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Au-delà de toutes considérations sur ce nouvel opus (le vingt-quatrième) d’André Téchiné, louons d’emblée cette façon - trop rare dans le cinéma français – qu’a l’auteur Des roseaux sauvages de faire du paysage un élément constitutif au récit. De cette capacité à inscrire ses personnages dans un territoire précis (ici les massifs des Pyrénées encerclent physiquement et dramatiquement les contours du drame qui se joue), la puissance cinématographique s’impose d’elle-même sans avoir recours au solennel. Tout débute par une déflagration en plein désert du Mali. David (Benjamin Voisin), jeune soldat en mission, est plongé dans le coma après l’explosion. Rapatrié en France, son corps endormi est veillé par Jeanne, sa sœur (Noémie Merlant) Il faudra bientôt réapprendre à se (re-)connaître l’un et l’autre, déconstruire une relation pourtant chargée d’un passé brûlant. Cette quête où les blessures à vifs obligent à ne rien dissimuler permet à André Téchiné une nouvelle variation autour du mystère des sentiments et d’explorer l’émoi d’une jeunesse dont il s’est toujours fait un observateur sensible. Il est ainsi permis de voir dans le personnage de Marcel (magnifique André Marcon), un double du cinéaste lui-même, présence à la fois grave et légère, à la recherche d’une vérité que seuls les deux protagonistes pourront l’aider à trouver. De cet échange affectif, vécu comme la recomposition d’une cellule familiale perdue, peut naître les plus belles promesses d’avenir. Mais pour cela, il faudra bien-sûr partir. Reconquérir un autre paysage. Un film de toutes beautés.