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Cinéaste de la démesure mais jamais de l’emphase, Wang Bing (À l’ouest des rails) a suivi pendant plusieurs mois trois jeunes soeurs livrées à elles-mêmes alors que leur père travaille à la ville. Sa force est de rester invisible tout en laissant deviner sa présence, discrète et bienveillante. La trivialité des gestes que répètent les enfants contraste avec la gravité de leur situation, et la fragilité de leur corps avec l’immensité des montagnes environnantes. Si bien qu’à l’approche du plan final, les voir poursuivre leur vie seules est un déchirement.
Toutes les critiques de Les trois soeurs du Yunnan
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Certes, son film est cruel comme peut l'être l'existence de ces fillettes. Mais le documentariste a-t-il pour rôle d'intervenir dans la vie de ceux qu'il filme ? C'est là le sens de la démarche humaniste de Wang Bing, rendre visibles ceux dont l'histoire ignore jusqu'à la présence.
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A sa manière habituelle, Wang Bing scrute patiemment cette réalité avec une sidérante ampleur du regard, une intelligence de ce qu’il filme, un sens inouï à faire surgir la douceur face à tant d’indigence et de rudesses.
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Après Le Fossé, Wang Bing (À l’ouest des rails) renoue avec le documentaire et nous fait découvrir le quotidien d’une petite Chinoise de 10 ans, à la fois scolarisée et travailleuse de force, dans un environnement pouilleux, boueux et venteux. Impressionnant.
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L'âpreté du film, qui n'élude rien de leurs conditions de vie moyenâgeuses, évite toute dérive misérabiliste par une sensibilité sur-aiguisée : les carences affectives ou matérielles dont pâtissent les petites filles ne ligaturent jamais leur immaturité que la caméra saisit tout du long avec une grâce rassurante.
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Une expérience poétique et sensorielle puissante.
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La morale de Wang Bing, du filmage monumental d’À l’Ouest des rails jusqu’au regard à hauteur de fillette d’aujourd’hui, reste la même, essentielle et belle. Quelle que soit l’échelle : filmer le silence pour ne pas abandonner ceux qui y sont relégués.
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Chez Wang Bing, il ne s'agit pas d'une enfance gâchée, mais de la cassure de l'enfance même. Derrière la réalité de l'enfance anéantie se dessine le chagrin enfoui de l'abandon. Cinéma pur.
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Absence totale de jugement moral, sens du cadre, du rythme, du récit, sens de l’humain surtout, Wang Bing est un grand cinéaste de l’ontologie, qui crée une histoire avec du réel (la définition même de la modernité), du romanesque avec des anecdotes et la seule aide de sa caméra.
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Dépaysement absolu. Impression de basculer dans un autre siècle, d'être loin de tout. Voici une Chine inconnue, la province reculée du Yunnan, à 3 200 mètres d'altitude. [...] la vie ne cesse de circuler. Au-delà du caractère aberrant de certaines situations, c'est bien un sentiment d'énergie qui domine.
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il faudrait moins parler de la beauté plastique des Trois Sœurs que de sa beauté organique : encore une fois, le documentariste ne cherche pas à s’imposer en esthète, mais à prélever directement une esthétique du monde – accidentelle et informe : vivante en somme.
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Une plongée vertigineuse dans une campagne chinoise reculée, au plus près de la vie d'une famille pauvre de paysans, par l'un des plus grands documentaristes chinois. Ce film époustouflant, porté par des images d’une beauté et d’une texture très particulières, transporte le spectateur (...)
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Un documentaire (...) qui capte avec un naturel touchant l'énergique résistance des trois soeurs contre une fatalité ingrate.
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Wang Bing n'arrive pas à imprimer la marque du temps (combien de jours a-t-il filmé?), et l'enchaînement des événements n'a pas la fluidité qu'il devrait avoir. On picore ici ou là, mais le souffle romanesque du documentaire n'y est pas.
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le réalisateur ne pose aucune dramatisation, laissant le spectateur sur la touche, livrant un (long) tableau qui ne touche pas vraiment.