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On avait salué Chekov sur le plateau de Star Trek Sans Limites.

Flash back : Anton Yelchin débarque sur le plateau avec son chien qui passera toute l'interview sur ses genoux. C'était en août 2015, à Vancouver, dans les studios où se tournait Star Trek Sans Limites, treizième film de la franchise SF (et troisième de la série rebootée depuis le Star Trek de 2009). Yelchin ne travaillait pas ce jour-là, mais il était quand même venu rencontrer les journalistes - les contraintes du métier.

Flash forward : Anton Yelchin est mort. Dimanche. Dans un accident de voiture. Il avait eu 27 ans en mars dernier. On s'est immédiatement souvenu de notre rencontre avec lui l'an dernier, et de sa réaction sincèrement modeste et enchantée quand on lui avait parlé de notre amour pour son rôle dans le film d'horreur punk Green Room. Mais on était là pour parler de Chekov, le jeune Russe de l'Enterprise, à l'accent aussi hésitant que ses gestes. Voici notre dernière rencontre avec un type simple, disponible et qui ne se prenait surtout pas la tête. 

Mort à 27 ans d'Anton Yelchin : l'un des héros de Star Trek écrasé par sa voiture

C'est donc ton troisième Star Trek. Qu’est-ce qui change cette fois-ci ?
Anton Yelchin : Je dirais que le groupe est encore plus soudé ; on est plus gentils les uns avec les autres. On a plus le temps de traîner ensemble quand on ne tourne pas. Comme un équipage en fait. On se connaît bien maintenant et comme on ne tourne pas à Los Angeles, c'est comme une colonie de vacances. On s'aimait déjà sur le premier film. Sur le troisième on s'aime encore plus. 

Justin Lin remplace J.J. Abrams à la réalisation, il vient de Fast & Furious... Ca change quoi pour toi ? Tu dois faire des scènes d'action impossibles ?
Il n'y a pas que ça. Le changement a commencé dès l'écriture avec Simon Pegg. Toutes ses idées étaient... wow ! Mais, encore plus que les précédents, ce film est très Star Trek : il mélange humanisme et humour. Tu parles d'action ? OK, il y en a plein. Normal. Mais la clef c'est vraiment l'humanisme. Et je peux t'assurer que Justin est précisémnt très bon pour gérer en même temps les énormes scènes d'action et capter des moments plus intimes. 

Les fans se sont habitués à ton Chekov maintenant ?
Les fans ont toujours été hyper cash avec moi, en bien ou en mal. Mais globalement ça a été. Ils respectent notre travail de reprise. Ca fait cinquante ans que la franchise existe. C'est forcément différent quand tu inventes un rôle et quand tu le reprends... Mais c'est une énorme responsabilité : Star Trek est un objet précieux qu'on doit respecter.

Tu es toujours le gamin de l'équipe, ou tu t'affirmes un peu plus sur cet épisode ?
Je me sens encore très jeune en tant qu'acteur. C'est vrai, je suis le plus jeune du groupe, le bébé quoi. Je suis plus jeune aujourd'hui que Chris (Pine) quand on a fait le premier film - moi j'avais 18 ans à l'époque... J'ai commencé tôt mais j'ai eu de la chance de ne pas commencer trop tôt. J'ai vécu un peu avant. Je n'ai pas été un bébé-acteur au sens strict.

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Ton jeu a changé depuis 2009 ?
Pour le premier,  j'imitais un peu trop Walter Koenig (NDLR : le Chekov d'origine). C'est vrai que je suis toujours un peu bloqué (grounded) par "mon" Koenig. Mais j'ai pas mal de liberté, en fait. J'ai compris récemment que plus je connaissais mon personnage plus j'avais de liberté pour le jouer à l'intérieur de ce cadre. On réutilise beaucoup, beaucoup de trucs de la série 60s. Des moments Koenig. Le contexte est différent mais l'accent est le même. (rires)

Justement, à l'époque, Star Trek reflétait la société de son temps. Ces nouveaux Star Trek le font aussi ?
Mais tous les films reproduisent leur contexte de création. Consciemment ou pas. La série télé, c'était la Guerre froide et le racisme, et les créateurs du show étaient très conscients de ça. Tout peut-être lu à l'aune de son époque - regarde la parano de la technologie qu'on toruve dans la série : ça aussi c'est très 60's. Récemment je suis allé voir une reprise d'Alphaville de Godard à la cinémathèque. On trouve les mêmes thèmes - et Eddie Constantine ressemble beaucoup à William Shatner. (Rires). Je crois que la peur de la technologie et l'humanisme sont les deux thèmes récurrents de tout bon Star Trek. Après, sur une production de cette taille, je ne sais pas si on affronte consciemment des problèmes de société, on verra avec le recul, dans quelques années. Mais ils doivent forcément pénètrer d'une façon ou d'une autre l'oeuvre terminée... (l'attachée de presse nous signale que l'interview doit se terminer pour une question d'horaire) Désolé, je parle trop.

Une dernière question : tu as pu demander des changements pour ton personnage ?
Non. Je respecte à fond le travail des scénaristes, quelle que soit la taille du film. Ce n'est pas dans ma nature de leur dire quoi faire, d'aller les voir en leur disant "hey les mecs, j'ai une super idée, voilà ce qui devrait arriver à Chekov..." Ou bien de leur réclamer de me développer une origin story sur... (un regard à l'attachée de presse) sur  mesure. Désolé, mais là il faut vraiment que je file.

Bande-annonce de Star Trek Sans limites, en salles le 17 août prochain :