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Son Mediterranea l’avait fait remarquer il y a deux ans. Le jeune Jonas Carpignano (33 ans) jette à nouveau avec A Ciambra un regard chargé d’humanité sur les opprimés, les miséreux et les exclus qu’il filme sans filtres, dans leur élément. Ici, il est question des roms du sud de l’Italie, communauté vivante, exubérante peu ou partie liée avec la mafia locale. Quand son père et son frère aîné sont emprisonnés, le jeune Pio, 14 ans, décide de reprendre le business sans mesurer les dangers encourus. Dardennien sur la forme (le filmage de dos, la détermination butée du héros qui crée un mouvement permanent), A Ciambra se réfère sur le fond au travail de Roberto Minervini (The other side) par son immersion au sein d’un corps social défini à qui il fait jouer (ou rejouer) certaines scènes de son quotidien. Les scènes familiales sont ainsi formidablement incarnées parce qu’elles sont vraies. Carpignano est moins à l’aise dans le registre de la pure fiction, notamment lorsqu’il s’agit de faire interagir Pio et un migrant africain qui veille sur lui. Mais l’essentiel est là, dans cette description brute d’une réalité complexe où la violence cohabite avec la tendresse.