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Dans son précédent film, Monrovia, Indiania, le documentariste Frederick Wiseman plongeait en terre trumpiste, avec un regard neutre d’observateur. City Hall, où il revient dans sa ville de naissance, Boston, obéit à une autre logique. La maestria de sa mise en images, de son récit au long cours des différentes actions quotidiennes des services publics de la ville reste intacte. Mais le choix de cette ville dirigée depuis 2014 par Marty Walsh n’a rien d’innocent. Wiseman s’y emploie à décrire un possible modèle anti-Trump en donnant à voir les succès d’une politique qui refuse le repliement sur soi, les coupes dans le budget public, le « marche ou crève » au nom du plus fort. Jamais d’ailleurs, il n’avait à ce point mis en valeur un individu au cœur d’un collectif, Walsh, homme abîmé par la vie qui a placé la résilience au cœur de sa vie comme de son action. Un homme providentiel pour un grand moment de cinéma politique.