Quelque part entre Scooby-Doo, Les Goonies, Sunset Beach et Riverdale, le nouveau drama adolescent de Netflix est aussi niais qu'il est captivant.
C'est ce qu'on appelle scientifiquement un plaisir coupable. Outer Banks est une caricature de série adolescente, pas très bien incarnée, avec des personnages qui remplissent toutes les cases, mais qui provoque une espèce de fascination inattendue chez le spectateur. Un teen drama avec de gros sabots, qui ose encore faire courir ses jeunes éphèbes aux corps invraisemblablement musclés, chemises ouvertes, torses nus, tétons au vent, comme Taylor Lautner hantant les forêts de Twilight à l'époque... On sourit, on hallucine, mais on ne peut s'empêcher de regarder l'épisode d'après.
Certes, les acteurs en question sont ostensiblement beaucoup trop vieux (environ 25 ans de moyenne d'âge) pour jouer des lycéens de 17 ans ! Effectivement, il ne faut pas chercher dans cette galerie de mannequins champions de surf la moindre représentation du réel. Outer Banks, c'est pas la vraie vie. Outer Banks, c'est une aventure saugrenue, aux grosses ficelles qui gonflent à mesure que l'intrigue avance, et qui flirte par moment avec de la télénovela pur jus. Mais il faut bien l'avouer, on oublie rapidement ces énormes travers, parce qu'on s'éclate à suivre l'enquête de ce Scooby gang (ils ont même le van qui va bien) en maillot de bain, sur les traces d'un vieux trésor perdu.
John B. (c'est son prénom) vient de perdre son père, disparu en mer depuis 9 mois. Alors que les services sociaux s'apprêtent à envoyer l'adolescent dans une famille d'accueil, un ouragan frappe la petite île d'Outer Banks, où il a passé toute sa vie, en compagnie des "Pogues", son groupe de potes aux origines très modestes. La troupe est en pleine guerre de territoire avec leurs ennemis jurés, les "Kooks", c'est à dire les gosses de riche du coin, qui mettent des polos, jouent au golf et bronzent sur leurs bateaux de luxe. Dans la région, tout le monde connaît le mystère du Royal Merchant, un navire britannique qui a coulé au milieu du XIXe Sicècle, avec à son bord, 400 millions $ en or ! Un rêve sur lequel bon nombre de locaux se son cassés les dents, depuis deux siècles. Mais le père de John B., qui a dédié sa vie à ce trésor, pourrait bien avoir trouvé la pièce manquante. Et c'est son fiston qui va finir la quête...
L'aventure a été habilement écrite par les frères Josh et Jonas Pate. Les rebondissements s'enchaînent à un rythme infernal. Et même si l'histoire aurait gagné à être condensée en moins d'épisodes, les héros sont suffisamment charismatiques pour qu'on ait envie de rester avec eux. Et puis Outer Banks fait résonner sans vergogne notre fibre nostalgique. La série lorgne du côté des Goonies (même si c'est bien plus dramatique) ou du côté de Veronica Mars (même si c'est bien moins subtile). Elle rappelle parfois Dawson, ou un mix entre Riverdale et Sunset Beach. Elle puise ses références un peu partout, sans la moindre gêne, et se vautre totalement dans le genre YA, avec des protagonistes trop beaux pour être honnêtes, des romances "soapesques" à n'en plus finir, et du mélodrame à tous les étages.
Mais le décor incroyable - Outer Banks est une petite bande de terre, perdue en Atlantique, au large de la Caroline du Nord - est un personnage fascinant en soi, qui aide certainement à faire passer la pilule. La réalisation est efficace et la lumière crépusculaire qui baigne chaque épisode produit son petit effet. Et puis finalement, une bonne vieille chasse au trésor, dans un paysage sauvage, paradisiaque, qui respire l'aventure, c'est exactement ce qu'il nous faut en ce moment !
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