Toutes les critiques de Montag

Les critiques de Première

  1. Première
    par Olivier de Bruyn

    Avec l’histoire de Nina, médecin confusément lasse de son existence a priori nickel Ulrich Köhler, dont c’est le second long, met en scène une errance paradoxale où l’héroïne croise, au gré de son itinéraire fugueur, des paysages inquiétants, des silhouettes hasardeuses, un grand hôtel fantomatique, et, surtout, ses propres indécisions et difficultés d’être au monde. Le cinéaste dynamite les carcans psychologiques, saisit les mouvements subtils de ses excellents comédiens dans de beaux plans fixes ultracomposés mais jamais formalistes, caresse les sentiments indicibles de ses protagonistes et suggère leurs failles intérieures. (…) Incontestablement, un garçon à suivre de près.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Montag est le second long métrage d'Ulrich Kohler, cinéaste issue de la récente nouvelle vague allemande. Il procède d'un mouvement d'observation que l'on pourrait dire scientifique et dont l'objet d'étude serait la cellule familiale. Dépassant les conventions, son regard bouleverse nos fictions quotidiennes pour que nous soit donné, à nouveau, de voir le monde.
    - Lire l'entretien avec Ulrich Kohler réalisé à l'occasion de la présentation du film à Paris cinéma.Montag kommen die fenster d'Ulrich Köhler confirme l'exigence précieuse et revigorante du jeune cinéma allemand. Le cinéaste considère la possibilité, avec son travail, d'ouvrir le champ d'une perception atrophiée par les conventions. Avant l'ouverture sur le monde qui caractérise la démarche documentaire, il s'agit d'ouvrir la norme, ou de la déconstruire, par le simple décalage du point de vue que l'on porte sur elle. C'est là le travail de la fiction. Ainsi, à rebours de l'histoire du cinéma qui part de prises de vues documentaires pour aller vers l'articulation fictionnelle de ces enregistrements, Ulrich Köhler semble indiquer que c'est la fiction de nos vies quotidiennes qu'il faut bouleverser aujourd'hui pour qu'il nous soit donné, à nouveau, de voir le monde.Montag kommen die fenster, le second long métrage du cinéaste, procède d'un mouvement d'observation que l'on pourrait dire scientifique, son objet de prédilection étant la cellule en tant qu'unité close. Cellule familiale sur laquelle se referme une maison, ces deux unités aux périmètres bien définis sont présentées en introduction telles que les conventions bourgeoises d'où elles viennent, et qu'elles sont chargées de représenter dans le film, les forment dans l'imaginaire collectif. Sur ces cellules donc, le réalisateur opère une soustraction qui les ouvre à l'extérieur et finalement à l'inconnu qu'une fois la convention dépassée, elles se révèlent être.Soustraction des fenêtres d'une part, dans l'architecture de la maison, qui fait du pavillon de banlieue en travaux une structure soudain poreuse aux coups de sort et qui, presque organique, n'est plus séparée de l'extérieur que par une fragile membrane plastique, sorte de peau sensible avant d'être protectrice. Les fenêtres donc, qui doivent arriver lundi (Montag kommen die fenster) sont devenues opaques et molles, elles ne permettent plus à la famille habitant la maison de voir venir les événements, de s'y préparer, ni de s'en protéger.Soustraction de Nina (Isabelle Menke) d'autre part, la jeune épouse de Marten (Hans-Jochen Wagner) et mère de leur petite fille qui, après la description sans emphase des rapports étrangement secs qui l'unissent (si l'on peut dire) à son enfant, sur un coup de tête, en pleine nuit, quitte le foyer familial. Pas de dispute, de grief, ni de mot définitif, la séparation n'est pas un geste qui veut porter un coup à l'unité qu'elle affecte pourtant. Il s'agit pour elle de prendre du recul et, en quelque sorte à l'instar du cinéaste, de voir (d'y voir plus clair ?) grâce à ce recul.Il apparaîtra donc que la vision à laquelle elle accède est plus déstabilisante qu'on aurait pu le croire, ce qui revient à dire que la conformité dans laquelle elle était enfermée est si loin de la réalité des désirs, des sentiments et des exigences existentielles de chacun, que le moindre écart est susceptible d'y creuser un gouffre, ou d'y provoquer une révolution.Montag
    Réalisé par Ulrich Kohler
    Avec Isabelle Menke, Hans-Jochen Wagner, Sülke Pierach
    Allemagne, 2006 - 1h28
    Sortie en salles (France): 22 novembre 2006[Illustrations : dr ASC Distribution]
    Sur Flu :
    - Lire l'entretien avec Ulrich Kohler réalisé à l'occasion de la présentation du film à Paris cinéma.
    - Voir aussi les fils Paris cinéma, réalisateur, acteur, actrice, sur Ecrans, le blog ciné