Dans un entretien pour The Guardian, le réalisateur Jonathan Glazer (Birth avec Nicole Kidman) révèle qu'une première version de son Under The Skin avec Scarlett Johansson avait prévu un rôle pour Brad Pitt. Le roman de Michel Faber dont s'inspire le réalisateur, plus qu'il ne l'adapte, avait donné lieu à un premier script coécrit avec Milo Addica puis Walter Campbell, où l'histoire suivait un couple d'aliens déguisés en fermiers écossais. Brad Pitt avait signé pour jouer le mari, ce qui impliquait un gros budget. Mais Glazer ne se sentait pas prêt : "J'ai dit que j'avais besoin de plus de temps.Scarlett Johansson, solitaire et prédatriceFinalement, l'idée d'un mari fut abandonnée pour se concentrer uniquement sur l'alien incarnée par Scarlett Johansson, sillonnant les routes à bord de son van, guettant les hommes et attirant ses proies par sa plastique avantageuse afin de les dévorer. 100 pages du scénario furent gardées et 60 où elle ne jouait pas retirées. Le film cherche à représenter, avec le plus de pureté possible, la vision d'un alien sur notre monde. Glazer était obsédé par la manière dont la réalité pouvait être perçue par un nouveau regard. "J'aimais l'avoir dans ma tête. Trouver la logique, les images. C'est comme découvrir un alphabet, un langage, puis apprendre à écrire et enfin essayer d'en tirer de la poésie." Une construction de personnage qu'il a bien du mal à décrire : "Voilà pourquoi je n'aime pas les interviews. J'ai l'air d'un taré !Du documentaire dans la science-fictionPour parvenir à rendre son film le plus profond possible, il a décidé d'inséminer une touche presque documentaire à cette science fiction. Et ce, toujours à travers le casting. Les figurants/silhouettes auraient pu être simplement des non professionnels mais il a été décidé de capter des gens qui ne savaient même pas qu'ils étaient filmés ! Pour certaines scènes, le réalisateur et l'équipe étaient cachés à l'arrière du van de l'héroïne, explique-t-il. On imagine la surprise de ces passants qui ont croisé Scarlett en chair et en os au détour d'une rue...Un casting hors-normePour les personnages masculins plus importants, il s'agissait encore de créer un décalage entre les victimes et le personnage principal. La directrice de casting Kahleen Crawford nous en dit un peu plus sur leurs recherches vastes et assidues. Une seule tête un peu connue dans un casting atypique : Paul Brannigan, vu dans La part des anges de Ken Loach. Son personnage Andrew devait pouvoir danser librement. Ce n'est pas toujours facile de trouver des acteurs à l'aise avec la danse mais Brannigan leur a envoyé une vidéo dansant avec abandon dans son salon sur une musique très bruyante. Le sale type de l'histoire était un vrai challenge à cause de la principale caractéristique de ce personnage : "Nous avions besoin de quelqu'un qui soit un bon motard et qui pouvait conduire vraiment très vite. Nous avons cherché parmi des tas d'anciens champions. Nous sommes allés jusqu'en en Russie, en Ukraine, en Australie. Partout !"Celui qui incarne le bûcheron, Dave Acton, n'était pas un acteur mais le propriétaire de l'un des lieux du tournage. Ils lui ont fait passer de longues auditions, dont une journée en particulier où il a passé entre trois et quatre heures avec eux. Il avait une scène violente et difficile à tourner, même pour un acteur professionnel, et il fallait être certain qu'il puisse aller où Glazer voulait le mener. Kahleen Crawford est finalement contente du résultat et considère la scène très réussie.Comme on peut l'apercevoir dans la bande-annonce, il y a dans le film un personnage au visage déformé. Le réalisateur ne voulait absolument pas de quelqu'un portant des prothèses. Ils ont alors contacté l'association caritative Changing Faces pour expliquer sa démarche et convaincre ses membres de l'intégrité du projet. Ils ont accepté d'accorder leur aide pour faire circuler l'information et prendre contact avec des personnes handicapées. C'est finalement Adam Pearson qui a été choisi. Il a accepté de collaborer, ayant déjà été devant une caméra, notamment en participant à un programme télé. Là encore,le but n'était pas de tomber dans le voyeurisme, mais de "saisir du réel". Confronter une professionnelle à des amateurs et du documentaire à la science-fiction pour un résultat très esthétique, étrange et inquiétant, comme en témoigne la bande-annonce psyché d'Under The Skin, qui sortira le 25 juin 2014.