Toutes les critiques de Stefan Zweig : adieu l'Europe

Les critiques de Première

  1. Première
    par Vanina Arrighi de Casanova

    En 1936, un des plus grands écrivains allemands vivants quitte l’Europe. Partout où il se rend, on lui demande de réagir à ce qui se passe dans son pays. Mais Zweig refuse de prendre position et de s’exprimer sur le régime nazi. Beaucoup lui reprochèrent sa neutralité, et le film de Maria Schrader tente de la comprendre. Ce faisant, le film explore le rôle des intellectuels dans la vie politique et questionne la légitimité de leur engagement, sujet passionnant et intemporel que la réalisatrice semble avoir eu peur de tenir jusqu’au bout : dans ce cadre resserré sur les idéologies, les digressions sur la vie amoureuse de l’auteur de La Confusion des sentiments sont un peu moins captivantes. VAC.
     

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Frédéric Strauss

    L'auteur de Lettre d'une inconnue et de La Pitié dangereuse a beaucoup inspiré les cinéastes, jusqu'à Wes Anderson pour The Grand Budapest Hotel : Stefan Zweig (1881-1942) aurait pu avoir droit à un biopic de plus. Plus ambitieuse, plus originale, la réalisatrice et actrice Maria Schrader a préféré consacrer à l'écrivain autrichien un film méditatif, presque conceptuel. Elle y reconstitue quelques moments, en apparence anodins, des dernières années d'une vie que l'arrivée de Hitler au pouvoir a jetée sur les chemins de l'exil. Une réception à Rio de Janeiro, une autre, improvisée, dans une plantation, à Bahia, une discussion à New York, une balade à Petrópolis, la ville où Zweig se suicidera.

    Tout souligne la stature du romancier : on l'admire, on le flatte, on le sollicite, il est au centre du monde. Pourtant, c'est un fantôme. Epuisé par les voyages, déraciné, il n'a plus la force de faire la guerre à un monde en guerre. Ni de profiter de la vie sous le soleil du Brésil, qu'il appelle pourtant « le pays de l'avenir ». Avec l'appui décisif d'un acteur étonnant, Josef Hader, le film décrit un sentiment subtil : le détachement. Une note mélancolique que reprend chaque séquence, dans une cohérence stylistique parfois monotone. Mais cette insistance permet de montrer comment ce détachement se charge, peu à peu, d'une force délétère, tragique. Une belle compassion accompagne jusqu'au bout ce portrait d'un Stefan Zweig condamné. — Frédéric Strauss

  2. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    Ce sont ses dernières années que relate ce film guindé, qui ne parvient pas à en faire un personnage et ne nous apprend rien que nous ne sachions.