50 Shades of Grey : pourquoi le film pourrait être meilleur que le livre ?
Un film plus adulte et provocateur
<strong>Dans le livre : </strong>Une histoire d?amour SM, sauvageonne mais quand bien même romantique entre un milliardaire et une oie sauvage : voilà ce que tente de nous refourguer le bouquin. Sur le papier pourtant, beaucoup de mignonnes petites attentions entre deux présentations polies aux parents de chacun. Et le SM dans tout ça ? A part une ou deux sessions fessées, un contrat papier un peu cru et des mains ligotées par une cravate, <em>50 Shades of Grey</em> n?assume pas (vraiment) son propos subversif.Pourquoi ? Parce que le livre se situe à mi-chemin entre le roman d?apprentissage et le roman pour adultes. <em>50 Shades</em> joue sur les deux tableaux. D?un côté il y a ce passage de l?adolescence au monde adulte, exploré à travers une ribambelle de premières fois (premiers pas dans la vie active, premier amour, première fois sexuelle?) et traversé par un humour très girly. De l?autre cette romance adulte, torride, sensitive, qui soulève mine de rien des sujets graves, comme une certaine forme de pédophilie au regard de l?histoire de Christian. Sans compter toute cette violence amoureuse dans ce qu?elle a de plus psychanalytique.<strong>En quoi le film pourrait être meilleur : </strong>Sam Taylor-Wood possède au fond une matière psychologique assez dense à modeler. Reste à voir si la réalisatrice enfoncera la porte ouverte de la comédie dramatique adolescente ou choisira la voie du film adulte, réflexif et psycho. Et puis il y a le passé artistique de Sam. Impossible d?ignorer son travail sur <em>Love you More</em>, un court-métrage dévoilé à Cannes en 2008 où la cinéaste/performeuse filmait l?appétit des corps de deux adolescents en proies à un désir carnivore. De même on se rappelle du court <em>Death Valley</em>, dans lequel un jeune homme avalé dans l?immensité de la Vallée de la Mort se masturbe dans l?un des endroits le plus aride au monde. Sam Taylor-Wood a définitivement le sang chaud. D?où cette érotisme sensible, métaphysique mais jamais vulgaire dans son travail.Reste que <em>50 Shades</em> passionne aussi bien la jeune étudiante que la mère au foyer quadragénaire (le roman est marketé « mummy porn »). La construction du scénario comme le ton choisi devraient avoir un impact non négligeable sur la cible. Difficile dès lors de livrer une adaptation qui couvre un aussi large spectre générationnel et d?obtenir la bénédiction des fans de tous âges.
Une héroïne moins gnangnan, un Christian plus présent
<strong>Dans le livre :</strong> Le roman est écrit du point de vue de l?héroïne. Pour le meilleur comme pour le pire. Des troubles psychiques aux désagréments physiologiques de la jeune femme, des monologues tantôt drôles tantôt pesants d?un personnage qui atteint des sommets dans la mièvrerie voire dans la misogynie, rien n?est épargné au lecteur. Car Anastasia renvoie cette image nauséeuse de la petite chose fragile qui fond en larmes pour un rien, râle contre son mufle de copain qui lui offre une Audi. Une fausse provocatrice qui veut jouer dans la cour des grands en titillant le mâle et le mal. Quant au mâle, parlons-en. Christian Grey, le milliardaire torride, le dieu grec au yeux gris et aux cheveux noirs, n?est abordé qu?à travers le regard d?Anastasia. Une mise à distance narrative d?autant plus frustrante que le personnage masculin est au fond plus intéressant que l?héroïne. Car c?est justement parce que la lectrice n?est pas dans la tête de Christian, que celui-ci est aussi énigmatique, fascinant et absorbant.<strong>En quoi le film pourrait être meilleur :</strong> On peut espérer en finir avec la psychologie adolescente qui tourne en boucle façon « je l?aime, mais en fait je sais pas car il est quand même un peu SM ». Et si Anastasia, la vraie, l?étudiante fraîchement diplômée, intelligente n?était au fond pas si neuneu que ça ?<strong> L'interprétation de Dakota Johnson</strong> s?annonce décisive, <strong>mais pas autant que celle de Jamie Dornan</strong>. Car depuis le début du projet, celui qui anime les passions c?est Christian Grey. Pourquoi ? Parce que la majorité des lecteurs de 50 Shades sont des lectrices et fantasment sur cet antihéros du XXIème siècle. Dès lors on attend de la mise en scène qu?elle rétablisse la place de cette icône dans l?intrigue. Le défi du film ? Accorder plus de place au personnage et <strong>donner au comédien irlandais</strong> la chance de lui donner une vraie consistance. Après tout le mannequin (pour Calvin Klein, Hugo Boss) - comédien (dans les séries Once Upon a Time, The Fall ou au cinéma dans Marie-Antoinette) est une page quasi vierge sur laquelle le spectateur (et surtout la spectatrice) pourra tout projeter.
50 Shades of Grey : pourquoi le film pourrait être meilleur que le livre ?
Porter à l?écran le roman le plus vendu au monde en 2012. Voilà le pari fou que s?est lancé la réalisatrice Sam Taylor-Wood (Nowhere Boy) en s?engageant dans l?adaptation sur grand écran de <em>50 Nuances de Grey</em>, le best-seller érotique de E. L. James. Un projet un brin casse-gueule, marqué par un processus de développement en dents de scie : réalisatrice méconnue, <strong>tête d?affiche qui prend la tangente</strong> (Charlie Hunnam), pression des studios, revendications des fans? Depuis le début cette adaptation semble mal barrée. Mais le re-casting rapide du personnage masculin (Jamie Dornan) semble mettre tout le monde d?accord, et laisse espérer : et si le film était finalement meilleur que le livre original ?Après tout le projet a quelques atouts en poche. La preuve par 4.<strong>De Laëtitia Pinon</strong>
Porter à l’écran le roman le plus vendu au monde en 2012. Voilà le pari fou que s’est lancé la réalisatrice Sam Taylor-Wood (Nowhere Boy) en s’engageant dans l’adaptation sur grand écran de 50 Nuances de Grey, le best-seller érotique de E. L. James. Un projet un brin casse-gueule, marqué par un processus de développement en dents de scie : réalisatrice méconnue, tête d’affiche qui prend la tangente (Charlie Hunnam), pression des studios, revendications des fans… Depuis le début cette adaptation semble mal barrée. Mais le re-casting rapide du personnage masculin (Jamie Dornan) semble mettre tout le monde d’accord, et laisse espérer : et si le film était finalement meilleur que le livre original ?Après tout le projet a quelques atouts en poche. La preuve par 4.De Laëtitia Pinon
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