Mélanie Laurent et ses Voleuses sont en couverture de Première
Netflix/Première

La réalisatrice et ses actrices (Adèle Exarchopoulos, Isabelle Adjani et Manon Bresch) se sont réunies pour une séance photo et un entretien exceptionnels.

Voici un extrait de notre rencontre exclusive avec les Voleuses de Mélanie Laurent, à retrouver en intégralité dans le numéro 545 de Première, en kiosque ce mercredi 25 et également disponible sur notre boutique en ligne. Le film sortira sur Netflix le 1er novembre.

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Un studio de l’Est parisien. Il est presque dix heures et tout le monde s’affaire pour un shooting exceptionnel. Les assistants mettent en place le fond blanc, déploient leurs éclairages, les stylistes s’inquiètent un peu (« Isabelle [Adjani] vient avec ses vêtements… Ça change tout ! »). Mélanie Laurent arrive la première. C’est la cheffe de bande. La réalisatrice et l’actrice principale de Voleuses. Douceur et énergie mêlées, elle donne le tempo à la matinée. 

« Quand vous m’avez proposé de faire cette photo pour la couverture de Première, je me suis dit : “Enfin !” Il aura fallu que j’attende vingt-cinq ans pour faire la une de ce magazine. C’est super ! Mais j’avoue qu’aujourd’hui, je suis surtout heureuse de le faire en bande, avec les trois filles, pour ce film-là. »

PREMIÈRE : Dans le film et pendant la séance photo, ce qui s’impose immédiatement, c’est votre complicité. Est-ce que Voleuses est né de cela ? Faire un film de femme qui réunirait quatre générations d’actrices aussi différentes que complémentaires ? 

MÉLANIE LAURENT : Je sortais du Bal des folles, un film féministe mais assez dur. Quand j’ai reçu la BD avec ces femmes en jogging, en train d’éliminer des types avec un cool absolu, j’ai tout de suite imaginé le groupe d’actrices que j’allais réunir. Et plus j’avançais dans l’écriture, plus je m’éloignais de la BD, et plus je me rendais compte qu’au fond, Voleuses allait être une nouvelle version du Bal des folles. Un autre film sur l’amitié, l’amour, qui navigue aux confins de plusieurs genres – la comédie, l’action, le drame, mais qui parle surtout d’un sujet essentiel : une femme puissante, indépendante, drôle et intelligente peut-elle trouver l’amour facilement ?

ISABELLE ADJANI : Ce que j’aime moi, c’est la fantaisie sexy que tu as mise dans ta réalisation et pour l’apparition de chacune d’entre nous. Ces quatre femmes sont toutes attirantes parce qu’elles se retrouvent dans ces types de situations irréalistes qu’on adore voir au cinéma. Et tu y es allée très fort !

Cela change quelque chose d’être dirigée par une réalisatrice ?

ADÈLE EXARCHOPOULOS : Que le réalisateur soit un homme ou une femme, ça fait rarement une différence pour moi.

MANON BRESCH : Pareil pour moi. Mais sur Voleuses, on parlait de filmer des corps, des moments de vulnérabilité… J’aurais sans doute eu plus de mal à accorder ma confiance à un réalisateur. La manière respectueuse avec laquelle Mélanie m’a regardée a, je crois, rendu possible cette aventure qui demandait un gros effort émotionnel et physique.

IA : Elles sont prêtes pour les JO, je vous assure !

AE : Le fait de travailler entre femmes est indéniablement plus propice à la confidence, à la douceur, mais aussi à l’euphorie. Le rapport de communication change totalement. Pourtant, et c’est le sujet du film, ça ne veut pas dire qu’on ne parle que de mecs et de vernis ! Il existe simplement une atmosphère plus sécurisante quand on est entre femmes – encore faut-il bien choisir celles qui t’entourent. La vraie différence ici, c’était d’être dirigée par Mélanie ! Pas seulement parce que c’est une femme, mais parce qu’elle est très entreprenante, constamment en mouvement. Elle finit un film, enchaîne avec un opéra, et entre-temps va voir des phoques en Antarctique. C’est épuisant ! Je ne sais même pas pourquoi elle vit sur une île : elle n’y est jamais !

IA : Elle nous fait croire qu’elle va à BelleÎle, mais on sait bien qu’en réalité elle est à Los Angeles ! (Rires.)

ML : Ah non, surtout pas là-bas !

IA : Plus sérieusement, j’ai une admiration no limit pour Mélanie. Le regard qu’elle pose sur moi me rend heureuse parce que c’est une femme qui aime vraiment les femmes. Il arrive que l’on tombe sur des réalisatrices misogynes. Et là, c’est un vrai supplice. Les femmes misogynes sont bien pires que les hommes misogynes !Mélanie, elle, sait comment vous magnifier. Elle se met au service de ses actrices plutôt que d’elle-même. Et c’est inestimable.

AE : C’est vrai !

IA : On arrive toujours avec notre part d’anxiété sur un plateau. Celle de ne pas être à la hauteur. Or les sentiments négatifs disparaissent comme par enchantement sur un tournage de Mélanie. Elle dirige tout sans autorité et ça, c’est un tour de force ! Elle va immédiatement transformer une erreur de texte ou une esquisse hésitante de son actrice en idée de mise en scène. Elle vous rend imperceptiblement coautrice de tout ce qu’elle met en place.

Vous parliez de Los Angeles. Mélanie, quand vous avez auditionné pour réaliser un film Marvel…

AE : Quoi ?! Attends, t’as passé des auditions pour un Marvel ? Je le crois pas ! Lequel ?

ML : Black Widow. Il y a des choses sur moi que tu ignores encore… 

Retrouvez notre entretien en intégralité dans le numéro 545 de Première, en kiosque le mercredi 25 octobre