Première
par François Léger
Vous connaissez forcément sa trogne d’indécrottable voyageur, qui a fait son métier de se filmer autour de la planète, alors qu’il négocie avec les locaux un coin où passer la nuit. Antoine de Maximy passe pour la première fois à la fiction cinématographique avec J’irai mourir dans les Carpates, déclinaison de son émission phare, J’irai dormir chez vous (qui avait donné naissance en 2008 à un épisode sur grand écran : J’irai dormir à Hollywood). Le dispositif en reprend l’essentiel (deux caméras : l’une braquée sur son visage, l’autre pour filmer ses rencontres)… sauf qu’ici tout est faux. Le film s’ouvre sur l’accident de voiture de Maximy dans les montagnes des Carpates. Son corps n’étant jamais retrouvé, ses images et son matos sont rapatriés à Paris où sa monteuse, Agnès (Alice Pol), décide de terminer le docu pour lui rendre hommage. Mais plusieurs détails dans les vidéos laissent entendre que le routard aurait été assassiné… Un pied dans le cinéma traditionnel (les prises de vue dans le bureau parisien, insignifiantes) et l’autre dans le faux docu (plutôt aguichant, surtout dans certaines scènes semi-horrifiques), le film est compartimenté avec une discipline militaire et passe donc à côté de ce qu’on aurait aimé voir : un pur found footage façon Blair Witch dans les Carpates, sorte d’épisode maudit et inquiétant de J’irai dormir chez vous. Refusant d’entrechoquer le réel et le fictionnel, Antoine de Maximy a préféré le jeu de piste ludique et confortable. Beaucoup moins troublant, mais incontestablement divertissant.