre éternellement ? Thomas Cailley pose la question sans détour, dans cette série dystopique fascinante.
Les séries US ont l'habitude de se pencher sur la question de la vie éternelle, du renouvellement des générations, ce genre de choses... Altered Carbon (sur Netflix) par exemple, traitait le sujet dans un style action/science-fiction très visuel. Ce soir, Arte se lance à son tour dans le débat avec Ad Vitam, une série française d'anticipation nettement plus cérébrale.
Une oeuvre futuriste et spirituelle, signée du réalisateur des Combattants, Thomas Cailley (sacré aux César) et du scénariste Sébastien Mounier. L'histoire d'un XXIe siècle où l'Homme a vaincu la mort. Où l'humain peut se régénérer à l'envie, arrêter de viellir et donc ne jamais connaître son dernier souffle. Sauf que les jeunes ont bien du mal à trouver leur place dans cette société où les anciens ne sont plus obligés de céder la leur. Les suicides collectifs sont monnaie courante et les dérives sectaires, plus ou moins religieuses, s'accroissent. Darius, flic de 119 ans, va être amené à enquêter sur 7 cadavres d'ados, retrouvés échoués sur une plage, et qui appartenaient vraisemblablement à un inquiétant mouvement...
Il y a 1000 choses à retirer d'Ad Vitam. Un foisonnement d'idées, de réflexions, sur la direction que prend le monde, et la société dans laquelle on pourrait bien évoluer demain. Faut-il vraiment chercher à tout prix à lutter contre le vieillissement ? Chercher à repousser la mort ? L'essence même de l'existence ? La série pose intelligemment toutes ces questions éthiques et philosophiques, à travers la quête policière et existentielle du duo de la jeunette et du (très) vieux.
Un duo qui crève l'écran. Yvan Attal est égal à lui-même. Garance Marillier prouve, de son côté, que 2 ans après Grave, elle n'a rien perdu de son magnétisme et de son regard animal. On se laisse prendre par la main, et on se promène, fasciné, dans ce monde qui sera peut-être le nôtre un jour, un monde sans mort, sans cimetière, mais aussi sans retraite et sans renouvellement des générations. Un monde où la surpopulation atteint forcément un palier dramatique. Où la vie perd aussi un peu de sens et de saveur. C'est en tout cas le parti pris froid et cinglant, de Thomas Cailley. Ad Vitam, c'est de la belle "dystopie" à la française.
Ad Vitam - 6 épisodes - à voir les jeudis 8 et 15 novembre 2018 sur Arte.
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