Toutes les critiques de Dans La Vallée D'Elah

Les critiques de Première

  1. Première
    par Anne Akrich

    A l’heure où l’Amérique exorcise ses démons, Paul Haggis revient avec Dans la vallée d’elah, l’histoire d’un père (magistralement interprété par Tommy Lee Jones) qui part à la recherche de son fils militaire disparu depuis son retour d’Irak. Plus qu’un film de guerre c’est un film sur la guerre et ses effets sur la jeunesse américaine, elle se trouve d’ailleurs déplacée de L’Irak vers les Etats-Unis. Le propos reste subtil malgré un didactisme un peu pesant et une ambiguïté déroutante. Ici pas de discours larmoyant sur les victimes irakiennes mais un regard sans concession de l’Amérique sur elle-même. Et c’est bien au nom d’un patriotisme exacerbé que s’opère ici la dénonciation de la guerre.

  2. Première
    par Olivier de Bruyn

    Comme nombre de ses confrères, Paul Haggis a des choses à dire sur les contradictions mortifères de son pays, les Etats-Unis. Mais ce scénariste inspiré (...) ne sacrifie pas ses protagonistes sur l'autel du didactisme ou sur celui de la théorie en images. Le regard de Paul Haggis, calme et affûté, critique et sensible, imprègne le film d'une douceur paradoxale, d'une rage contenue et, ce faisant, d'une puissance émotionnelle hors du commun.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Isabelle Regnier

    Implacable, le scénario confère au film une certaine rigidité, qui est le propre des films à thèse. Mais il se distingue par l'intelligence avec laquelle s'y imbriquent la tragédie individuelle et la grande histoire. Non content de pointer la contradiction entre le code de l'honneur de l'armée et la manière dont celle-ci a encouragé la torture, Paul Haggis met à mal toutes les valeurs de l'Amérique conquérante, montre qu'elles vont de pair avec des fléaux comme la misogynie ou le racisme.

  2. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Sous la forme captivante d'un thriller policier, il dénonce les horreurs du conflit - en zoomant sur les blessures psychologiques invisibles dont souffrent les vétérans - et l'impasse irakienne dans laquelle, à ses yeux, l'Amérique perd son âme. Porté par un Tommy Lee Jones exemplaire, son réquisitoire résonne aussi comme le glas du rêve américain.

  3. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Paul Haggis, réalisateur de « Collision », revient avec ce second long métrage sur les fantômes de la guerre en Irak. Une guerre qui se livre sur le terrain armes à la main, et une autre tout aussi terrible, dans les cœurs. C’est le sombre constat du cinéaste qui nous fait traverser cette vallée d’Elah, aujourd’hui mésopotamienne, dans laquelle David tua le géant Goliath. Avec un très beau montage de Jo Francis, un choix des cadres d’une rare intelligence et une superbe direction d’acteurs, Tommy Lee Jones mérite amplement l’Oscar pour ce rôle, Paul Haggins nous livre un grand film sur cet autre voyage au bout de l’enfer qui n’en finit pas. Du cinéma qui peut aider les consciences, là-bas, chez l’oncle Sam.

  4. Télérama
    par Aurélien Ferenczi

    Vainqueur surprise d'un oscar pour Collision (2006), l'ancien scénariste de Clint Eastwood, accessoirement repéré par la presse américaine comme un « scientologue de gauche », entend démontrer que la guerre ravale l'homme au rang de bête. Certes, mais à la différence d'un Bruno Dumont qui, sur un thème similaire, sait prendre de la hauteur (dans Flandres), Paul Haggis reste scotché au ras du récit, encombré de ses gigantesques sabots.

  5. Fluctuat

    Avec L'Irak, Hollywood a redécouvert l'horreur de la guerre. A croire que les années 1980 lui avait fait oublier le Viêt-Nam, étrange. Quoi qu'il en soit, aubaine pour Paul Haggis qui tente sa chance avec Dans la vallée d'Elah, plutôt pour le pire que le meilleur.
    Après le racisme traité avec une finesse pachydermique dans Collision, Paul Haggis (nouvelle conscience tragique et morale de l'Amérique), veut nous parler de l'Irak. Immédiatement on prend peur, mais à l'arrivée le constat est moins pire que son premier essai derrière la caméra. Pas d'illusion pour autant, Dans la vallée d'Elah souffre à peu près des mêmes symptômes : volonté de grande oeuvre à chaque plan, tentative ampoulée de revêtir un classicisme façon clint Eastwood (dont il a signé les derniers scénarios), et surtout symbolisme pompier à tous les niveaux. Ici le récit se construit comme une enquête puzzle où Tommy Lee Jones (parfait), ancien militaire, tente d'élucider l'assassinat de son fils à peine rentré du front. Accompagné d'une jeune flic local (Charlize Theron), il avance vers la vérité avec une rigueur martiale promise à se fissurer tandis que le film suit scrupuleusement un scénario qui tente de privilégier l'immersion climatique (ambiance Tennessee) et une lente remise en cause des certitudes.Mais entre polar mou et film à thèse très tarte à la crème surfant sur les premiers retours des boys au pays (les têtes blondes se droguent, découvrent avec effroi l'horreur de la guerre et sa violence pour finir par s'y fondre, bref partis le « coeur pur » ils perdent leur innocence, merci du tuyau), Dans la vallée d'Elah est saturé d'un sous texte clignotant à l'adresse d'une Amérique post-naïve. Politiquement, Rambo était plus subversif. Dramatiquement, le film tente le mélo en semi réussite avec quelques beaux moments où l'histoire du fils s'infuse dans le père comme une révélation psychanalytique (avec l'image comme trauma, signe et révélateur). Certes, au final Haggis vise d'abord la tragédie filiale (et donc nationale voire universelle) tout en balançant sur la déshumanisation militaire et l'armée qui veut sauver les apparences. Mais en définitive, plombée par son allure démonstrative et une certaine grandiloquence, Dans la vallée d'Elah ressemble surtout à une tempête dans un verre d'eau. Dans la vallée d'Elah
    De Paul Haggis
    Avec Tommy Lee Jones, Charlize Theron, Susan Sarandon
    Sortie en salles le 7 novembre 2007Illus. © Warner Bros. France
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  6. Elle
    par Françoise Delbecq

    C'est un rituel à Hollywood: tirer à postériori sur les institutions, les blâmer pour manquement à leur devoir de protection et, via la corde sensible, opérer un mea culpa de masse. Rythmé par des clips retrouvés sur le téléphone portable du G.I. et tournés en Irak, autant dire que l'on voit les exactions par le petit bout de la lorgnette, ce thriller ne montre rien d'autre que des soldats qui rentrent au pays brisés, et que la guerre est une chose vraiment horrible. Est-ce bien neuf?

  7. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Dignet et déterminé, Tommy Lee Jones incarne avec force ce père blessé. Engagé comme un thriller avec théorie du complot, le film tient davantage du drame. Pour le cinéaste, signer une telle partition, malgré les difficultés, relevait d'un acte civique.

  8. Paris Match
    par Christine Haas

    Oscarisé pour Collision, Paul Haggis marche sur les traces de Clint Eastwood, dont il reprend le style pour ausculter l'Amérique par l'effondrement de ses mythes. L'exploration des relations père-fils, homme-femme, civils-miliaires brosse le portrait d'un pays divisé entre partisans et adversaires de la guerre, mais déchiré par une culpabilité collective.

  9. Pas facile de s’attaquer sans heurts aux côtés obscurs de la guerre en Irak. Paul Haggis ose aborder le délicat sujet des jeunes soldats américains en dérive au cœur d’une enquête complexe et sombre. Passé cette audacieuse idée, la réalisation s’avère un peu laborieuse. A coté de Tommy Lee Jones qui semble décidé à jouer les héros incorruptibles jusqu’à la fin de ses jours et Charlize Theron qui en devient exaspérante à force de toujours être dans le contre-emploi, Susan Sarandon demeure inexploitée pendant tout le film. La fin, un rien mélo vient mettre un terme aux souffrances du spectateur qui s’arrache les cheveux à force d’être bringuebalé d’un indice à l’autre avec un manque cruel de dynamisme.