Toutes les critiques de Sinjar, naissance des fantômes

Les critiques de Première

  1. Première

    Dans la province de Ninawa, au nord-ouest de l’Irak, s’ouvre la plaie béante de la vallée de Sinjar, qui se raconte, incarnée par la voix de la comédienne iranienne Golshifteh Farahani. Là, le 3 août 2014, les forces de Daech déferlent pour commettre l'indicible. Dix ans plus tard, pour son premier long, Alexe Liebert adopte le dispositif classique du documentaire-témoignage, mais l’épaissit de photogrammes saisissants, de textes, de chants et de silences dignes, qui redonne une consistance à ces âmes survivantes, hantées par les fantômes des disparus. Consciencieuse, la caméra lie le macrocosme des paysages arides aux visages creusés par les larmes de Yézidis à la recherche d’une catharsis qui ne viendra jamais ; le tout dans une épure si sophistiquée, qu’elle verse cependant hélas parfois dans un formalisme inopportun.

    Chloé Delos- Eray