-
Avant de réaliser le remake américain de son film Gloria avec Julianne Moore, Sebastian Lelio (Une femme fantastique) se fait la main en adaptant le roman de Naomi Alderman, La désobéissance, avec deux autres stars de dimension hollywoodienne, Rachel Weisz (également productrice du film) et Rachel McAdams. Un premier film en anglais pour le réalisateur d’origine chilienne, mais une prolongation logique de l’étude d’un de ses sujets de prédilection : le couple interdit, désapprouvé par le reste du monde. Ici « les autres » c’est la communauté juive orthodoxe de Londres, rompue aux dogmes religieux, animée par une foi souveraine mais aussi par une nette résistance à l’évolution contemporaine des mœurs. Quand le rabbin Rav meurt, sa fille Ronit, réfractaire à ce monde dont elle s’est détournée, revient pour ses obsèques. Elle revoit Dovid et Esti, ses amis d’enfance désormais mariés et très pieux. Ce retour va pulvériser leur bel équilibre en réactivant l’attirance irrépressible entre Ronit et Esti, autrefois planquée sous le tapis au nom de la bien pensance. Ces retrouvailles vont les contraindre tous trois à une mutation morale. Si celle des femmes est relativement classique (assumer son identité profonde), la trajectoire de Dovid, le mari trompé, est plus captivante. Alors qu’il doit être intronisé rabbin, les remous lesbiens de sa femme vont le plonger dans un dilemme où ses certitudes d’homme saint vont être ébranlées. Mis en scène avec épure et tension, ce drame psychologique procure tous les frissons du feu sous la glace.