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Première
par Mathieu Carratier
Après sa trilogie anglaise (Match Point – très bien, Scoop – pas bien, Le Rêve de Cassandre – bien), Woody Allen poursuit sa tournée européenne et s’arrête en Espagne. Forcément, il fait tout de suite plus chaud dans son cinéma, qui délaisse sa récente obsession pour le thriller afin de parler de désir, de séduction et de ménage à trois. Vicky Cristina Barcelona (sans vouloir insister sur le titre, à ce rythme-là, Le Quai des brumes aurait pu s’appeler « Jean Nelly Le Havre ») commence sagement, entre dépliant touristique et voyage initiatique de deux Américaines un peu trop schématiques pour être honnêtes (Rebecca Hall, la brune tempérée ; Scarlett Johansson, la blonde délurée). L’irruption de Javier Bardem, en ibère lover définitif dont chaque phrase mériterait d’être encadrée, met vite le film sur les bons rails, ceux d’une étude de caractères en quête de vérité amoureuse et prêts à goûter à tout. Adultère, polygamie, saphisme : il y en aura pour tout le monde.
Au milieu de cet hymne langoureux à l’hédonisme trône une grande actrice, Penélope Cruz, dont chaque apparition crame la pellicule. Clope au bec, salopette couverte de peinture, hirsute, sexy, déglinguée, elle livre une performance incandescente qui risque de redéfinir tout le reste de sa carrière. Vous auriez le droit de ne voir le film que pour elle.
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Woody Allen, cru 2008 : Vicky et Cristina sont totalement opposées. L’une est blonde et fougueuse, l’autre est brune et sage. Un jour, les deux amies débarquent à Barcelone où un peintre beau gosse leur proposera un plan à trois, comme une fleur. Évidemment, la simplicité brutale prête à sourire et le manque d’enjolivement atterre un peu. On pourrait s’ennuyer ferme si les acteurs n’étaient pas aussi bons. Le registre de comédie New-Yorkaise, portée par Scarlett Johansson et Rebecca Hall (parfaitement neutre) se heurte à Javier Bardem (séducteur génial) et Pénélope Cruz (phénoménale). En si bonne compagnie, le temps passe alors agréablement.
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Première
par Jean-François Morisse
La sortie d’un Woody Allen est toujours, en France, un petit événement. Surtout lorsque le casting réunit Scarlett Johansson et Penelope Cruz dans un film dont on nous vend ici ou là la troublante et soi-disant torride sensualité. Difficile, pour un spectateur latin de résister à la tentation et c’est avec un plaisir aussi évident que coupable qu’on se rend en salles dans l’espoir d’être quelque peu émoustillé. Mais plus que de sensualité, il s’agit ici de passion. Des amours, certes croisées, dont l’intensité, grâce aux jeux explosifs de Javier Bardem et Penelope Cruz, suscite autant l’envie que la crainte. Pour les personnages mis en scène bien sagement, mais aussi pour le spectateur qui, fatalement, trouvera là l’occasion de s’interroger sur sa propre vie amoureuse. Vicky Cristina Barcelona n’est sans doute par ce que Woody Allen a fait de mieux, mais le film reste toutefois suffisamment attachant pour accepter de passer 1h37 en bien agréable compagnie.