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La forme très spéciale du récit rebutera sans doute de nombreux spectateurs. Mais elle se révèle riche de sens, et fait partie intégrante du sujet, très loin d'un numéro d'esbroufe gratuite. Cette mise à distance évoque évidemment la surveillance policière, la clandestinité, mais aussi toute l'opacité de ce genre d'organisation criminelle. A l'exact opposé du « dossier politique », le film sans dialogues de Jaime Rosales ne cherche pas à asséner des vérités, mais à épaissir le mystère, à montrer l'incompréhensible : le monstrueux au coeur de la banalité, la dérangeante normalité d'un assassin.
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Jaime Rosales, grand espoir du cinéma espagnol, signe un film énigmatique. Un film sonore (on y entend les bruits de la rue), mais sans parole. On voit un homme d'environ 45 ans, les gens qu'il rencontre, sa vie quotidienne. Il est le plus souvent derrière des vitres, celles d'un café, d'un appartement. On n'entend jamais ses conversations avec ceux et celles qu'il rencontre. (...) Pour désarmant qu'il soit, ce parti pris à l'éthique radicale intrigue, pousse aux supputations, force à la réflexion. Sans jamais donner de réponse.
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par Christophe Narbonne
Toutes les critiques de Un Tir Dans La Tête
Les critiques de la Presse
Cinéaste passionnant, Rosales aime extraire d’un quotidien banal la barbarie qui sommeille. Sur le modèle de son Las horas del dia, portrait « documentaire » d’un serial-killer, Un tir dans la tête suit les pérégrinations d’un quidam bien sous tous rapports dont on découvrira, à la fin, la monstruosité. Sans dialogues (ne subsistent que les bruits de fond), le film se révèle un exercice de style interminable dont la radicalité apparaît sans fondement véritable.