Grand Tour
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Grand Tour

1918 à Londres un homme et une femme sont sur le point de se marier. Malheureusement le futur époux, fonctionnaire de l'empire britannique en Birmanie, a pris la tangente laissant sa promise sur le carreau. Ce Grand Tour est double. Un premier voyage, avec le personnage masculin. Un second, avec le féminin. Les endroits sont donc habités et retraversés deux fois. Belle idée narrative qui s’incarne concrètement dans le récit mais ne produit malheureusement pas grand-chose sur la carte du tendre.

Thomas Baurez
1 Ca arrive

Les jours se suivent et se ressemblent. Du moins, c’est le cas d’un petit commissariat de Marseille où se succèdent les témoignages d’agressions sexuelles : chaque jour, trois flics reçoivent plaignants et défendeurs au rythme des cris, des insultes, et des pleurs. Une routine morose aux airs de Polisse, si ce n’est que les personnages se révèlent bien plus antipathiques que ceux de Maïwenn.

Lucie Chiquer
3 La Bella estate

 Adapté du roman de Cesare Pavese Le Bel Été (publié en 1949), ce film historique prend place dans le Turin de 1938 où la dénommée Ginia commence un emploi de couturière après avoir quitté le foyer familial. Si le climat politique fasciste se fait lointainement sentir en arrière-plan, le principe du récit est précisément de montrer comment une émancipation féminine se fait jour dans un univers résolument masculin qui s’apprête à sombrer dans la tragédie.

Damien Leblanc
3 A holy family

Quel regard porter sur les lieux qui nous ont vus grandir ? Elvis Lu se pose cette question et décide de filmer le quotidien de sa famille dans la campagne taïwanaise après 20 ans d’absence. A Holy Family est plus qu’un voyage au cœur de la vie de paysans, c’est un regard sur la superstition qui les anime. Entre un frère médium et un père dont l’addiction aux jeux d’argent empoisonne tout l’entourage, la caméra capte les absurdités d’une famille cernée par ses croyances au milieu de paysages lumineux.

Bastien Assié

3 Animale

Dans Fragile, Emma Benestan lâchait Oulaya Amamra au milieu d’une bande de mecs sous le brûlant soleil de Sète. Si les prémices d’Animale sont identiques – même actrice, en femme parmi les hommes, endurant la chaleur du sud de la France – l’atmosphère ne pourrait être plus différente. Ici, loin de l’ambiance farniente de son premier film, machisme et patriarcat sont de mise : Nejma navigue le milieu très masculin de la course camarguaise. Un soir de fête avec ses potes, après avoir hurlé des chants paillards et s’être ingurgitée une bouteille de vodka, c’est le black-out.

Lucie Chiquer
Les Reines du drame d'Alexis Langlois
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Les Reines du drame

Si John Waters et Britney Spears avaient un enfant, elle s'appellerait Alexis Langlois. Et son manifeste, Les Reines du drame. Queer, esthète et potache, le jeune réalisatrice annonçait déjà la couleur dans Les Démons de Dorothy, un court métrage halluciné sur une apprentie cinéaste fan de bikeuses botoxées. Présenté pendant la Semaine de la critique, son premier long laisse présager ce que pourrait être le cinéma français de demain, scène prise d’assaut par une flopée de réalisateurs et de réalisateurs hors-normes et fiers.

En fanfare
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En fanfare

Le buzz enthousiaste qui a suivi sa présentation à Cannes ne mentait pas. Avec En fanfare, Emmanuel Courcol (Le Triomphe) confirme son aisance dans l’art du feel good movie émouvant mais jamais mièvre car toujours surprenant dans la conduite de son récit et l’écriture de personnages aux multiples facettes. On suit ici Thibaut, chef d’orchestre réputé qui, alors qu’il a besoin d’une greffe osseuse urgente d’un membre de sa famille pour guérir d’une leucémie, découvre tout à la fois qu’il a été adopté et qu’il a un frère, Jimmy dont il a été séparé la naissance.

Thierry Chèze
En fanfare
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En fanfare

Le buzz enthousiaste qui a suivi sa présentation à Cannes ne mentait pas. Avec En fanfare, Emmanuel Courcol (Le Triomphe) confirme son aisance dans l’art du feel good movie émouvant mais jamais mièvre car toujours surprenant dans la conduite de son récit et l’écriture de personnages aux multiples facettes. On suit ici Thibaut, chef d’orchestre réputé qui, alors qu’il a besoin d’une greffe osseuse urgente d’un membre de sa famille pour guérir d’une leucémie, découvre tout à la fois qu’il a été adopté et qu’il a un frère, Jimmy dont il a été séparé la naissance.

Thierry Chèze
Heretic affiche
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Heretic

Scénaristes du triomphal Sans un bruit puis réalisateurs du nettement moins apprécié 65 – la Terre d’avant, Scott Beck et Bryan Woods ont dû potasser leur sujet pour faire à nouveau événement et que ce thriller horrifique mâtiné de huis-clos psychologique contienne tout un versant cérébral et réflexif qui lui confère son originalité. Suivant deux jeunes femmes missionnaires de l’église mormone qui se présentent un soir dans une maison du Colorado pour tenter d’en convertir les habitants, le film prend un malin plaisir à faire de l’hôte de la demeure, M.

Damien Leblanc
4 Rabia

Ce fut le sommet du dernier festival du film francophone d’Angoulême. Un choc tel qu’on se demande encore quelle mouche a piqué le jury présidé par Kristin Scott- Thomas pour le snober aussi violemment au palmarès et ne lui accorder aucun prix. L’esprit de contradiction sans doute. Mais qu’importe, d’autres festivals ont su depuis récompenser depuis à sa juste valeur ce premier long métrage de Mareike Engelhardt. Celui- ci nous entraîne dans les pas de Jessica, une Française de 19 ans qui part avec une de ses amies pour la Syrie rejoindre Daesh.

Thierry Chèze
2 Les Tempêtes

Dans une campagne aux alentours d’Alger, une étrange poussière jaune alerte les populations locales. Un journaliste hanté par le meurtre de sa femme s’y intéresse alors que son passé refait surface. Discours métaphorique sur une Algérie torturée par ses morts, Les Tempêtes vacille entre le drame et le fantastique mais peine à trouver une intrigue. Chargé par des images de superstition et de deuil, il souffre d’une poésie trop présente où les personnages, pourtant pertinents, se perdent.

Bastien Assié

Prodigieuses
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Prodigieuses

Les prodigieuses qui donnent leur titre à ce premier long des frères Potier sont deux jumelles pianistes virtuoses intégrant une prestigieuse université de musique dirigée par un prof infect, prenant un plaisir pervers à créer une rivalité entre elles, alors qu’un autre mal bien plus sourd les ronge. Une maladie orpheline qui fragilise leurs mains et de fait leur avenir artistique. Le film touche juste quand il se concentre sur elles (Camille Razat et Mélanie Robert, impeccables) et le lien insécable qui les unit.

Thierry Chèze
3 La Passion selon Béatrice

Conçu comme un « documentaire itinérant », ce film hybride signé Fabrice Du Welz (Vinyan) montre Béatrice Dalle arpentant en 2022 l’Italie sur les traces du grand Pier Paolo Pasolini, cinéaste et poète décédé en 1975 auquel l’actrice française voue une admiration sans faille. Se livrant à cœur ouvert sur son amour pour la vie et l’œuvre de l’artiste italien, Dalle échange également avec le comédien Clément Roussier et avec des spécialistes de Pasolini, si bien que ce voyage devient aussi un portrait de l’actrice et de sa conception d’une existence engagée.

Damien Leblanc
Le Panache avec José Garcia
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Le Panache

A 14 ans, Colin fait sa rentrée dans un nouveau collège avec la boule au ventre. Conscient de la cruauté des ados de son âge, il angoisse de sa capacité à s’intégrer à cause de son bégaiement qu’il vit comme un handicap honteux… Jusqu’à sa rencontre avec un prof de français qui va le confronter à ses peurs en lui lançant le défi d’incarner Cyrano de Bergerac dans le spectacle annuel de l’école. L’ombre du Cercle des poètes disparus et de son professeur Keating aimant casser les codes au grand dam de son administration plane sur le nouveau Jennifer Devoldère (Sage- homme).

Thierry Chèze
2 Kafka, le dernier été

En ces temps de domination des biopics wikipediesques obsédés par raconter les personnes concernées du début à la fin de leur existence, ce film a le mérite de se concentrer sur les ultimes mois de l’auteur de La Métamorphose et son histoire d’amour avec une institutrice qui lui a redonné le goût d’écrire avant de sauver une partie de son œuvre qu’il lui avait demandé de détruire. Mais le récit est hélas à l’image de la mise en scène, trop sage, trop scolaire pour traduire les tourments et la complexité de sa personnalité.

Thierry Chèze
4 Direct action

Que sait-on de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et d’où nous viennent ces informations ? Des idées approximatives, des images montées (c’est-à-dire trafiquées) ? Voici avec quoi souhaite rompre Direct Action. En un peu plus de 3h30, les deux documentaristes montrent ces citoyens-activistes et leur rendent leur humanité en même temps qu’ils expliquent leur colère, leur mode de vie et d’action.

1 Le Choix

C’est l’histoire de Vincent Lindon avec un casque de chantier qui monte dans une voiture. Le logo publicitairement cadré indique qu’il s’agit d’une Renault. La mine des mauvais jours, les mains sur le volant, le justicier Lindon roule dans la nuit. Il doit gérer mille choses à la fois, bascule d’un interlocuteur à un autre au téléphone quand il ne s’adresse pas carrément à son père mort les yeux dans rétro, au cas où le fantôme du daron serait installé pénard sur la banquette arrière. Le Choix est un remake de Locke avec Tom Hardy. Voilà vous savez (à peu près) tout.

Thomas Baurez
3 37: L'Ombre et la proie

Un routier tourmenté prend en stop une femme enceinte qui cache un flingue et un lourd secret. C’est un premier long-métrage, un thriller à concept qui possède bien des fêlures de jeunesse (n’est-ce pas aussi parce que l’on sait que c’est un premier film qu’on se permet ce genre de phrase ?), mais dont le charme finit par opérer. Grâce au duo formé par Guillaume Pottier et Mélodie Simina (formidable en flingueuse en cloque et à clopes), bien casté et bien dirigé sur lequel repose toute la tension.

Sylvestre Picard
1 Piece by piece

Que demande-t-on d'un documentaire sur une star de la musique ? Evidemment pas de l'honnêteté (les artistes, ces grands trompeurs, etc.), mais sûrement un aperçu de leur talent, au moins de leur vision. Piece by Piece, production Pharrell Williams racontant sa vie, tente de faire passer pour une vision artistique (le film est en briques comme La Grande aventure Lego et ses dérivés) une sacrée série de lieux communs (quand on ne sait pas quoi faire, « il faut placer sa confiance en Dieu », par exemple), tout en passant sous silence pas mal de moments clés de sa carrière.

Sylvestre Picard
Diamant brut
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Diamant brut

Un timing des plus opportuns. Diamant Brut, découvert en compétition à Cannes, arrive au cinéma près d’un mois après la diffusion de la série Culte sur Amazon Prime. Cette dernière nous laissait sur une promesse, celle du développement fulgurant de la téléréalité en France après le succès de Loft Story. Le premier film d’Agathe Riedinger, lui, prend place dans sa phase terminale.

4 Mémoires d'un corps brûlant

« Enfin libre ! » pourrait être le sous- titre de ce film. Comme le cri du cœur de son héroïne Ana qui, à 70 ans, peut vivre détachée du diktat des différents hommes (père, frère, mari…) qui ont depuis toujours dirigé son existence et violenté son corps. Mémoires d’un corps brûlant s’ouvre sur cette femme nettoyant la poussière sur des cadres de photos qui vont constituer la colonne vertébrale des aller- retour entre ce passé cauchemardesque et ce présent de tous les possibles, dont celui de découvrir enfin l’orgasme.

Thierry Chèze
La Plus Précieuse Des Marchandises 37
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La Plus précieuse des marchandises

Michel Hazanavicius s’était juré de ne jamais réaliser de film sur la Shoah, se sentant incapable d’affronter la question à ses yeux insoluble de sa représentation par la fiction. Jusqu’à ce qu’il découvre donc La Plus précieuse des marchandises de Jean- Claude Grumberg. Et que cet ami d’enfance de ses parents glisse son nom pour porter à l’écran son œuvre. Une intuition gagnante. L’action se déroule en Pologne au cœur de la seconde guerre mondiale.

Thierry Chèze
3 Finalement

Ce film ne réconciliera en rien les anti- Lelouch avec son cinéma. Mais pour les autres, il marque un soulagement. Le retour en forme d’un réalisateur qu’on aurait pu croire définitivement perdu après deux films aussi vite vus qu’oubliés (La Vertu des impondérables qui n’avait même pas trouvé le chemin des salles et L’Amour c’est mieux que la vie) à des années- lumière des œuvres majeures qu’il a pu signer. Une œuvre comme un retour aux sources.

Thierry Chèze
2 La Vallée des fous

Alors que la faillite guette son restau et que son alcoolisme l’éloigne peu à peu des siens, un fou de voile décide, pour se reprendre en main, de relever un défi singulier. S’inscrire à la course virtuelle du Vendée Globe, mais dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin…Dans la filmo variée de Beauvois, entre des réussites aussi majeures que Le Petit lieutenant et Des hommes et des Dieux, cette Vallée de fous occupe une place à part.

Thierry Chèze
2 Une part manquante

Au Japon en raison d’une coutume juridique, de nombreux enfants se retrouvent, après un divorce, élevés par un seul parent, sans aucune possibilité de garde alternée. C’est de ce sujet que s’empare Guillaume Senez pour son troisième long après les excellents Keeper et Nos batailles.  Romain Duris y incarne Jay, un chauffeur de taxi français qui, après sa séparation avec sa compagne japonaise, a décidé de rester à Tokyo en espérant recroiser un jour sa fille dont il n’a pas pu avoir la garde.

3 Se souvenir d'une ville

Auréolé du César du meilleur documentaire pour son précédent film Retour à Reims (Fragments), Jean-Gabriel Périot s’intéresse cette fois au siège de Sarajevo qui a plongé entre 1992 et 1996 la capitale de Bosnie-Herzégovine sous les bombes et les assauts incessants. La grande originalité est ici de réunir dans un premier temps des images du siège filmées à l’époque par de jeunes cinéastes soumis à l’urgence et la sidération… puis de montrer dans une seconde partie ces mêmes cinéastes commenter leurs propres images avec trente ans de recul.

Damien Leblanc
4 No other land

« Vous qui entrez, laissez toute espérance... » Face aux humiliations que subissent les cisjordaniens par une armée israélienne dépourvue d’âme et des colons surexcités, difficile de croire en quelque chose. Depuis plusieurs années sous couvert d’un projet de lieu d’entraînement militaire, les Israéliens rasent les habitations de la communauté palestinienne de Masafer Yatta installée dans une majestueuse région montagneuse au sud de la Cisjordanie. Des expropriations violentes et expéditives qui défient les lois de l’humanité.

Thomas Baurez
3 Good one

Good one, voilà un titre qui dans l’entame de ce premier long, Grand Prix du Champs Elysées Film festival, sied parfaitement à son héroïne, ado de 17 ans, douce, discrète, arrangeante. Et la grande réussite d’Indiana Donaldson tient dans sa manière de raconter un moment de bascule. Cette goutte d’eau qui fait déborder un vase que nul n’avait vu se remplir, lors du week- end que passe Sam avec son père et son meilleur ami. Deux divorcés auto- centrés en pleine crise de la quarantaine dont elle se fait la confidente avec beaucoup de patience.

Thierry Chèze
3 Desert of Namibia

Elle a un carré court et un air revêche fixé sur le visage. Kana, une jeune Japonaise tout juste sortie de l’adolescence, semble errer perpétuellement dans sa propre existence. Entre les moments partagés avec ses deux amants — qui réussissent tous deux l’exploit de l’ennuyer —, et les situations cocasses que lui offre quotidiennement son métier d’esthéticienne, Desert of Namibia s’attarde tout du long à capter ces petits moments d’entre- deux, pas tout à fait amusants ni vraiment mélancoliques.

3 En tongs au pied de l'Himalaya

Le titre forcément intrigue. Mais il décrit pourtant à la perfection la situation vécue par son héroïne : la mère d’un enfant souffrant d’un trouble autistique (Eden Lopes, sidérant), perdue, désarmée, avec une certaine tendance à noyer ses soucis dans l’alcool au moment de passer la quarantaine quand, se séparant de son compagnon et sans revenu fixe, elle va devoir apprendre à vivre seule tout en enseignant l’autonomie à son enfant.

Thierry Chèze