Il y a quelques mois, nous vous relayions l’information selon laquelle l'une des nouvelles affiches de Sin City : J'ai tué pour elle avait été censurée aux Etats-Unis pour cause de nudité. On y voyait l'actrice française Eva Green, qui incarne la femme fatale de cette suite, la fameuse "elle" du titre, dans une tenue transparente et en contre-jour laissant entrevoir sa poitrine. La MPAA (Motion Pictures Association of America) qui délivre les visas de classifications des films outre-Atlantique a même justifié son action en précisant que "la courbe du sein, l'aréole et le téton sont visibles à travers le tissu transparent". Si l'on avait pu être surpris par cette décision radicale au pays du port d'armes libre et légal, Sin City 2 et Eva Green n'étaient pas les premiers touchés par cette censure dont les limites restent toujours un peu floues. Même en France, le CSA notamment a souvent eu recours à son autorité pour faire interdire l'affichage de certaines publicités de films.
Ainsi, au fil du temps, plusieurs longs métrages se sont fait tirer les oreilles pour avoir été un peu trop "libertaires" quant à leurs communications. Que ce soit Querelle du grand Rainer Werner Fassbinder (avec le marin Brad Davis adossé à un phare phallique et tenant un couteau pour symboliser le sien, de phallus), L'Empire de la Passion du non moins grand Nagisa Oshima (dont le volcan en éruption représentait inversement un sexe de femme), ou Ave Maria de Jacques Richard (avec une Isabelle Pasco topless et crucifiée), tous ont eu droit aux foudres de la censure. Mais d'autres aussi, comme Milos Forman avec Larry Flynt qui a eu le malheur de mélanger les deux sujets les plus sensibles aux Etats-Unis (le sexe et la religion) pour une interdiction programmée. La cigarette est également devenue tabou sur les affiches depuis la loi Evin (datant de 1991), et plusieurs campagnes de films en ont souffert lors de leur exploitation française, comme Pulp Fiction, Coco avant Chanel, ou encore Gainsbourg (Vie héroïque), diffusé ce soir sur France 4.
Si Roger Avary a vu son affiche des Lois de l'attraction être censurée dans son pays car on y voit plusieurs peluches (symbolisant des enfants) en position peu catholiques, Jean Dujardin et Gilles Lellouche ont reçu le même sort en France avec leurs campagnes pour Les Infidèles et leurs fameux slogans "je rentre en réunion" ou "ça va couper, je rentre dans un tunnel". Enfin, si l'affiche hongroise de Shame a osé écrire le titre du film avec une typo "sperme" (censurée), d'autres communicants ont été malins et ont juste retouché leurs visuels, comme l'affiche de Millenium avec une Rooney Mara à l'origine topless (et censurée), qui s'est vue "recouvrir" la poitrine par la date de sortie du film, ou encore, l'équipe de C'est arrivé près de chez vous, qui a remplacé la tétine (censurée) explosée par un dentier (accepté). Car c'est bien connu, mieux vaut tirer sur un homme que sur un nouveau-né. Quand on vous dit que les limites de la censure restent un concept assez flou.
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