Toutes les critiques de Lake Tahoe

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Dans une ville portuaire quasi déserte, entre le bleu du ciel et la noirceur de la terre, surgissent des maisons blanches d'où ces personnages solitaires regardent passer le temps et contemplent les allées et venues de Juan. Du silence compact à peine dérangé par quelques dialogues émergent des scènes tragi-comiques qui disent, en filigrane, la fin de l'adolescence, l'abandon et l'attente. Ce deuxième long d'un Mexicain découvert à la Semaine de la critique en 2004 avec Temporada de patos distille une petite musique douce-amère à l'humour subtil.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    D'un accès peu évident car avare d'explications et construit en longs et larges plans fixes, Lake Tahoe met du temps à démarrer mais s'avère être un joli film, assez original. - Exprimez-vous sur le forum cinéma Juan cherche la pièce qui lui permettra de réparer sa voiture. Mais dans cette bourgade mexicaine écrasée de chaleur, la vie s'écoule lentement et il trouve surtout une étonnante et loufoque galerie de personnages. Remarqué au festival de Berlin où il a reçu deux prix (FIPRESCI et Alfred Bauer), Lake Tahoe prend son temps pour livrer des clefs de lecture. Heureusement, des respirations salutaires, grâce à un humour à froid doucement absurde, maintiennent la curiosité du spectateur laissé ignorant des motivations inconscientes du protagoniste. Dans chacun des larges plans fixes, découpés de façon horizontale, Juan trimballe un air buté et une certaine vulnérabilité. Avec lenteur, il rentre d'un côté de l'écran, sort de l'autre, et nous laisse contempler, derrière lui, des paysages où les vestiges d'humanité témoignent d'une existence en pointillée autant que d'absences. Le charme de Lake Tahoe réside notamment dans cette lente et troublante manière d'enregistrer le vide. Mais c'est seulement lors de l'émergence du thème caché, sciemment occulté par le réalisateur qui a choisi une forme épousant l'état d'esprit de son personnage, que s'impose une relecture gratifiante de cette mise en scène antonionienne. Les partis pris narratifs apparaissent alors pertinents. Le langage du corps, minimaliste, et les rares paroles du héros s'éclairent aussi à la lumière de cette information. Et l'on comprend mieux le choix de ces longs fondus noirs, utilisés en guise de transition, pour suggérer l'idée de mini-trous noirs, comme celui dont le héros a dû être victime pour réussir à emboutir la voiture familiale, en pleine ligne droite, contre l'unique réverbère d'une route large et peu fréquentée. L'ensemble peut alors se réinterpréter comme un rêve symbolique parsemé d'indices sur la psychologie du héros. Après avoir été bien dubitatif, on se dit finalement que Fernando Eimbcke est un réalisateur prometteur qui réussit un joli petit film, épuré et original.Lake TahoeDe Fernando EimbckeAvec Diego Catano, Hector Herrera, Daniela ValentineSortie en salles le 16 juillet 2008  - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil berlinale sur le blog cinéma- Lire notre histoire du cinéma mexicain

  2. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Une épopée dérisoire, voire anecdotique, quelques heures dans la vie d’un ado qui cache une souffrance tue, peu à peu révélée. Au travers de ses rencontres aux personnages bien croqués, il ne s’agit pas tant de réparer la voiture que de reprendre son souffle. Le style du film épouse à la perfection les états d’âme du jeune héros et sa subtile évolution. D’abord contemplatif, dans des paysages vides, plombés de soleil et d’ennui (longs plans fixes, écrans noirs, silences, personnages filmés à distance), Fernando Eimbcke introduit subtilement, presque en catimini, de la chair, des émotions, des pleurs, des échanges, marquant ainsi très finement le retour de la vie, l’allègement de la souffrance. Très stylé, très beau, des qualités au service de l’émotion.

  3. Paris Match
    par Christine Haas

    Fernando Eimbcke tourne avec des bouts de ficelle, des acteurs non professionnels et l'ambition d'une forme pure. Légèrement poseur et un brin ennuyeux malgré les touches d'humour, son cinéma contemplatif évoque les débuts de Jim Jarmusch et porte en lui la promesse d'un futur grand réalisateur de la nouvelle vague mexicaine.