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Nulle place ici pour un long temps d’exposition. Les trois héroïnes de Paradise is burning déboulent littéralement à l’écran. Sans faire les présentations. Une façon d’annoncer la couleur : ce qui compte pour elles, c’est ce qui se passe ici et maintenant et cette manière d’être toujours en mouvement, qu’elles volent dans un supermarché ou s’enfuient d’une piscine privée squattée avec leurs copines avant de se faire gauler. Elles sont trois : une ado, Laura et ses deux jeunes sœurs Steffi et Mira. Laura, l’aînée et la chef de famille car leur mère a quitté le domicile familial. Sans laisser d’adresse. Tout au long du récit, celle- ci sera hors champ. Celle dont il faut cacher l’absence pour éviter que toute la tribu ne soit éparpillée dans des familles d’accueil. Celle que Laura doit comme elle peut remplacer en protégeant et gérant les natures non moins explosives que la sienne de Steffi et Mira. Et ce à un moment de son existence où elle doit faire face à un éveil des sens inédits et gérer son cœur et son cœur qui s’emballe pour une voisine, première adulte à porter un regard enveloppant sur elle mais à l’attitude plus ambigüe qu’il n’y paraît. Mika Gustafson réussit ici à nous faire ressentir physiquement le vertige des sentiments contradictoires qui la balaient et manquent à tout moment de la renverser. L’énergie folle de l’entame du film n’avait rien de gratuit. Il donnait juste la de cette chronique trépidante qui n’a rien à envier à ces grands et beaux films (Nobody knows, Demi- tarif…) sur ces enfants livrés à eux- mêmes à cause d’adultes défaillants ou absents.