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Bonne nouvelle, Bruno Dumont réalise, avec Hadewijch,son film le plus accessible à ce jour. Pas au point de rameuter le public de L’Âge de glace 3, certes, mais la splendide austérité lyrique qui baignait La Vie de Jésus, L’Humanité ou Flandres cède aujourd’hui la place à une volonté de communiquer bien au-delà du cercle cinéphile qui a forgé sa réputation de grand auteur.
Toutes les critiques de Hadewijch
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Devant le nouveau film de Bruno Dumont, on ressent une plus grande confiance, comme si le volontarisme qui parfois entravait la beauté de ses films commençait à capituler. Le cinéaste baisse les armes de la trop grande puissance ou de la trop grande sécheresse. Il impressionne au contraire par la sérénité, le calme, l'équilibre d'une mise en scène assurée sans être préremptoire et de glissements fictionnels impromptus qui marquent l'étrange trajet de son personnage.
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Cannes n'en a pas voulu, Venise a hésité, mais finalement non. On voit trop ce qui gêne : Dumont filme magnifiquement bien, et avec la plus grande écoute, une fille qui se trompe. Et sa mise en scène refuse de la juger.
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(...) le nouveau Dumont n'est peut-être qu'un des plus beaux films de l'année, mais c'est déjà beaucoup de la part d'un cinéaste souvent écrasé par son statut de phénomène. (...) le film flirte avec une série de références tout en déployant son éclatant anti-naturalisme entre quelques lieux à la puissance inouïe.
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Captifs de l'amour, sacré ou profane, mais davantage encore de l'illusion d'avoir saisi intuitivement son essence, nous sommes invités par Hadewijch à réfléchir sur ce qu'implique, exige et veut dire : aimer.
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On ne pourra pas accuser le cinéma français, cet automne, de répéter toujours les mêmes formules, de ressasser les mêmes idées. Un film qui porte le nom d'une mystique flamande du XIIIe siècle et qui évoque la quête d'absolu d'une adolescente d'aujourd'hui, glissant du Christ aux bombes islamistes, il n'y en a qu'un. Hadewijch, de Bruno Dumont, tranche par son sujet comme par son style elliptique, parfois fulgurant.
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Derrière sa maîtrise formelle tuante, le film semble lui aussi hésiter : un coup Dreyer, un coup "Les Dossiers de l'Ecran", parfois béat, souvent inquiet. Dumont rature, réécrit par-dessus, semble tomber amoureux de son héroïne en cours de route et lui offre une dernière séquence d'un lyrisme apaisé.
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Le réalisateur prend son sujet à bras-le-corps et permet de découvrir Julie Sokolowski, actrice sensible dominant parfaitement un rôle délicat. L'intelligence de sa composition aide à comprendre l'itinéraire tragique de l'héroïne frappée de déraison.
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Un film est une entité globale qu'il faut considérer dans sa complétude. Une évidence, mais qu'il convient de rappeler avant d'aborder le nouveau film de Bruno Dumont. (...) Prouvant au final que, quand un auteur parie sur l'implication, la sensibilité et le libre-arbitre du spectateur, il remporte toujours la mise.
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La lenteur de la mise en scène est à la mesure du labeur d'un enlumineur d'antan. Pas facile mais merveilleux.
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Hadewijch est l'histoire d'un désir détourné dans la privation, d'un rêve de fusion charnelle si intense qu'il est canalisé sur l'amour d'un Christ impalpable.[...] Dans la droite ligne de son film précédent, Flandres, Dumont suggère la faculté à rebondir du péché au rachat, l'étreinte comme un rêve d'union. La mystique, pour Dumont, est une façon de "passer par les apparences du réel pour accéder à une autre dimension". Passer par la chute des corps pour faire apparaître l'âme. En ce sens, Hadewijch est un film rossellinien.
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Son [Bruno Dumont] film restera insupportable pour certaines et certains, car parcourir de grandes distances entre deux pics ne lui fait pas peur. (...) Hadewijch est un film qui se vit et se ressent hors du temps.
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Hedewijch est un film qui fait se joindre deux notions aussi contradictoires qu'elles peuvent être complémentaires, la foi et la naïveté. Et, à travers ces notions, Bruno Dumont porte un regard sur une certaine société déconnectée des réalités de la vie.
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« Il n’est pas nécessaire pour se rapprocher de Dieu de se détacher du monde » dit à Hadewijch, au début de cette magnifique histoire, une sœur portant l’autre voile… Bruno Dumont nous mène à la rencontre de ce monde-là, le nôtre, fait d’angoisses et de haines, d’amour et de guerres, de fanatismes religieux et de paix. Le cinéaste filme avec une grande justesse les jeunes générations face à la religion; la jeunesse des pays où les gens au creux des lits font des rêves, mais des rêves de moins en moins paisibles, de plus en plus tourmentés. Avec ce cinquième long métrage, Bruno Dumont confirme qu’il est un des plus grands cinéastes européens, qu’il fait une œuvre qui restera et s’inscrira dans le temps.
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Sans trahir son style lyrique et exigeant, Bruno Dumont signe un film plus accessible qu’à l’accoutumée, dont le suspens original se nourrit de questions métaphysiques. Il parvient ainsi à filmer la prière et l’extase tout en faisant monter la tension autour d’une héroïne inflexible dans sa foi, mais bien confrontée aux dissonances des autres, de la vie. Sans craindre de jongler avec les clichés d’une époque – islam, terrorisme, violence urbaine – ses images interrogent le sacré à l’écran.
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Servi par la rigoureuse intégrité propre au réalisateur de Flandres, le film cède néanmoins, dans son dernier quart d'heure, à la tentation liturgique, appuyée par des violons empathiques. Comme si Dumont se berçait soudain d'illusions. Il ne nous avait pas habitués à cela. Et on s'en passait très bien.
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Une illustration du pouvoir aveugle de la foi qui ne bénéficie qu’à moitié de la puissance visuelle habituelle de Bruno Dumont.[...] Malgré tout, Hadewijch emporte notre adhésion à plusieurs moments, grâce à une mise en scène sans fioriture, un sens du rythme étonnant allié à une progression du récit bluffante de simplicité et d’efficacité, et un humour inédit (les scènes entre Céline et Yassine) dans l’œuvre d’un cinéaste que l’on continuera à suivre avec passion.
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(...) ça ressemble trop à une dissertation pour être complètement du cinéma, et c'est bien dommage, parce que Bruno Dumont, à défaut d'avoir la grâce de Bresson ou de Cavalier, demeure un sacré filmeur.
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Malgré la composition pleine de grâce de Julie Sokolowski, on a du mal à croire à cette histoire. Il y avait quelque chose de métaphysique dans la mise en scène même de "l’Humanité" ou de "Flandres" qui, ici, fait défaut. Bavard, à la limite de la caricature, "Hadewijch", pour un film sur le rapport à Dieu, manque singulièrement de mystère. Jusqu’à un finale qui vient tout remettre en question, mais un peu tard.
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Où donc est passée la subtilité de Bruno Dumont ? Espérons qu'il retrouve très vite l'inspiration de la Vie de Jésus et L'Humanité, et sa capacité à formuler un point de vue.