Film à sketchs qui gravite autour de l’argent, le film suit le destin de gens qui viennent de gagner au Loto et regarde les conséquences globalement funestes de cet « heureux » hasard. Mijoté dans l’esprit de la défunte comédie italienne, et relevé par une galerie d’acteurs venus de l’humour qui apportent un supplément volcanique. Des quatre segments, on préfèrera le premier, la partie haletante du film avec un Fabrice Eboué hilarant qui se la joue Bruce Willis des calanques et assure la dose d’action de l’ensemble. Le sketch sur les terroristes islamistes est aussi abrasif, foutraque autant que provoc. Il rappelle un peu l’esprit d’un We are Four Lions, et fonctionne surtout sur l’abattage de ses acteurs. On aura compris que les réalisateurs Maxime Govare et Romain Choay s'inscrivent dans la lignée des Monstres de Risi ou des Nouveaux sauvages de Szifron, deux exercices de style sur le minable de l'âme humaine. C’est Risi qui affirmait : «Je déteste le moralisme et je préférerais toujours être cruel plutôt que de dire la "bonne" parole ou montrer la "bonne" attitude.» Les deux cinéastes sont les héritiers de cette philosophie, avec déluges de sales coups et mesquineries en tout genre. Surtout, ils esquissent un cinéma qui s'insère dans un socle varié : les séries B d’action, les films des années 70 qui flirtaient avec l'underground, l’horreur ou le fantastique, et la comédie trash et politiquement explosive. C’est forcément inégal, mais quand c’est réussi, c’est parfaitement réjouissant.