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La première partie du film peut séduire, jusqu’à ce que Sangsoo se mette en boucle, pour pérorer ad libitum sur la difficulté des êtres à communiquer entre eux. Les situations comiques et le marivaudage décalé, a priori charmants, se font alors pesants. Si le cinéaste coréen n’est pas Truffaut (la faute, aussi, à ce regard dans le miroir qui transpire le narcissisme), il est, peut-être, un Rohmer au très petit pied quand, sous ses frustrations égocentriques, arrivent à percer un rythme elliptique et une fragile mélancolie.
Toutes les critiques de Les femmes de mes amis
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La délicieuse dérision auto-référencielle de la première partie laisse alors la place à son reflet plus amer, plus profond aussi, sous la forme d'une quête existentielle au sein d'un triangle amoureux. Au centre de ce triangle, une femme étonnante, libre et insaisissable, qui fait promettre à Ku de ne pas s'inspirer de leur échec sentimental pour faire un film. Ultime pied de nez du malicieux Hong Sangsoo, savant alchimiste de l'intime dont voilà l'un des plus beaux films.
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Le “si tu savais tout” qui ouvre le film semble alors se prolonger et se conclure par un ironique “tu ne saurais rien”, tel un serpent qui se mord la queue, car le doute règne en maître sur ce conte métaphysique et trivial d’une lucidité moite et hallucinée effroyablement hilarante.
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On aurait évidemment tort de reprocher aux Femmes de mes amis de se complaire dans la description autarcique d'un micro- univers, un milieu artistique et intellectuel dont on devine que le cinéaste est proche. Car ce dont parle le film d'Hong Sang-soo est à la fois universel et particulièrement fin et subtil. Une forme de guerre des sexes, impitoyable et drôle en même temps, s'y déroule. Sa justesse, qui déclenche fréquemment chez le spectateur un rire dépressif, ne fait aucun doute pour quiconque se laisse happer par les mésaventures de son pitoyable héros, lorsqu'il ne s'identifie pas tout simplement à celui-ci.
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Passé maître dans l'art de décaler chaque situation ordinaire, il signe un autoportrait de bouffon égocentrique et un brin maso, pendant du récent Achille et la tortue, de Kitano.
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Nous n’avons jamais le fin mot de l’histoire mais c’est un plaisir de se laisser mener par le bout du nez dans ce jeu déroutant où le sexe, les rivalités d’ego, les jalousies, les frustrations peuvent à tout moment faire irruption et modifier la donne de départ d’une situation. Un jeu prenant, jubilatoire, dérangeant, émouvant aussi. Le tout filmé avec cette légèreté élégante et cette fausse nonchalance qui caractérise tous les films de Hong Sangsoo, un des cinéastes les plus vifs et passionnants de ces quinze dernières années.
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Il y a fort à parier qu'Hong Sang-soo a mis beaucoup de lui-même dans cet artiste égotiste, quadra englué dans l'aboulie. Le cinéaste coréen a le sens de l'autodérision. L'autoportrait est même singulièrement burlesque quant à son statut d'auteur, fier d'être reconnu par ses pairs, mais aussi lassé par son milieu, frustré de ne pas être adulé comme une star. C'est assez rare de voir un cinéaste du rang d'Hong Sang-soo se risquer à un tel sabotage ironique.
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On a souvent évoqué Bresson ou Ozu à propos du réalisateur coréen de "La femme est l’avenir de l’homme". On le rapprochera plutôt ici du Pascal Bonitzer de "Rien sur Robert" : mêmes dérapages absurdes, même acidité dans le comique, même passivité d’un héros soumis à des événements sur lesquels il n’a aucune prise. Si le film s’étire un peu, il réjouit aussi.
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Si la satire drôle et cynique du petit milieu du cinéma peut au départ amuser, le film tourne vite aux interrogations nombrilistes sans intérêt, ponctuées par des monologues abscons sur l’amour et les films.