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Pas besoin d’avoir lu le chef d’œuvre de Cormac McCarthy pour apprécier à sa juste valeur l’adaptation de La Route signée John Hillcoat. Là où Roland Emmerich tente de nous effrayer avec une apocalypse de SFX, Hillcoat nous flanque radicalement plus la trouille avec cette vision post-apocalyptique de la vie sur Terre. Kodi Smit-McPhee, la révélation de ce film, n’a rien à envier à Viggo Mortensen à qui il donne la réplique durant 2h. Le duo est poignant et criant de vérité. On est sur cette Route à leurs côtés et l’on vit ce film au rythme de leurs espoirs et de leur détresse. Prenez-là vous aussi, vous ne serez pas déçu.
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Si cette Route sinueuse, hésitant entre fable morale et épopée pragmatique à la Mad Max, devient son chemin de croix, une mélancolie inattendue perce néanmoins quelquefois. Malgré tout, l’alchimie entre Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee, ainsi que l’intense représentation d’un monde postapocalyptique monochrome rendent le film suffisamment captivant pour que le spectateur ne se retrouve pas reclus dans la même position que ces deux personnages, planqués dans les fourrés, témoins passifs de l’horreur en cours.
Toutes les critiques de La route
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le réalisateur a su idéalement retranscrire les descriptions du livre dans sa mise en scène, ainsi que par le biais d'une photographie exemplaire et magnifique dans le désespoir qu'elle doit souligner.
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(...) le film fonctionne comme un miroirs de nos peurs enfouies. (...) Bouleversant road-movie, La Route touche par l'intensité des relations entre Viggo Mortensen et le jeune Kodi Smit-McPhee.
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D'une justesse émotionnelle rare, Hillcoat termine son film sur une main tendue et un visage illuminé. Après l'horreur qui a précédé, La Route nous montre que l'homme, malgré ses faiblesses et ses penchants autodestructeurs, peut tenter de changer l'ordre des choses. Et parfois même y parvenir.
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En parlant d'un hypothétique demain, La route raconte ce qui nous guette aujourd'hui, non dans l'idée d'un "c'était mieux avant" mais dans celle d'un "évitons que ce soit pire plus tard". Sublimé par Viggo Mortensen plus charismatique que jamais, La Route vaut le détour, que vous ayez ou non lu McCarthy.
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par Yann Lebecque
La Route est un très grand film, où l'espoir subsiste au milieu de ce cauchemar si réaliste, naissant dans les échanges de regards poignants entre un père et son fils, dans cette transmission de valeurs qui semble encore possible malgré tout et qui tend à nous faire croire que, peut-être, alors, tout n'est pas perdu.
On ne peut s'empêcher de se féliciter de n'avoir pas lu le roman de Cormac McCarthy à la fin de la projection de La Route. Grâce à cet oubli impardonnable, on peut profiter pleinement du scénario (...) La Route tient donc la route comme long-métrage.
Adapté du bouleversant roman de Cormac McCarthy, ce film apocalyptique nous plonge dans le cauchemar qui pend au nez bouché de l'humanité. Si la réalisation est un peu plate, l'interprétation est saisissante.
A la fois voyage initiatique et métaphorique, conte moral sur la transmission des valeurs, road-movie post-apocalyptique fait d’horreur et portrait de l’humanité dans ce qu’elle a de pire. Le film est surtout une bouleversante histoire d’amour entre un père, prêt à tout pour protéger son enfant de la violence, et son fils, espoir d’un monde meilleur. Viggo Mortensen et son jeune partenaire, l’étonnant Kodi Smit-McPhee, sont d’une formidable justesse entre angoisse et tendresse. On ressort presque aussi dévasté du film que du livre.
Visuellement, la reconstitution de ce futur proche est époustouflante. (...) La souffrance physique des personnages et le jeu des acteurs sont à la hauteur de l'authenticité des décors gigantesques. L'interprétation de Viggo Mortensen suave cette production qui n'a pas trouvé son équilibre narratif.
A l’instar du roman, et en dépit de la tension permanente, il ne s’agit ni d’un film d’horreur ni d’un film fantastique. Le vrai sujet est ailleurs, dans l’amour de ce père et de son enfant qui n’ont pas d’avenir commun. Dans les tentatives de l’homme pour assurer son rôle de parent : nourrir, protéger, transmettre et peut-être tuer s’il le faut. Dans les valeurs qu’il transmet au garçon. « Tu seras un homme mon fils »... Mais comment rester un « gentil » même dépouillé de tout et conserver son humanité, dans un univers dévasté, livré à la barbarie ? C’est la question que pose ce voyage au bout de la peur et de la solitude. Dans d’impressionnants décors, un voyage éprouvant, beau et poignant.
(..) plus axé contemplation qu'action, le film s'adressera directement aux joueurs de RPG qui se projetteront dans le personnage de Viggo Mortensen (...)
Loin des représentations typiques du post-nuke (version Mad Max) des années 80, John Hillcoat opte pour une forme de réalisme fantastique qui prend littéralement aux tripes. Certes, le cinéaste nous offre bien un nombre conséquent de plans grandioses sur des villes dévastées, une horde d’hommes barbares et cannibales, mais il ne tombe jamais dans le piège du bric à brac typique du genre.Avec une force et une violence de sentiments incroyables, les personnages évoquent avec réalisme la mort, le suicide et la barbarie. Autant dire que les spectateurs venus chercher du fun en seront pour leurs frais tant l’ensemble est morbide et désespérant.
L'essentiel est dans la marche inflexible du duo père-fils, ombres maigres en guenilles. Croiser un vieillard (Robert Duvall) - l'aider ou pas ? Se ressourcer et s'alimenter dans un abri souterrain, riche en denrées, de quoi ressusciter, quelques jours, un peu de la vie d'avant. Se confronter à l'horreur suprême : une maison où s'organise un trafic humain. « J'élève mon préado dans un tableau de Jérôme Bosch », ce n'est pas tout à fait le programme auquel un papa de bonne volonté est préparé... Sur ce terrain de l'éducation, l'Australien John Hillcoat, signant son premier film américain, finit par passionner : à l'heure où l'humanisme de base est un souvenir, que faut-il inculquer à son enfant, au-delà du simple instinct de survie ? Un semblant de morale sans religion - le tabou, c'est manger l'autre -, une vague foi en soi, en la vie, en l'esprit humain. Pas gagné.
Sagement adapté du roman éponyme de Cormac McCarthy, prix Pulitzer 2007, La route de John Hillcoat développe surtout la relation entre ces deux héros hallucinés (...). Dans des décors gigantesques et déserts où chaque signe de vie peut-être perçu comme une menace de mort, ce duo fragile vibre d'une profonde humanité.
On s'en doutait, cette adaptation ne vaut pas l'extraordinaire roman de Cormac McCarthy, best-seller et prix Pulitzer.
Pour autant, John Hillcoat s'en sort très convenablement, tirant le meilleur parti des grands espaces désolés et gris où il a situé l'action. Il signe un film de genre typiquement américain - un survival - mais étonnamment peu hollywoodien, en dépit d'un recours à la musique vaguement hors-sujet. Méconnaissable, amaigri et habité, Viggo Mortensen réalise une performance éprouvante de réalisme, face à un jeune partenaire à la hauteur.
(...) au récit dépouillé de Cormac McCarthy, John Hillcoat répond par un film au didactisme trop répandu dans le cinéma américain. Là où les frères Coen avaient réussi à rendre une oeuvre aussi âpre que le roman original, le cinéaste australien joue les traîtres en adoucissant le texte qu'il adapte.
Visuellement, ce conte apocalyptique a la beauté sombre d'une odyssée crépusculaire. Sans toutefois égaler la force émotionnelle du récit de Cormac McCarthy dont il s'inspire.
Tiré du beau roman de Cormac McCarthy, le film est un cran au-dessous mais un cran au-dessus de la majorité des films post-apocalyptiques, type "2012") : il reste un récit qui penche plus vers la métaphysique que vers la science-fiction. Pas d’effets spéciaux, pas de batailles galactiques, pas de super-héros : Viggo Mortensen hante l’écran, et le film trouve avec lui une sorte d’équilibre zen.
Le réalisateur australien John Hillcoat a parfaitement compris le propos et le style du romancier texan, c'est un bienfait et une malédiction pour ce film souvent saisissant et pourtant victime d'une étrange faiblesse. (...) La Route, celle de Cormac McCarthy, celle de John Hillcoat, ne se perd pas dans le néant. Peut-être las du pessimisme de ses ouvrages précédents, le romancier a infléchi le cours de son récit, vers la fin du livre. A la lecture, on pouvait en concevoir un certain soulagement - comme si l'on recevait de bonnes nouvelles de l'auteur. A l'écran, cette concession à l'optimisme prend une forme plus gênante surtout vers la fin du film, qui édulcore ce voyage, le ramenant trop près des balises hollywoodiennes.
La Route ne peut jamais aller au-delà d'une sage illustration de la vision du romancier (...)Tout est là dans un sens, visuellement rendu palpable par la photographie de l'espagnol Javier Aguirresarobe, mais sans la tension hypnotique de l'écriture.
La musique sirupeuse n’arrange rien, adoucissant l’univers de McCarthy en frôlant le hors-sujet – la mauvaise surprise est qu’elle est signée Nick Cave. Alors que le livre était métaphorique et minimal, le film est trop littéral. La meilleure façon de le regarder est de se faire peur en s’imaginant qu’il s’agit d’un docu à peine anticipé (nous sommes tous des Afghans à Sangatte) sur la fin terminale proche de nos sociétés libérales avancées – “avancées” comme on le dit d’un fromage.