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Troisième volet de la triologie de Frédéric Schoendoerffer, Truands surprend. Peut-être pas dans le bon sens d'ailleurs. Cette peinture réaliste du milieu du grand bandistime manque curieusement de corps. Une intrigue plus présente (et sans doute moins réaliste) aurait-elle permis de mieux s'attacher aux personnages, aux gueules, qui composent néanmoins ce joli casting. Philippe Caubère survole l'ensemble avec une prestation troublante qui pourrait nous laisser penser que l'acteur est lui-même issu du Milieu. Sans doute une performance. Bien que central, son personnage ne parvient pas à donner plus de consistance à l'ensemble et même si ce tableau sombre s'avère inrtéressant, l'ennui n'est hélas jamais bien loin.
Toutes les critiques de Truands
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
Le cinéaste nous dépeint avec un réalisme boosté à l’adrénaline et à la coke le fonctionnement de ces malfaiteurs de l’humanité. Béatrice Dalle, Benoît Magimel, Olivier Marchal et le reste de la distribution ajoutent leur force de frappe à ce film paroxystique.
- Télé 7 jourspar Julien Barcilon
Glaçante, cette immersion coup de poing dans le milieu a de quoi vous mettre KO en dépit d’une direction d’acteurs qui, hélas, n’affiche pas la même poigne.
- Fluctuat
Les temps changent, le grand banditisme aussi, un certain cinéma français beaucoup moins. Avec Truands, Frédéric Schoendoerffer met tout son talent de cinéaste pour nous prouver ce double mouvement. Oubliez "Martin Scorsese" rec="0" et "Jean-Pierre Melville" rec="0".
- Vos impressions sur Ale film dans le forum TruandsQuelle forme ce cinéma français ! On ne se lasse pas de sa vitalité. C'est beau, quel pays, que d'artistes. Et puis tous ces comédiens, talentueux, originaux, et ces réalisateurs, quelle intelligence ! Vraiment, on a que la crème, le haut du panier. Tremble Hollywood. On est bien, au top, le cinéma c'est notre héritage, notre patrimoine, on peut tout faire, même du polar scorsesien, comme dans Truands, le dernier Frédéric Schoendoerffer. Ricanez face à ceux qui vous parleront de "Jean-Pierre Melville" rec="0" (Jean-Pierre) après avoir vu Truands. Ils tenteront de vous convaincre qu'il était le seul à savoir faire quelque chose de français avec le polar américain, mais d'un vous n'êtes pas dupe, de deux vous vivez avec votre temps... et aujourd'hui le polar français c'est Truands. Un bon film, réaliste mais shakespearien, violent et tragique, ancré dans son époque, une étude millimétrée des mécanismes du grand banditisme.Quel génie Frédéric Schoendoerffer, quelle vision. Melville, c'est vraiment un rigolo à côté, un fétichiste un peu monomaniaque. Le samouraï, Un flic, des films presque bressoniens, limite abstraits, non tout ça ne vaudra jamais Truands, le film. Un truc documenté, avec des scènes de tortures crédibles (à la perceuse), du sexe et pas mal de putes (de l'est), de la came et des arabes mafieux sombrant dans le fondamentalisme religieux et le recèle d'uranium. Attention film politique. On y croit, même lorsque Tomer Sisley tire à la mitrailleuse lourde dans un parking pour s'amuser. Et puis Schoendoerffer, Michael Mannisé pour l'occasion sur Agents Secrets, son sympathique et amusant film d'espionnage ultra stylisé (façon "Luc Besson" rec="0", en mieux), c'est le genre de cinéaste qui filme pas n'importe qui, n'importe comment et pour n'importe quoi. Un homme à sujet. Les acteurs le prouvent, quelle justesse, césarisons immédiatement Philippe Caubère (en parrain psychotique) pour son décalage improbable. Insaisissable, il est mieux que [people rec="0"]Joe Pesci[/people], facile. Et surtout célébrons Ludovic Schoendoerffer, éblouissant, il éclipse le casting à lui seul avec son amateurisme.Truands, c'est «Microcosmos chez les voyous» nous dit Schoendoerffer. Il faut le croire sur parole, la véracité du film, sa plongée au plus près du quotidien du grand banditisme, est indiscutable, c'est pas qu'un alibi pour masquer son vide (partout). Le «chaos» ça se filme de l'intérieur, comme un monde fermé (les flics, presque toujours hors champ), autarcique, animal, avec ses prédateurs, ses méthodes de survie, à coups de frics et de trahisons comme mobiles (uniques). Ça tourne, un vrai biotope darwinien, dans la mafia parisienne en pleine mutation, fini les bandits chevaleresques. Un bon documentaire quoi (ça tombe bien c'est à la mode), avec une belle intensité dramatique, linéaire, larvée, de l'intérieur diront les esthètes. Un film d'hommes finalement, avec tout le sérieux impérial nécessaire et des bonnes raisons d'y croire. Lors d'une scène Benoit Magimel regarde à la télévision un film de Schoendoerffer père (La 317ème Section), c'est dire si la filiation et la rigueur s'impose dans sa splendeur lumineuse et incontestable.Bien sûr il y aura toujours des rabats joie pour dire qu'il n'y a pas de scénario, mais, imparable, du tac au tac vous répondrez que «la vie défait les scénarios» (Mankiewicz), et comme Truands est un film réaliste, il ne cesse de défaire toute ambition scénaristique. Schoendoerffer c'est mieux que Miami Vice (pour l'absence du scénario) et Election (pour le microcosme mafieux et sa violence). En plus il y a Olivier Marchal (autre Michael Mannisé rigolo), caution des cautions de toute fiction du genre, notre flic et voyou national, mieux que "Alain Delon" rec="0" en son temps (parce que plus authentique). Et si on vous dit que c'est du niveau d'un téléfilm, moderne et rhétoricien aguerri vous répondrez que les séries (HBO surtout) sont d'un autre niveau que le cinéma aujourd'hui. Point de privilège américain que le cinéma français ne saurait récupérer, en mieux évidemment. Aucun argument ne résiste face au talent de Schoendoerffer, forcément cinéaste de notre temps. N'importe quoi ? Truands est une catastrophe, c'est ridicule, vain, complaisant, les dialogues sont impossibles, la photo hygiénique et la mise en scène inexistante ? Mais non, c'est du cinéma Français, du vrai, pas celui que personne ne voit et que tentent vainement de célébrer certains. Allez, ça suffit, suivant.Truands
De Frédéric Schoendoerffer
Avec Benoît Magimel, Philippe Caubère, Béatrice Dalle
France, 2006 - 1h47[Illustrations : © Eric Caro / Carcharodon]
Sur Flu :
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