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Les cigognes ne livrent plus de bambins, elles se sont reconverties dans le transport de colis plus classiques (téléphones, frigos…). Jusqu’au jour où la maladroite mais toujours motivée Tulipe, seule humaine à avoir grandi parmi les oiseaux suite à un gros souci de livraison, relance la machine pour répondre au rêve d’un petit garçon qui aimerait avoir un « petit frère ninja » tant il s’ennuie à jouer tout seul pendant que ses parents croulent sous le travail… Conception et éducation des enfants, gestion de la vie de famille et stress lié au boulot sont au cœur de ce drôle de film d’animation mélangeant des thèmes pas vraiment enfantins tout en se déroulant à 200 à l’heure, ce qui donne un résultat assez bancal. Le studio Warner Animation Group avait réussi son coup avec La Grande aventure Lego (dont les metteurs en scène Phil Lord et Chris Miller sont d’ailleurs ici producteurs), en parvenant à se moquer méchamment des dérives capitalistes tout en faisant rire les petits et les grands. On sent bien que l’équipe voulait renouveler l’exploit avec Cigognes et compagnie, en s’attaquant cette fois aux concepts de « famille parfaite » et de « travail épanouissant ». Malheureusement, l’ensemble est plus bordélique, et qui plus est visuellement agressif : dans une succession de plans rapides se croisent de nombreux personnages fluo, bavards et dessinés sans grande originalité. (...)
Pourtant, au milieu de cette frénésie se trouvent quelques séquences qui regorgent d’inventivité. (...) Une est particulièrement réussie, lorsque vers la fin du film, le duo et des pingouins –baby-sitters évidemment- se livrent un combat silencieux, pour ne pas réveiller le bébé à livrer. Bien pensée, la bataille muette fait du bien après tant de péripéties bavardes, et elle rend au passage un bel hommage aux slapsticks, à commencer par les Looney Toons, célèbres dessins animés télévisés de la Warner Bros. L’ensemble aurait mérité plus de moments calmes comme celui-ci pour qu’on ait le temps de s’attacher véritablement aux personnages, même si la toute fin, bien qu’attendue, parvient enfin à émouvoir.
Elodie Bardinet