Christian Dietrich Grabbe est un écrivain et auteur dramatique allemand dont l’œuvre empreinte de satire met en exergue le ridicule des situations. Un personnage marquant par la forte originalité de ses œuvres et par sa personnalité complexe. Né le 11 décembre 1801 à Detmold, Christian Dietrich Grabbe est le fils d’un directeur d’établissement pénitencier, confronté dès son plus jeune âge à la misère humaine de l’univers carcéral. A partir de l’âge de seize ans, il commence à se passionner pour le théâtre. C’est en fréquentant Heinrich Heine et Ludwig Tieck qu’il étudie le droit à l’université de Leipzig et de Berlin (1822 à 1824) et qu’il s’intéresse de plus près à la littérature. Christian Dietrich publie Nannette et Maria en 1823. En parallèle, il cherche en vain un travail en tant qu’acteur ou metteur en scène. Même de retour à Detmold, sa ville natale, les choses ne s’arrangent pas, le jeune diplômé n’arrive pas à être recruté dans sa branche. Cette situation l’amène à se résoudre à travailler comme auditeur militaire bénévole en 1826. Malgré tout, il continue à écrire et donne naissance l’année d’après à la comédie, Plaisanterie, satire, ironie et signification cachée. En 1829, Grabbe signe L’Empereur Frédéric Barberousse et pour la seule fois du temps de son vivant, fait jouer sa pièce, Don Juan und Faust. L’auteur écrit L’Empereur Henri IV en 1830. A cette période, sujet à l’alcoolisme, sa santé se détériore au même titre que sa relation avec Henriette Meyer. Ainsi, après avoir achevé son œuvre Napoléon ou les Cent-Jours en 1831, il jette son dévolu sur Louise Christiane Clostermeier, qu’il finit par épouser en 1833. Mais le couple divorce en 1836. Entre temps, en 1834, Christian Dietrich Grabbe prends deux décisions importantes : il abandonne son poste d’auditeur militaire et coupe les ponts avec son éditeur à Francfort, qui l’a pourtant beaucoup épaulé dans ses périodes difficiles. Les deux hommes n’ont pas trouvé de terrain d’entente pour la mise en scène d’une des pièces de l’auteur qui s’avére compliquée : Hannibal, qui sort en 1835. L’œuvre générale de Christian Dietrich Grabbe est caractérisée par une dimension scénique complexe. Hormis la mise en scène de Don Juan und Faust, toutes les autres n’ont été faites qu’à titre posthume : la tragédie Herzog Theodor von Gothland parue en 1822 est présentée à Vienne seulement en 1892 comme le mélodrame Nannette et Maria représenté à Kettwig en 1914. Dotée d’un goût prononcé pour la satire et le vulgaire, l’approche littéraire et théâtrale de Grabbe a le plus souvent pris le visage de grandes personnalités historiques pour véhiculer ses idées.Dans son Anthologie de l’humour noir,André Bretonaura sur sa production théâtrale la réflexion suivante : « Une œuvre dont la géniale bouffonnerie n’a jamais été surpassée, qui détonne au plus haut point dans son temps et est douée plus que toute autre de prolongements innombrables jusqu’à nous. »Inspiré de William Shakespeare et du Sturm und Drang, l’auteur n’a pas bénéficié d’une réelle popularité de son vivant et sera sauvé de l’oubli par l’Allemagne hitlérienne qui exploitera, pour véhiculer ses idéaux, une de ses œuvres teintée d’antisémitisme, La Bataille d'Arminius. Christian Dietrich demeure avec Georg Büchner, le créateur principal du nouveau drame allemand du XIXe siècle. En 1836, la même année que son divorce, il meurt à Detmold, victime d’une phtisie de la moelle épinière.