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Le Ruban blanc, Palme d’or au dernier festival de Cannes, remonte à la source des maux qui ont transformé le monde dit « moderne » ; il opère formellement un retour aux origines du cinéma. Le noir et blanc hiératique, magistralement éclairé, la composition minutieuse des cadres, l’absence de musique, la pudeur avec laquelle Haneke suggère la violence derrière les portes fermées. Tout concourt à faire de ce film aux allures de cauchemar ordinaire une épure, glaçante et sublime.
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Le film donne surtout à voir une société incapable de satisfaire les âmes qui la peuplent. Et ce propos universel s'appuie sur une maîtrise formelle qui force l'admiration. Ciselées par un grandiose noir et blanc, les 140 minutes du Ruban blanc nous immergent avec autorité dans un idéal de profusion romanesque. Accueillant en son sein une foule de personnages et une quantité d'histoires intimes, ce village hanté par le pêché aurait aisément tenu la distance d'une série télé... Comme toujours chez Michael Haneke, Le Ruban blanc s'interroge finalement sur les façons de représenter l'asservissement et l'oppression qui rongent nos sociétés. Et c'est ici au moyen d'une vibration inespérée que le cinéaste renouvelle l'imaginaire de sa filmographie.
Toutes les critiques de Le ruban blanc
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce n'est pas à une partie de plaisir que Michael Haneke convie son public, mais à une leçon de grand cinéma. Palme d'or méritée à Cannes, Le Ruban blanc est un film à double tranchant: doux comme un oiseau avec ses paysages en noir et blanc, mais impitoyable quand il révèle les sévices qu'une société puritaine est capable d'infliger à ses membres.
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Oui, mille fois oui, Le Ruban blanc est un grand film qui peut brandir haut et fort sa récompense. [...] Rigueur du noir et blanc. Maîtrise impressionnante de la mise en scène. [...] Haneke se défend d'avoir symboliquement filmé l'éveil de la bête immonde décrite par Brecht pour figurer le nazisme. Il n'empêche. C'est bien de cela qu'il s'agit aussi. Et de brillante manière, si l'on peut dire.
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Lent et somptueux, ce film étrange se déroule dans la pureté éclatante de paysages qui semblent inaccessibles à la noirceur. Sorte de suspense permanent, où rien, à la fin, ne serait révélé vraiment. [...] Haneke filme magistralement la noirceur qui s'infiltre dans les coeurs. D'où elle ne s'évadera plus.
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Film après film - notamment dans La pianiste - Michael Haneke s'attaque aux envers des idéaux inatteignables et du désir de pureté.
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Michael Haneke filme sa réflexion sur l’histoire et la morale en noir et blanc – rien qui ne vienne distraire l’œil, donc – avec une rigueur magistrale. Le film (palme d’or au dernier Festival de Cannes) interroge la barbarie sociale et mentale : la violence s’exerce hors champ ou derrière des portes fermées. Et oppose à celle-ci la beauté : les cadrages somptueux saisissent l’apparente sérénité du village isolé. Le blanc du ruban est le blanc de la barbarie en germe.
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Le ruban blanc a ceci d'implacable que tout se met en place dans la douceur d'un noir et blanc cotonneux et l'atmosphère sur-réelle d'un romantisme froid. La violence s'insinue tel un fil invisible pour contaminer une communauté prisonnière de ses valeurs, où les innocents ont les mains sales et les yeux clairs. Une toile de maître !
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Michael Haneke, pas toujours aussi inspiré, n'a pas volé sa Palme d'Or à Cannes. Il fit souffler sur la Croisette le vent de l'esprit. Il serait bon que ces saines bourrasques décoiffent maintenant la France entière.
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Le Ruban Blanc, diamant noir, entre pureté et grâce qui dissèque les méfaits de l'éducation ultrarépressive dans un bourg paysan de l'Allemagne du Nord des années 1920.
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Michael Haneke signe une œuvre aussi remarquable que redoutable, nette et coupante comme une lame, opaque et dense comme un brouillard.
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Le ruban blanc n'est pas forcément le meilleur film d'Haneke ni son plus novateur. Sa réalisation apparaît même très classique. Mais il est néanmoins aussi actuel que la menace d'un cancer non dépisté. Cette critique est sombre ? Moins que le film.
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De fait, le vertige de l'innocence et la quête désespérée d'un âge d'or constituent in fine la seule source identifiable du mal. C'est en ce sens seulement que le film d'Haneke, refusant à son tour sa virginité chimérique de "ruban blanc", pense, condamne et expérimente, dans la rudesse parfois éprouvante de ses cent quarante-cinq minutes, toute forme d'oppression.
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Dans un noir et blanc sompteux et glaçant et des paysages à la August Sander, Michael Haneke peint une société réactionnaire composée de coupables et d’innocents lesquels pourront à l’occasion se montrer pires que leurs bourreaux. Dans à peine vingt ans, ces enfants si beaux, si blonds, aux yeux bleus et glacés, défileront au pas de l’oie en tendant le bras. Ce tableau saisissant de la société allemande avant le chaos nazi est un avertissement : la barbarie n’est jamais bien loin.
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Plus qu'une prophétie a posteriori sur le nazisme dont il aurait montré les prémices, Le Ruban blanc, film terrible et pourtant élégant, apparaît comme une espèce de préface aux horreurs de tout le XXe siècle.
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Esthétiquement, la démonstration se révèle particulièrement impressionnante, tout en austérité et glacial noir et blanc : on n'est pas loin du Village des damnés, merveille fantastique paranoïaque.
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Récompensée par la Palme d'Or au dernier Festival de Cannes, cette oeuvre en noir et blanc, à l'image magnifique due au directeur de la photo Christian Berger, revendique, par sa beauté formelle, sa science des plans, sa dimension psychologique et les poisons mortels qu'elle distille, sa filiation avec un Visconti, un Bergman, un Losey et même un Tarkovski, tant le film possède une puissance hallucinatoire à la limite du surnaturel.
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On est ébloui par l'esthétique glacée du film, son noir et blanc, sa lumière inquiétante. C'est brillant, radical, froid, implacable et oppressant.
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Filmée dans un somptueux noir et blanc, cette radiographie de la psyché allemande marquée par la violence des rapport humains, le poids de la religion et du puritanisme hypocrite fait froid dans le dos. [...] voici l'œuvre d'un cinéaste majeur qui interroge avec acuité les racines du mal à venir: le nazisme.
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Le film, au-delà de son ancrage historique, prend une pertinence particulière à l'heure où, via Internet et son immense forum d'opinion en continu, se constitue sous nos yeux une nouvelle entité morale prête à bondir et à juger, occupée à tendre des câbles virtuels pour faire trébucher les "méchants", répandant partout la rumeur et le soupçon.
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Noir et blanc somptueux rappelant les photos de l’époque, cadrages rigoureux à l’extrême, longs plans-séquences, absence de musique… « Le Ruban blanc », qui dure tout de même 2 h 25, est un monument d’austérité.[...] Ardu, passionnant et discutable, (il) mérite d’être vu. Ne serait-ce que pour s’empoigner à la sortie.
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D’où vient alors le léger sentiment de frustration que suscite cet opus du maître du cinéma franco-autrichien ? Techniquement, le film est irréprochable, avec une mention pour le superbe travail du chef opérateur qui a osé un noir et blanc dépouillé en osmose avec la tonalité sombre de la narration. Mais il manque ce supplément d’âme et de vertige qui faisait la force et l’originalité de Caché ou des Funny Games. Écrasé quelque peu par les conventions du film « historique à costumes », le cinéma de Haneke semble ici déconnecté de son cadre naturel et lorgne vers un académisme de bon aloi, là où l’on pouvait attendre davantage d’audace.
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Le projet en soi est pourtant passionnant, Haneke déployant un noir et blanc somptueux sur la campagne resplendissante d'Outre-Rhin, faisant jouer comme jamais son art scénographique à la fois calme et souverain. Pourquoi dès lors le film rebute-t-il tant, outre l'ennui qu'il dispense sans relâche durant ses interminable 2h25? La faute à la mesquinerie congénitale d'un cinéaste jouant du mystère comme d'un pur artifice lui permettant de rester dans l'ombre.
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(...) avec Le ruban blanc, le metteur en scène a choisi comme nouvelle expérimentation une certaine négation du cinéma, un déni du dialogue entre l'oeuvre et son public. La rigueur jusqu'au non-sens, la sévérité jusqu'au trop-plein, le noir et blanc comme purge, les visages atrophiés de personnages filmés comme des zombies : qu'importe finalement le flacon, pourvu qu'on ait l'horreur !