L’auteur de The Lobster et Mise à mort du cerf sacré se paie l’interprète culte de Rusty James dans une œuvre courte et ambiguë dont lui seul a le secret. Nimic est présenté en avant-première à Locarno 2019.
Yorgos Lanthimos est de retour… Pour un court-métrage de 12 minutes. D’accord, on vous a un peu piégé mais le cinéaste revient quand même avec une petite bizarrerie tout droit sortie de son esprit tortueux qui a déjà donné naissance à The Lobster, Mise à mort du cerf sacré ou encore La Favorite.
Dans Nimic, Matt Dillon est un violoncelliste se retrouvant coincé dans une routine de vie qui semble le dépasser totalement : femme, enfants, métro, boulot, dodo. Dans un court teaser d’à peine plus de trente secondes, disponible sur le site d'IndieWire, le cinéaste distille une ambiance dérangeante portée par une musique distordue. Les plans se succèdent, enchaînant les saynètes difficilement déchiffrables car hors contexte, se recentrant sur le visage hagard d’un Matt Dillon visiblement à côté de ses pompes. Du pur Lanthimos.
Indiewire nous informe que Nimic sera présenté en avant-première au festival de Locarno qui se déroule en Suisse en ce moment. Selon le média américain qui reprend les dires de la direction du festival, le court-métrage est une "version raffinée et allégée de la fantasmagorie troublante [de son auteur]… Un petit thriller mais efficace se déroulant dans un décor simple et aseptisé avec, comme à son habitude, une intrigante structure."
De son côté, le cinéaste a affirmé : "Je suis content d’avoir eu l’opportunité de travailler sur un format court. Cela peut être parfois compliqué mais c’est vraiment gratifiant. Nous avons développé le scénario en partant d’une idée de départ vraiment intrigante et nous avons eu plaisir à avoir cette liberté de création durant la réalisation du film. C’est toujours excitant d’être invité à penser à autre chose et réfléchir à des idées stimulantes."
Matt Dillon, quant à lui, s'est confié sur son travail avec Lanthimos : "C’est rare qu’un réalisateur aussi établi que Yorgos fasse un court-métrage, je suis content de faire partie de cette aventure. Yorgos aime prendre des risques et donner au public quelque chose sur lequel gamberger. C’est une sorte de film surréaliste avec des thèmes très universels comme la famille ou l’identité. La structure est tel un puzzle, on n’est jamais sûr de ce qui se passe réellement. J’ai eu mes propres réflexions mais quand je lui ai demandé des réponses, il s’est contenté de sourire et de ne rien dire. Je pense qu’il préfère que le film parle de lui-même."
Pour les fans du cinéaste grec, malchanceux de ne pas pouvoir assister à la projection de Nimic, il va falloir prendre son mal en patience. En effet, il est très difficile de savoir où et comment sera distribué ce petit objet cinématographique : les courts-métrages diffusés dans les festivals de cinéma ont rarement une sortie officielle dans les salles par la suite.
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