Toutes les critiques de Citizen Dog

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Avec ses images colorées et exubérantes, ce long métrage du roublard Sasanatieng produit le même effet que la cuisine thaïe consommée sans avertissement : c'est relevé ! L'histoire est une fable sur la découverte de soi qui suit la rencontre d'un chauffeurde taxi introverti et d'une militante écologique obsessionnelle. Métaphores, péripéties, visions absurdes et personnages extravagants abondent au hasard d'un récit qui sillonne Bangkok sans cesser de passer de la réalité au fantasme. Amusant mais fatigant.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Entrez dans l'univers déjanté de Wisit Sasanatieng, l'un des chefs de file du cinéma thaïlandais contemporain. Pour un moment hors du commun, oubliez la logique et laissez-vous faire. Dans Citizen dog, la gravité au sens physique n'a pas toujours cours, et au sens figuré... jamais !
    - Vos impressions ? discutez du film Citizen dog dans les forums cinémaJeune thaïlandais, joli garçon mais tellement ordinaire, Pott a quitté sa campagne natale pour monter à Bangkok. Ville cruelle ! D'abord employé d'une usine de sardines, il se coupe l'index un jour de cadence accélérée, le perd dans une conserve, n'a de cesse de le retrouver dans les étalages de supermarchés, se fait un ami au passage. Puis il dit « zut » aux sardines et se retrouve assigné à l'ascenseur d'une multinationale. Là, il rencontre Jinn, jeune femme de service franchement maniaque et un peu illuminée, qui passe des heures plongée dans un petit livre blanc tombé du ciel jusqu'à ses pieds, écrit dans une langue dont elle ne comprend rien. La femme idéale quoi.Adaptant un roman de Koy Nuj, le thaïlandais Wisit Sasanatieng signe son deuxième long métrage après Les larmes du tigre noir en 2002. Issu de la publicité, il travaille le concept autant que l'image, partant de story-boards très précis, collaborant étroitement avec son chef décorateur, utilisant un procédé de colorisation pour obtenir un rendu éclatant. De fait, les couleurs flashent, les effets fantaisistes délirent, le magique pétille, l'imagination fuse, accessoires, mobilier et costumes nourrissant le style surréaliste. Plaisir pour les yeux, surprise souvent, et amusement ne manquent donc pas.Pintade de la farce, la vie moderne de Bangkok est première à se faire tailler un costard. L'organisation sociale écrasante, l'urbanisation à outrance, les manquements des parents, la pollution... Tout y passe, mais dans la bonne humeur s'il vous plaît ! Pas de misérabilisme ou de grisaille ici. Cernés de cadres simples à l'extrême, les personnages évoluent dans cet univers loufoque. Les doigts coupés y bougent tout seuls, il pleut des casques, les fantômes font taxi-moto, on érige des montagnes de déchets plastifiés, les personnages de romans-photos prennent vie, les ours en peluche aussi, les petites filles fument des cigarettes et ont des allures de starlettes, les amoureux transis appellent leur dulcinée à tue-tête en espérant dépasser les frontières du pays, les comédiens de feuilletons radio sont miniaturisés dans les transistors, les occidentaux s'appellent forcément Peter, et toute distribution de prospectus commercial est immédiatement assimilée à du militantisme écolo acharné... Belle créativité ! Capable de faire basculer le banal dans l'extravagance la plus complète, le quotidien dans l'extraordinaire, et d'extraire de la plus anodine normalité un concentré décidément hors normes.Abracadabrantesque
    Moralité : ne cherchez pas la logique de Citizen Dog. Il n'y en a pas. L'essence même du film réside dans l'absurdité qu'il développe, creuse, dissèque et revendique fermement. Les scènes se succèdent selon un ordre tout relatif, chaque micro événement étant prétexte à digression, généralement dans la direction la moins attendue. Procédé relativement courant dans les films asiatiques, l'organisation des séquences par vignettes quasi indépendantes et toutes intitulées rappelle également la structure narrative des films muets. L'hommage aux Temps Modernes de Charlie Chaplin n'échappera d'ailleurs pas aux cinéphiles. Critique du capitalisme forcené, des chaînes de production déshumanisantes, de l'exploitation de l'individu dans un but lucratif, Citizen dog utilise le registre burlesque à des fins similaires à celles du chef-d'oeuvre de 1936.Avec un sens poussé de la dérision, Sasanatieng greffe ainsi à l'intrigue abracadabrante une bonne poignée de grands thèmes universels. La politisation, les sectes, l'écologie, la quête de l'âme soeur, le sens de chaque vie, la foi et les croyances diverses, la poursuite de ses rêves et les illusions, l'aspiration au bonheur... Effectivement ça fait beaucoup, mais rien ne se prend au sérieux et le parti pris satirique est si affirmé que n'importe quoi passerait. Parce qu'en somme, Citizen Dog c'est du grand n'importe quoi, mais dans le bon sens. C'est-à-dire une création fantasque très personnelle, qui s'assume avec naturel.Citizen dog
    Un film de Wisit Sasanatieng
    Avec : Mahasamut Bunyaraksh, Sanftong Ket-U-Tong, Sawatwong Palakawong Na Autthaya.
    Thaïlande, 2004 - 90 mn
    Sortie en salles (France) : 23 août 2006
    [Illustratrions : © Europacorp]
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