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Une rareté. Un premier long métrage, venu du Nicaragua, pays qui a très peu – voire jamais – les honneurs du grand écran. Laura Baumeister y raconte la relation fusionnelle entre une mère et sa tout jeune fille, vivant au bord d’une décharge publique et tentant de gagner leur vie dans la vente des chiots. Et comme souvent quand on se trouve au bord de l’abime, un grain de sable suffit à faire tout dérayer. En l’occurrence ici un incident qui empêche la livraison prévue et oblige cette mère à se séparer de son enfant, confiée aux propriétaires d’une usine de recyclage du coin pour travailler avec d’autres gamins de son âge au traitement des ordures et qui n’aura qu’un but : retrouver cette mère sans savoir ni où elle se trouve, ni si elle est encore en vie. De ce point de départ à vous briser le cœur, Laura Baumeister ne verse jamais dans le chantage lacrymal. Pas plus que son film ne se vit et ne se voit que comme la caisse- enregistreuse de la misère à l’œuvre dans ce coin du monde. Grâce à la beauté de ses images qui contrastent avec la rudesse du propos. Grâce à son aisance à évoluer dans ce registre du réalisme poétique voire magique qui rappelle Les Bêtes du Sud sauvage. Le tout magnifié par la superbe BO de Para One, le complice habituel de Céline Sciamma.