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Ben Foster et Chris Pine jouent deux frères braqueurs de banque dans ce western contemporain rempli de bonnes surprises.

La vraie star de Comancheria est le scénariste Taylor Sheridan (révélé avec Sicario), dont le script a figuré sur la blacklist des scénarios les plus convoités à Hollywood avant d'être confié au réalisateur britannique David Mackenzie. Tout était déjà là : les personnages forts et détaillés, les situations engendrant leur propre dynamique, l'atmosphère pesante, les dialogues substantiels et colorés.

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C'est un film de braquage, qui rappelle aussi bien les westerns classiques que les films de la grande dépression des années 30. Le nom même des personnages -les frères Howard- est une référence transparente : Mr Howard était le pseudonyme de Jesse James, et lui et ses frères braquaient des banques pour nourrir leurs familles. Ils rappellent aussi John Dillinger, devenu un héros populaire aux yeux de tous les gens ruinés par le système bancaire et financier.

Ici, les deux frères braquent des petites banques de l'est du Texas selon un plan précis destiné à limiter les risques : ils ne prennent que l'argent des tiroirs, celui qui est intraçable. Ils sont bientôt poursuivis par deux Texas Rangers dont le plus vieux (Jeff Bridges) n'a pas l'intention de partir à la retraite sans un coup d'éclat.

Chris Pine est un acteur super

Cette confrontation classique est un lien de plus avec le thème westernien de la frontière, en tant que limite morale qui sépare les vertueux des hors la loi. Sauf qu'ici, la loi et l'ordre sont au service d'un système dégénéré, dont les effets toxiques ont engendré leur propre contrepoison sous forme de révolte. Et la sympathie générale va clairement du côté des braqueurs, comme le montre une scène révélatrice où les enquêteurs récoltent ce genre de témoignage auprès de la population: "J'ai juste eu le temps de voir quelqu'un voler la banque qui m'a volé pendant des années". Car les deux frères, ou au moins le plus raisonnable d'entre eux, obéissent à des buts qui dépassent la simple accumulation de richesse (ce qui ferait d'eux l'équivalent des banquiers). Leur plan est motivé à la fois par la revanche sur le système et une forme d'altruisme.

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Le Britannique David Mackenzie (Les poings contre les murs) assure la mise en scène avec les honneurs, aidé par des interprètes idéalement choisis. Chris Pine peut se réjouir d'avoir trouvé un rôle (celui du plus malin des deux frères) qui le met en valeur, et Jeff Bridges lui oppose toute la roublardise de sa considérable expérience. Le tout sur une BO de Nick Cave et Warren Ellis, qui n'ont plus besoin de prouver leur compétence dans le genre.

Après avoir été présenté à Un Certain regard à Cannes, en mai dernier, Comancheria avec Jeff BridgesChris Pine et Ben Foster sortira demain au cinéma. Bande-annonce :