Toutes les critiques de De bas étage

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Le résumé de ce premier long métrage (découvert à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs) tient en une phrase : Mehdi, un petit voyou trentenaire dont les cambriolages avec ses complices rapportent de moins en moins, tente de reconquérir la mère (Souheila Yacoub, épatante) de son petit garçon. Mais de cette phrase, Yassine Qnia - géomètre- topographe venu au cinéma en autodidacte via une poignée de courts métrages - tire un film infiniment romanesque dont la modestie revendiquée traduit avec superbe la pudeur de son personnage principal. De bas étage est la chronique d’une impasse annoncée. Où comment ce Mehdi qui veut tout contrôler dans sa vie comme dans celle de ses proches perd précisément peu à peu le contrôle et va être le dernier à s’en rendre compte. Nulle trace ici de spectaculaire tant dans la description des cambriolages que dans celle du quotidien d’Aubervilliers où se déroule l’intrigue. Yassine Qnia ne martèle pas les choses, il raconte simplement comment la précarité matérielle constitue la source de tant d’instabilités émotionnelles qui peuvent conduire à la délinquance dans cette banlieue populaire. Il ne juge pas plus qu’il n’excuse, il donne simplement à voir comment emprunter les chemins qui paraissent les plus simples – passer du temps avec la femme qu’il aime et leur fils qu’il chérit – se révèle impossible quand on est formaté par l’idée que tout « travail » normal rapportera moins et l’enfermera plus que l’illégalité. Le tout porté par un formidable acteur qu’on est heureux de voir pour la première fois porter tout un récit sur ses épaules : Soufiane Guerrab (Patients).