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Voilà un film qui redonne ses lettres de noblesse à l’adjectif déjanté. Un premier long venu de Belgique, patrie de C’est arrivé près de chez vous et Dikkenek, auquel il est impossible de ne pas penser devant ce Music hole qui partage avec eux une folie dure et un feu d’artifice de personnages tous plus perchés les uns que les autres. Tout part ici de Francis, un petit comptable bossant dans un cabaret miteux de Charleroi et amoureux éperdu d’une femme qui le lui rend de plus en plus mal et dont la vie sans histoire va basculer dans une autre dimension le jour où il fait une découverte macabre dans son congélateur. Comment en est- on arrivé là et comment Francis va se sortir du pétrin où il semble s’être mis bien malgré lui ? Le scénario va répondre à ces deux interrogations dans un jeu parfaitement orchestré de flashbacks et flashforwards, peuplé de rebondissements inattendus (et ce jusqu’à sa dernière image et la révélation du personnage qui accompagne tout le récit en voix- off) et dominé par un souffle burlesque et épique qui ne perd jamais de sa puissance. Il y a du Pulp fiction dans ce Music Hole (co- produit et distribué en France par Luc Besson) à travers cette capacité à aller loin dans l’humour trash et les situations a priori invraisemblables sans jamais perdre le fil global d’un récit ni se contenter d’un festival de vannes et de personnages si haut en couleurs que leur simple apparition à l’écran est synonyme de fous rires assurés. Gaetan Liekens et David Mutzenmacher déploient avec minutie une spirale infernale qui revendique ouvertement un mauvais goût un trash et un politiquement incorrect réjouissant, y compris dans la représentation osée – mais là encore jamais bêtement gratuites – des personnages féminins. Devant la caméra, les comédiens (Will Willaert, Vanessa Guide, Hande Kodja, Jason Chicandier…) – tous impeccables – s’en donnent à cœur joie dans l’outrance délirante. A l’écran, cet enthousiasme contagieux donne à Music hole les allures d’un film- culte en puissance.