En 2011, l'immense Terrence Malick (La Balade Sauvage, Les Moissons du Ciel, La Ligne Rouge, Le Nouveau Monde) présentait au Festival de Cannes The Tree of Life, son cinquième film en 35 ans.C'est dire l'obsession qui habite le mythique cinéaste, son obsession des détails, son obsession de la précision absolue, son obsession de la narration éclatée, de la mise en scène épurée, en passant par le temps qu'il prend à créer ses films au fond philosophique et à la forme éblouissante, et les stars qui se bousculent sur chacun de ses projets.Pour ce cinquième film extrêmement ambitieux - l'histoire d'une famille sur un demi-siècle, le deuil d'un enfant, et l'influence (les fameux legs, bons et/ou mauvais) que peuvent avoir les parents sur leur progéniture, influence qui se répercutera bien sûr sur leurs vies d'adultes -, Terrence Malick a finalement touché le Graal : la Palme d'Or du Festival de Cannes en 2011, à l'occasion d'une des compétitions les plus relevées de ces dernières années, asseyant définitivement son statut d'auteur à part et son art aux yeux de tous, reconnu par tous. Enfin, "par tous"... Car en cinéaste absolu, exigeant et sans compromis, Malick ne peut laisser de marbre et, même lors de la présentation cannoise de ce magnifique long métrage, la critique avait été très divisée.Ainsi, lors de sa sortie, si Gérard Delorme était emballé par la magnificence du film et écrivait dans Première : "En liant l’infiniment grand et l’infiniment petit, Malick ne fait que proposer une solution mystique au deuil. On peut adhérer ou non. Mais il est difficile de nier la stupéfiante capacité du cinéaste à évoquer l’enfance d’une façon purement sensorielle, avec des moyens purement cinématographiques", à l'opposé, Eric Vernay tirait à boulets rouges sur le film : "Quelle déception. Avec Tree of life, Terrence Malick a manqué son 2001, l’odyssée de l’espace. L’épopée métaphysique du réalisateur des Moissons du Ciel, film star de la compétition cannoise cette année, ne comble pas la formidable attente qui s’était créée autour du film."Même Sean Penn - membre du trio de stars du film avec Brad Pitt (également producteur) et Jessica Chastain (dont c'était le premier film) -, qui se trouve être peu présent dans le montage final malgré près de deux mois de tournage, était mitigé sur le résultat, même s'il faut prendre en compte la déception du comédien de ne se voir que trois minutes à l'écran sur les près de trois heures du film : "Je n'ai pas du tout retrouvé à l'écran l'émotion du script, qui est le plus magnifique que j'aie jamais lu", déplorait-il à l'époque. "Une narration plus conventionnelle et plus claire aurait bénéficié au film sans nuire, à mon avis, à sa beauté et son impact. Franchement, je cherche encore à comprendre ce que je suis venu faire là-dedans et ce que j'ai bien pu apporter dans ce contexte ! D'ailleurs, Terry lui-même n'est jamais parvenu à me l'expliquer clairement. Mais c'est un film que je recommande, à condition d'y aller seul sans idée préconçue. A chacun d'y trouver une connexion personnelle, émotionnelle ou spirituelle. Ceux qui y parviennent en ressortent en général très touchés."Au final, quatre ans après sa découverte, que reste-t-il de The Tree of Life ?Un grand film, indéniablement. Un grand film qui, si on y est sensible, peut vous emmener dans une réflexion vaste et philosophique sur la vie, sur la création, à l'échelle du monde et de l'univers bien sûr, mais aussi et surtout à ce qui nous touche immédiatement : nos proches, nos vies, la famille nucléaire, comme un immense cycle universel influencé par tout ceux qui y participent.Un film exigeant mais qui peut paradoxalement parler à tous et qui fait grandir, qui éveille et qui émeut, qui fascine et qui émerveille.Un chef-d'oeuvre que vous pouvez voir ou revoir ce soir à 20h45 sur Ciné+Émotion, ne serait-ce que pour vous faire ou vous refaire votre propre idée sur l'un des films les plus importants de ce début de XXIe siècle.MLL'histoire de The Tree of Life : Dans le Texas des années 50, Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante et généreuse. La naissance de ses deux frères l’oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, puis à affronter l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient perturber cet équilibre fragile. Devenu adulte, Jack se remémore son enfance et se laisse envahir par les souvenirs du passé, alors qu'il s'apprête lui-même à devenir père.La bande-annonce de The Tree of Life, diffusé ce soir à 20h45 sur Ciné+Émotion :
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